Le transfert sauvage suivant la fin de la Deuxième Guerre mondiale n’est plus tabou
Le 70e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale a offert à la presse tchèque l’occasion de se pencher sur différents chapitres et événements qui y sont liés. Nous vous en présenterons un extrait. Un peu d’histoire, aussi, avec le sujet suivant qui se rapporte aux grandes festivités qui sont prévues pour l’année prochaine et qui seront liées au 700e anniversaire de la naissance de Charles IV, qui est perçu au sein de l’opinion publique comme le Père de la patrie et, à la fois, comme « le plus grand des Tchèques ». Les jeunes Tchèques et l’alcool, un sujet de société que nous avons également retenu. Deux notes sportives enfin, l’une revenant sur le championnat mondial de hockey sur glace de Prague et l’autre s’interrogeant sur les chances de la meilleure joueuse de tennis tchèque, Petra Kvitová, aux Internationaux de France.
Le transfert sauvage suivant la fin de la Deuxième Guerre mondiale n’est plus tabou
Dans un des derniers textes de la longue série de ceux qui ont été publiés dans le quotidien Lidové noviny en rappel de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’historien Jaroslav Šebek revient sur ce qu’il appelle « l’explosion des passions anti-allemandes », dont le pays a été à l’époque le témoin. Dans ce contexte, il écrit :« Les débuts du transfert sauvage correspondent aux premières heures de la paix retrouvée. Dans une atmosphère chaotique, les Allemands sont alors violemment expulsés de leurs foyers et on voit naître les premiers camps d’internement qui leur sont destinés. A Prague, les détenus et les civils allemands, parmi lesquels on peut voir à côté de nazis actifs des gens innocents, sont victimes de lynchage. »
Selon l’historien, cette haine anti-allemande a été le fruit du climat exacerbé régnant à l’époque dans la société et qu’il explique comme suit :
« Les gens avaient encore en mémoire les événements qui ont précédé les accords de Munich, l’occupation des régions frontalières, les humiliations et les traumatismes de la guerre. En hiver et au printemps 1945, beaucoup de gens ont pu suivre des scènes apocalyptiques en rapport avec des déportations vers les camps de concentration. Tout ceci n’a pu qu’attiser les émotions et la volonté de sa venger... Mais ce sont aussi les déclarations de certains représentants politiques qui ont radicalisé la situation. »Comme le rappelle Jaroslav Šebek, l’un des plus gros transferts a touché la ville de Brno et ses 20 000 Allemands environ, au cours duquel près de 1690 personnes ont trouvé la mort. Enfin, en se référant aux conclusions de la commission tchéco-allemande, il indique que le nombre total des victimes du transfert sauvage, qui allait s’apaiser dès l’automne 1945, est estimé à 30 000 personnes.
Des festivités grandioses prévues pour le 700e anniversaire de la naissance de Charles IV
A l’occasion du 700e anniversaire de la naissance de l’empereur Charles IV, des festivités hors du commun sont prévues en Tchéquie. Impliquant près de 150 événements, elles devraient s’étendre sur toute l’année 2016. Dans un entretien mis en ligne sur le site aktuálně.cz, l’historien Robert Antonín du Centre d’étude de la société et de la culture médiévale de l’Université d’Ostrava remarque à ce sujet :« Charles IV était et demeure aux yeux de notre population une figure charismatique. Voilà pourquoi même les représentants politiques d’aujourd’hui sont prêts à investir leur temps, leurs efforts et des moyens financiers pour s’approprier ne serait-ce qu’un brin du prestige dont Charles IV bénéficie au sein de la société tchèque. Force est en même temps de souligner que la réalisation des célébrations grandioses répond en premier lieu à l’intention de Charles lui-même, car on sait qu’il tenait à faire maintenir la mémoire de sa personne et de son règne. »
Pour l’historien Robert Antonín, la perception de Charles IV est double. D’un côté, à la base des concepts historiques de l’Eveil national, il a joué un rôle clé dans le processus de formation du nationalisme tchèque moderne, voilà pourquoi il est encore aujourd’hui célébré en tant que « Père de la patrie ». D’un autre côté, ce qui constitue un grand paradoxe, c’est qu’en édifiant, grâce à sa rude politique pragmatique, l’ensemble des pays de la Couronne tchèque, Charles IV a créé une entité qui n’était pas basé sur un principe national, mais sur un principe territorial. Il s’agissait alors d’un concept étatique qui n’avait rien à voir avec le concept national moderne tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Les Tchèques et l’alcool
Le penchant des Tchèques pour l’alcool est le sujet d’un article publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt. Il constate que selon les résultats d’un sondage effectué par l’Organisation pour la coopération et le développement économique, les jeunes Tchèques âgés de quinze ans ont plus d’expériences avec la consommation de l’alcool que la plupart de leurs confrères européens. Tout en supposant que les résultats du sondage ne sont pas basés sur des critères entièrement objectifs, Silvie Lauder admet :« Il n’y a aucun doute qu’il s’agit là d’une nouvelle preuve du rapport problématique des Tchèques envers l’alcool et du fait que nous faisons partie de ses plus grands consommateurs à l’échelle européenne. Depuis des années, les causes de cet état de choses sont pourtant connues : l’alcool en Tchéquie est accessible presque sans limites, il est bon marché, voir meilleur marché dans les restaurants que les boissons non alcoolisés et il est toléré par la société. En outre, les contrôles sur les mineurs ne sont pas efficaces et les infractions ne sont pas suffisamment pénalisées. »
L’auteur de l’article signale qu’une nouvelle loi qui a été soumise par le Ministère de la Santé propose plusieurs démarches en vue de ralentir cette tendance, dont des sanctions plus sévères pour les gérants de restaurants. En ce qui concerne la répartition de la consommation de l’alcool en Tchéquie par régions, c’est la Moravie du nord qui se retrouve en tête du peloton, Prague n’ayant pas un très grand retard pour la rattraper.
Le championnat de hockey sur glace a attiré un public peu traditionnel
Les pages sportives ne cessent de revenir sur le championnat du monde de hockey sur glace qui s’est déroulé du 1er au 17 mai à Prague et à Ostrava et d’analyser les différents aspects de cet événement sportif qui a amusé et passionné des centaines de milliers de fans tchèques. Dans un article publié sur le site idnes.cz, qui s’est intéressé aux données statistiques concernant non seulement le taux de visites, mais aussi le taux d’audience télévisée pendant le championnat, nous avons pu lire :« Au total, 7,4 millions de personnes ont suivi le championnat de hockey sur le petit écran. Ce qui est surprenant, c’est que sur la totalité des spectateurs, il y avait presque autant de femmes que d’hommes, soit seulement 71 000 femmes de moins, ce qui déjoue le cliché qui veut que les retransmissions sportives n’intéressent que les hommes. En outre, les données recueillies confirment l’intérêt particulier qui a été porté à cet événement sportif par les jeunes et les diplômés. »
Comme l’étude montre que le championnat a été peu suivi par les femmes de plus de soixante ans et par les hommes de plus de soixante-cinq ans, ainsi que par les gens n’ayant qu’une formation élémentaire, on peut en déduire, toujours selon le site idnes.cz, que « le hockey sur glace se présente, presque, comme un sport pour les jeunes intellectuels ».
Quelles chances pour Petra Kvitová à Roland Garros ?
En rapport avec le tournoi de Roland Garros, les chances des athlètes tchèques, dont en particulier celles de Tomáš Berdych et de Petra Kvitová, quatrièmes joueurs mondiaux chez les hommes pour le premier, chez les femmes pour la seconde, font l’objet de spéculations et d’analyses de journalistes sportifs. Dans un article publié sur le site aktuálně.cz, Aleš Vávra signale que les Internationaux de France vont offrir des batailles inoubliables, estimant que tandis que dans la catégorie hommes le favori principal est plus ou moins clair, la liste des candidates féminines s’annonce assez longue. Réfléchissant sur les chances de l’une d’entre elles, la Tchèque Petra Kvitová, il remarque :« Tout dernièrement, Petra Kvitová, 25 ans, a brillé au tournoi de Madrid qu’elle a remporté après avoir battu, pour la première fois dans sa carrière, l’Américaine Serena Williams. On peut donc se demander si elle a une chance d’obtenir également le titre à Paris. Selon les experts en tennis, la plus grande rivale de Petra Kvitová, c’est elle-même, car son éventuel succès dépend dans une grande mesure de sa condition psychique qui constitue presque l’élément le plus important de son jeu. Or, ce sont les premiers tours qui sont pour elle plus délicats et plus dangereux que les matchs difficiles des tours suivants. »
L’auteur conclut que le repos de deux mois que Petra Kvitová s’est accordée au mois de février, refusant de participer à plusieurs tournois, lui a décidément profité.