Le triste sort de Jaroslav Heyrovsky, prix Nobel de chimie
Ce jeudi, une plaque commémorative à la mémoire du chimiste Jaroslav Heyrovsky, premier prix Nobel tchèque, a été dévoilée à Prague. Le 27 mars, trente-quatre ans se seront écoulés depuis sa mort... Magdalena Segertova rappelle le destin de ce grand érudit.
Jaroslav Heyrovsky a dû attendre incroyablement longtemps, 37 ans, pour que son invention géniale soit appréciée à sa juste valeur. Mais commençons par le commencement... Après avoir fait, au début du 20ème siècle, des études de chimie, de mathématiques et de physique, Jaroslav Heyrovsky se consacre à l'électrochimie et travaille dans un laboratoire à Londres. En 1922, à 32 ans, il découvre une nouvelle méthode d'analyse électrochimique, la polarographie. Elle permet d'examiner des métaux, mais aussi de diagnostiquer certaines maladies, de dépister diverses matières dans le sang, elle est appliquée en criminologie et en pharmacologie. L'épouse de Jaroslav Heyrovsky a traduit ses oeuvres scientifiques en français, le chercheur a travaillé et donné des conférences en France et aux Etats-Unis. Après la Seconde Guerre mondiale, le scientifique devient directeur de l'Institut de polarographie de Prague, président de la Société polarographique de Londres et membre d'honneur de nombreuses universités étrangères. La gloire, le succès, l'argent, dirait-on. Mais cet image ne correspond pas à la réalité... Ce n'est qu'en 1959 qu'il reçoit le fameux prix Nobel. Il est âgé, souffre des problèmes de santé dus à l'intoxication chronique par le mercure. Il vit dans la pauvreté. Le régime communiste l'empêche d'accepter la somme financière qui accompagne le prix Nobel...
Sa plaque commémorative vient donc d'être dévoilée, mais la dette de reconnaissance des Tchèques envers cet homme exceptionnel est toujours énorme...