Le vieillissement de la population change doucement la société tchèque
Comme presque tous les pays du continent européen, la République tchèque voit sa population vieillir. Et comme partout, l’inversion de la pyramide des âges change lentement mais sûrement la société, dans la vie quotidienne comme dans la gestion des finances publiques.
C’est en se basant sur ce genre de statistiques que le gouvernement mène sa très impopulaire réforme des retraites, comportant notamment un volet de privatisation de la capitalisation, censé donner un bol d’air frais aux finances publiques.
La situation de retraité en République tchèque n’est pas toujours aisée. A Prague et dans les grandes villes, régions les plus concernées par le prix élevé du logement, de plus en plus de seniors ayant droit à la pension de retraite continuent de travailler. Ils étaient 230 000 l’année dernière, la plupart occupant des postes à temps partiel leur permettant d’arrondir leurs fins de mois tout en profitant un minimum de leur retraite. Porte-parole du ministère du Travail et des Affaires sociales, Štěpánka Filipová explique que l’Etat cherche à aider ces seniors qui ont besoin d’un coup de pouce financier :
« En ce qui concerne le financement d’une telle initiative, il est possible pour les employeurs de recevoir de l’argent de la part de l’administration. Cet argent servira à financer les dépenses de salaire lors de la création d’un emploi réservé à un homme ou une femme âgé de plus de 50 ans. »Toutefois, comme chaque évolution de la société, le vieillissement de la population peut amener son lot d’opportunités. En Moravie du Sud, un programme de formation a permis de donner à près de 1 000 chômeurs un emploi dans le service aux personnes âgées, un secteur qui se prépare à vivre un véritable boom économique.
Plus largement, dans tout le domaine de la santé, la demande augmente. Les ambulances par exemple, ne cessent de battre leur record d’activité, et doivent embaucher. En 2012, les missions ont été 54 000 de plus que l’année précédente, et la dynamique n’est pas prête de s’arrêter. Le médecin Ondřej Franěk en explique une des causes :
« Sans aucun doute, l’augmentation de l’activité des ambulances est aussi directement liée à la diminution de la capacité d’accueil des urgences, qui se traduit en général par la réduction de la disponibilité pour les soins primaires, et aussi souvent du nombre de lits dans les hôpitaux. On voit donc très souvent des patients sortir de l’hôpital et se faire ramener en ambulance dès le lendemain. »
Autre effet de l’inversion de la pyramide des âges, moins attendu celui-là, le monde de l’éducation pourrait être stimulé. Pour occuper leurs vieux jours, beaucoup de Tchèques décident en effet de retourner sur les bancs de l’école. Les universités du troisième âge, des cours leur étant réservés au sein d’universités classiques, fleurissent. Au total, ce sont près de 40 000 personnes qui en profiteraient déjà, et de plus en plus se montrent intéressés par l’idée de franchir le pas. C’est notamment le cas à la VŠE, école d’économie à Prague, où les cours d’allemand ou d’informatique remportent un franc succès. Et lorsqu’on interroge le professeur Zuzana Gelnarová sur ces étudiants pas tout à fait comme les autres, c’est le sourire aux lèvres qu’elle explique l’intérêt réciproque qui les lie :« L’ancienne génération se montre clairement plus intéressée par le fait d’étudier que les autres. Ils aiment venir ici à l’université et le font avec un enthousiasme certain. Ils ne sont pas pressés d’en repartir, je dirais même qu’eux ne cherchent pas à s’en enfuir. Il faut dire que pour un professeur, c’est plutôt amusant. »
Et puisque la vieillesse n’est pas nécessairement un naufrage, contrairement à ce qu’affirmait le général de Gaulle, les seniors sont les seuls en République tchèque à accorder assez de temps ou presque aux exercices physiques, d’après une étude qui souligne qu’un Tchèque sur 20 seulement bouge suffisamment dans la journée. A jeune entendeur, salut.