Le zoo de Prague confirme son rôle majeur dans l'effort pour sauver le cheval de Przewalski

Cheval de Przewalski, photo: CTK

Le retour des chevaux sauvages sur leur terre d’origine : mardi prochain le zoo de Prague organise le transport de quatre chevaux de Przewalski vers la Mongolie. Il s’agit d’une première historique pour le zoo de la capitale tchèque, qui a joué un rôle très important dans les efforts pour sauvegarder cette espèce qui a failli disparaître.

Cheval de Przewalski,  photo: CTK
Le zoo de Prague élève depuis plusieurs décennies avec succès des chevaux de Przewalski, qui n’ont survécu qu’en captivité depuis les années 1960. Ces chevaux robustes, brun clair, à la crête noire hérissée doivent leur nom à l’explorateur Nicolaï Mikhaïlovitch Przewalski, à qui on montra pour la première fois en 1879 ce cheval que les Mongols appelaient et appellent toujours « takh ».

Takh est également le nom de l’association française qui œuvre pour la réintroduction de ce cheval en Mongolie et qui a déjà envoyé une vingtaine de bêtes dans la réserve de Khomiin Tal, là où les trois juments et l’étalon du zoo de Prague devraient arriver la semaine prochaine après un long voyage dans un avion militaire tchèque. Le vétérinaire du zoo, Roman Vodička, a choisi Lima, Kordula, Cassovia et Matyáš pour ce premier voyage :

Roman Vodička
« Ces chevaux ont été sélectionnés après des consultations avec la partie mongole. Ils devaient avoir un patrimoine génétique qui soit compatible avec cette réintroduction et devaient également faire partie des plus jeunes. »

Le rôle du zoo de la capitale tchèque dans la sauvegarde du cheval de Przewalski est connu par tous les spécialistes étrangers, notamment parce que c’est à Prague qu’a été créé en 1959 le livre généalogique de l’espèce.

Jean-Luc Berthier est un des spécialistes du Muséum français d’histoire naturelle :

Cheval de Przewalski,  photo: CTK
« Prague est effectivement un zoo qui a été pionnier et est resté pivot dans la sauvegarde du cheval de Przewalski, en captivité d’abord, en particulier en créant et en maintenant le livre généalogique international (stud-book), qui a toujours été tenu à Prague et est tenu aujourd’hui par Evžen Kůs. Ce livre contient en fait tout le tracé, la généalogie familiale, depuis les premiers animaux arrivés de la nature qu’on appelle les fondateurs. Dans le cas de ces chevaux, il y avait 13 fondateurs, dont 12 sauvages – une jument domestique s’est mélangée à ça. C’est seulement à partir de ce livre qu’on peut faire des analyses génétiques et démographiques, pour calculer le taux de consanguinité, la représentation des fondateurs, enfin tout ce qui est nécessaire ensuite au choix des chevaux pour les appariements, en évitant la consanguinité. Ou plutôt en évitant qu’elle monte, parce que de toute façon il n’y en avait plus dans la nature depuis la fin des années 1960, donc pas question de rentrer du nouveau matériel génétique. C’est un cas extrême ce cheval, un cas extrême de sauvetage par les zoos et de réussite en plus dans leur réintroduction maintenant. »

Le cheval de Przewalski aurait-il pu être sauvé sans le zoo de Prague ?

« Difficilement… En fait il y avait une dizaine de zoos qui étaient moteurs depuis le début du siècle – le cheval n’a été découvert qu’en 1879. Ces zoos se sont coordonnés un peu d’une manière informelle et ensuite Prague a fait le travail essentiel du livre généalogique, sans lequel on n’aurait pas pu faire d’élevage raisonné et scientifique. »

Le transport des quatre chevaux de Prague vers l’Ouest de la Mongolie est donc prévu mardi. Pour le directeur du zoo, Miroslav Bobek, il s’agit d’une étape supplémentaire dans la lutte pour la survie du Przewalski et d’une occasion de montrer que le parc zoologique de Prague, qui fête ses 80 ans cette année, fait partie de ceux qui comptent en Europe et dans le monde.