A Milovice, les grands ongulés sauvages aident à préserver la biodiversité

Photo: ČTK

Les chevaux sauvages et les aurochs de Heck sont les nouveaux habitants de l’ancienne base militaire soviétique de Milovice, une ville située dans la région de Bohême centrale. Installés par l’ONG Česká krajina (La Nature tchèque), ces animaux devraient contribuer à préserver la biodiversité de cette steppe précieuse, estimée notamment en raison de la présence de différentes espèces végétales et animales en danger de disparition.

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Le terrain d’essai de Milovice représente l’une de nombreuses anciennes bases militaires en République tchèque où les activités de l’armée soviétique, présente sur ce territoire jusqu’à 1991, ont permis de conserver une riche diversité naturelle. Comme l’explique le directeur de l’organisation non-gouvernementale consacrée à la protection de la nature Česká krajina, Dalibor Dostál, la présence de la technique militaire a maintenu des écosystèmes précieux en préservant des plantes originelles de l’expansion des espèces envahissantes et en conservant ainsi un biotope adéquat pour de nombreux animaux en voie de disparition, dont notamment papillons, oiseaux ou coléoptères. Dalibor Dostál :

« L’un des plus grands problèmes de la protection de la nature repose sur le fait que le paysage naturel ouvert disparaît. C’est-à-dire que disparaît la biodiversité entretenue pendant des millénaires par des chevaux sauvages, des aurochs et des bisons et puis, pendant quelques siècles par des ongulés domestiques élevés à l’extérieur. Néanmoins, à cause des changements dans l’agriculture il y a une cinquantaine d’années qui sont à l’origine de l’enfermement des animaux dans les fermes, le paysage naturel a commencé à souffrir. Les espaces militaires représentent donc presque les seuls endroits où l’activité de l’armée a remplacé en quelque sorte cette présence de grands ongulés dans la nature. »

Pour lutter contre la disparition de ces lieux après le départ de l’armée, l’association Česká krajina a lancé récemment un projet visant à réintroduire dans la nature de grands ongulés en voie de disparition en République tchèque. Ainsi, une quinzaine de chevaux sauvages sont arrivés d’Angleterre en janvier dernier, et plus précisément des alentours d’Exmoor, soit l’une des dernières localités d’Europe où ces animaux vivent encore à l’état sauvage. En République tchèque, ces animaux vivront désormais dans une réserve de 40 hectares.

Aurochs de Heck,  photo: Henri Kerkdijk-Otten,  CC BY-SA 3.0
D’après Dalibor Dostál, le projet ne finit néanmoins pas avec la réintroduction des chevaux. Ainsi, un troupeau d’aurochs de Heck, des animaux de la famille des bovidés, exterminés en Europe au XVIIe siècle et reconstitués au XXe siècle par le biologiste allemand Lutz Heck, vient de s’installer à Milovice. Après un mois de préparation dans la station d’acclimatation, ces animaux venant des Pays-Bas seront lancés dans la réserve où ils assisteront les chevaux pour brouter la steppe. Dalibor Dostál en dit plus:

« Les chevaux se nourrissent d’herbe, tandis que les aurochs de Heck paissent notamment des buissons et des plantes ligneuses. La cohabitation des deux espèces devrait permettre la création d’une diversité naturelle. »

Les animaux à Milovice vivront dorénavant à l’état sauvage, sans intervention humaine. Pour mieux comprendre leur vie dans la nature, les biologistes étudieront néanmoins les relations entre ces deux espèces, ainsi qu’à l’intérieur d’un troupeau.

Mis à part son objectif principal, la réserve naturelle représente également une nouvelle attraction touristique :

« La localité est ouverte au public. A l’avenir, nous voulons créer une infrastructure pour les visiteurs, comme des tours panoramiques, pour que les animaux soient mieux visibles et pour que l’on puisse les voir à partir d’autres perspectives. »

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Le directeur de Česká krajina suppose aussi que les troupeaux vont bientôt grandir, comme le confirme le fait que toutes les juments sont actuellement gravides. Une première pouliche sauvage est même née la semaine passée :

« Le nombre d'animaux dans le troupeau devrait doubler chaque année. L’étendue actuelle de la localité n’est sans doute pas suffisante. Nous allons donc d’abord élargir le terrain à Milovice, puis nous préparons d’autres projets qui concernent d’autres lieux où ces animaux pourraient être installés, comme c’est par exemple le cas du parc national Podyjí. »

Même le nombre d’espèces concernées pourrait augmenter et cette ancienne base militaire pourrait être à l’avenir également peuplée par des bisons.