L'éco-construction: un futur marché en République tchèque qui attire les entreprises françaises
Cette semaine s'est déroulé à Prague un colloque franco-tchèque sur l'éco-construction, organisé par la Mission économique UBIFRANCE en collaboration avec les associations professionnelles tchèques.
La « réhabilitation » des logements est un thème récurrent en République tchèque, où de nombreux immeubles construits sous le communisme, à commencer par les panelaky – construits en panneaux préfabriqués – doivent être rénovés pour être en conformité avec les nouvelles normes. L’Union européenne mais aussi le gouvernement tchèque ont mis en place des programmes de subventions aux travaux permettant aux bâtiments de gagner en efficacité énergétique. Un marché qui s’annonce porteur pour les prochaines années. Daniel Galissaires est le directeur de la mission économique Ubifrance à Prague :
« Il y a plusieurs raisons qui nous ont poussés à organiser cet événément. D’une part nous avons conscience que l’éco-construction est un domaine, soutenu tant par les autorités françaises que tchèques, qui est appelé à se développer. Il y a de nombreux projets qui vont voir le jour au cours des prochains mois et des prochaines années, avec des nouvelles technologies et des nouveaux savoir-faire. Il est important de donner l’occasion aux entreprises françaises et tchèques de se rencontrer, d’échanger et éventuellement de développer des coopérations. »
L’intérêt pour les entreprises françaises qui viennent ici est d’abord de faire du business, mais aussi de faire profiter de leur savoir-faire en la matière ?
« Effectivement, il y a une dizaine d’entreprises françaises qui sont venues à Prague pour l’occasion et qui ont des savoir-faire très affirmés dans les domaines de l’éco-construction, que ce soient les fenêtres en bois, le solaire, l’aération, etc. En fait tous les domaines qui peuvent rentrer dans le cadre d’une maison écologique, d’une maison ‘passive’, et rendre les habitats actuels plus efficaces en termes d’énergie. »La République tchèque, comme les pays post-communistes en général, n’est pas très en avance dans ce domaine, mais les pays de l’UE n’ont pas vraiment le choix, parce qu’il y a une nouvelle directive européenne qui fixe des objectifs assez clairs et qui doit être transposée dans les législations nationales
« Oui, nous avons eu un message très clair au début de ce colloque de Mme Bizkova, vice-ministre tchèque de l’Environnement, qui a montré toute la détermination de l’administration tchèque pour soutenir le secteur de l’éco-construction. Il y a par ailleurs une collaboration qui se met en place au niveau des associations françaises et tchèques, entre le Czech Green Building Council et son équivalent français. Cela va se traduire par un renforcement des liens et des échanges entre les entreprises françaises et tchèques. »C’est un domaine qui va être beaucoup subventionné par des fonds européens, donc cela attire également les entreprises françaises dans le sens où les potentiels clients auront des garanties financières solides ?
« Dans les domaines de la construction, de la distribution et de l’efficacité énergétique, les entreprises françaises sont très bien représentées en République tchèque. Elles sont bien positionnées pour profiter du développement de ce marché qui va effectivement bénéficier d’un certain nombre d’appuis de l’UE. »Parmi les orateurs invités à ce colloque franco-tchèque, Ana Cunha, responsable du développement international pour le groupe Qualitel et également à Prague pour représenter France Green Building Council (France GBC) :
« Dans le cadre de ma venue en République tchèque, je partage les expériences des actions françaises menées par le grenelle de l’environnement et les différents acteurs en fonction de la nouvelle réglementation, qui devient très très ambitieuse. Donc partager cette expérience, les difficultés, les enjeux, les axes d’apprentissage, la transformation rapide et durable du marché, en prenant compte de la directive européenne pour la performance énergétique des bâtiments. L’objectif est donc aussi d’échanger entre acteurs tchèques et français des expériences au sujet de cette directive qui vient transformer nos pratiques nationales et qui nous amène à nous demander ce qu’on est capable de faire pour être plus ambitieux. Donc on partage les informations sur les outils qui ont été développés, les subventions, les incitations financières créées pour accélérer cette transformation, les difficultés du marché. »De ce que vous avez pu voir et entendre ici, la République tchèque en est où ?
« Je découvre le marché en République tchèque. Je pense qu’il y a une grande volonté de plusieurs acteurs de faire avancer cette conscience environnementale, cette évolution des pratiques. Je pense que la France est plus avancée parce que les actions ont commencé plus tôt et parce qu’il y a eu aussi un engagement du gouvernement pour faire de la lutte contre le changement climatique une priorité. En République tchèque il y a déjà une perception de ces sujets, il y a l’intérêt d’avancer, mais pour l’instant il n’y a pas encore eu de mise en place d’incitations financières et de formations liées aux objectifs. On est là pour partager les expériences, pour qu’on puisse tous dans une perspective européenne réduire la dépendance énergétique, collaborer sans penser au niveau national mais au niveau mondial… »