Législatives : « Seul un nouveau confinement pourrait faire baisser la cote du mouvement ANO »
Les élections législatives approchent en République tchèque : elles seront organisées les 8 et 9 octobre prochain. Quelque 22 partis et groupements politiques présenteront leurs listes de candidats à Prague et dans 13 autres régions du pays. Au total plus de 5 200 candidats, dont plus de 30% des femmes, sont en lice pour 200 sièges à la chambre basse du Parlement. Quels sont les sujets qui préoccupent les Tchèques pour ce scrutin ? Et quelles sont les chances des principaux partis politiques ?
Un sondage de l’agence Median réalisé en août dernier pour la Radio tchèque a tenté de répondre à ces questions. D’après cette enquête, des soins de santé de qualité, une justice indépendante et une éducation accessible à tous se distinguent comme les thématiques qui intéressent le plus les électeurs tchèques.
Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, la santé publique sera peut-être même le principal enjeu de ces élections : le sujet est primordial pour 95% des personnes interrogées par l’agence Median. En revanche, le problème des migrations ou la question du renforcement de la position tchèque au sein de l’Union européenne semblent moins interpeller les électeurs tchèques : un peu plus de 70% des personnes sondées trouvent important que les sujets soient traités par le futur gouvernement.
Toujours d’après cette enquête, environ 65% des électeurs ont l’intention de se déplacer aux urnes. Parmi eux, on trouve notamment les personnes âgées de plus de 60 ans, ainsi que les habitants de la capitale et des grandes villes en général. Si tel était le cas, le taux de participation serait supérieur à celui enregistré lors des précédentes élections législatives de 2017 qui avaient attiré 61% des électeurs sur quelque 8 millions de personnes en âge de voter.
Les abstentionnistes seraient les plus nombreux dans la région de Moravie-Silésie et dans la tranche d’âge des 45 à 59 ans.
Le sondage Median s’est également intéressé aux arguments de ces abstentionnistes potentiels et les a comparés aux réponses recueillies lors de sa précédente enquête. Si, au mois de juin, les personnes interrogées répondaient le plus souvent qu’elles étaient « désintéressées par la politique », en août, la plupart de ceux qui entendent boycotter le scrutin automnal ont affirmé que selon eux, « rien ne changerait » avec le renouvellement de la Chambre des députés et la formation d’un nouveau gouvernement.
Ce futur cabinet sera fort probablement formé par le mouvement ANO du Premier ministre Andrej Babiš, déjà vainqueur des législatives de 2017 avec 29,6% des voix. ANO arrive en tête de tous les sondages d’intentions de vote effectués récemment par les agences Median, Kantar et STEM, suivi de près par ses principaux concurrents : du bloc tripartite de centre-droit formé de l’ODS, de TOP 09 et des chrétiens-démocrates, et de la coalition du Parti des Pirates et du Mouvement des maires et indépendants STAN qui s’adresse aux électeurs libéraux.
La position forte d’ANO et généralement confirmée par les politologues. Parmi eux, Jiří Pehe, directeur de l’Université de New York à Prague :
« J’estime que le mouvement ANO sera vainqueur des élections : les résultats des sondages sont stables depuis longtemps et démontrent qu’ANO devance les deux coalitions formées par l’opposition. Néanmoins, même si le mouvement du Premier ministre Andrej Babiš gagne les élections, il ne pourra pas constituer un gouvernement tout seul. Il lui faudra trouver des alliés et former une coalition avec eux. »
« A long terme, la popularité du mouvement ANO était au plus bas pendant la crise la plus profonde du Covid-19. Je crois que seul un nouveau confinement ou la fermeture des écoles pourraient encore éventuellement baisser la cote d’ANO avant les élections, mais vu qu’elles se dérouleront dans un mois, c’est peu probable. »
Par ailleurs, deux autres partis encore : le SPD (Liberté et démocratie directe) et le Parti communiste pourraient franchir la barre de 5% des suffrages et être donc représentés à la Chambre des députés. En revanche, les intentions de vote ne donnent que très peu de chances de réussite au Parti social-démocrate, membre de l’actuelle coalition gouvernementale aux côtés du mouvement ANO. Ce parti traditionnel fait face à la menace de ne pas dépasser cette année le seuil minimal de voix nécessaires pour entrer à la Chambre.