L’Electro tchèque s’invite à la Fête de la musique à Paris
Pour la 33e édition de la Fête de la musique à Paris, ce samedi, trois groupes d’artistes tchèques issus de la nouvelle scène indépendante ont le privilège de se produire dans la capitale française : le jeune musicien électro pop « HOLY », le groupe indietronica « Sundays on Clarendon Road » et le groupe électro-acoustique d’étudiants de l’Académie des Beaux-Arts de Prague « PALERMO ».
Est-ce la première fois que des artistes tchèques participent à la fête de la musique à Paris ?
« Je ne sais pas vraiment, mais je ne crois pas. Il me semble qu’il y a quelques années de cela, le Centre tchèque avait déjà organisé quelques concerts, mais je ne connais pas vraiment les détails. »
En tout cas, c’est la première fois que votre association organise quelque chose de ce genre ?
« Oui, c’est la première fois que l’on monte un projet qui implique des musiciens tchèques, c’est quelque chose de frais et de nouveau. »
Comment vous est venue l’idée de faire ce pont musical entre Paris et Prague ?
« Il y a un an et demi, durant un séjour à Paris, nous avons eu l’idée de créer un magazine en ligne (« Sugar Glider » : http://www.sgrgldr.com) avec pour but de montrer les influences et les tendances de la scène musicale en Europe de l’Est. On a commencé avec ce projet qui marchait assez bien. Ensuite, après le succès de l’association avec son exposition MODE.CZ, quand on a commencé à réfléchir à ce que l’on pourrait faire l’année d’après, c’était presque logique de se dire qu’il fallait se concentrer sur la musique car ayant déjà le blog. »A partir de là, la sélection des trois groupes retenus pour venir jouer à Paris a été réalisée par le magazine « Sugar Glider » en se basant non seulement sur les goûts musicaux de ses journalistes mais également sur le sentiment que ces groupes pourraient intéresser le public français :
« Je crois que les artistes que nous avons sélectionné correspondent bien au thème de la 33e Fête de la musique qui est « la musique urbaine ». Plus encore, il est important de souligner que la scène musicale indépendante tchèque se porte assez bien ces dernières années et nous sommes très heureux de pouvoir le montrer au public français qui est déjà assez développé. »
Les trois noms retenus PALERMO (Dominik Gajarský et Roman Štetina), «Sundays on Clarendon Road » (Jonáš Zbořil et Jan Tůma) et HOLY (Šimon Holý) sont assez emblématiques d’une nouvelle génération de musiciens tchèques qui s’illustre notamment dans le genre de l’électro ce qu’explique Alexandra Strelcova :« Ce point est intéressant. Pendant longtemps, les musiciens tchèques s’illustraient plutôt dans le rock et utilisaient beaucoup la guitare. Mais ces dernières années, il y a eu beaucoup d’influence électro. D’ailleurs, l’un des musiciens qui participe à la Fête de la musique, Šimon Holý, est directeur d’un festival électro « Elekce ». Je pense donc que la scène électro tchèque se porte assez bien. »
En effet, depuis deux ans, le jeune musicien Šimon Holý dirige le festival ELEKCE qui rassemble les artistes de la scène électro tchèques le temps d’un concert. Il nous explique l’importance d’un tel évènement pour la scène musicale d’un pays comme la République tchèque :
« J’ai un mot d’ordre selon lequel nous aurons atteint notre but à partir du moment où les DJs tchèques commenceront à jouer leur musique dans leur propre pays. A partir du moment où ce sera le cas, nous pourrons avoir le sentiment d’avoir atteint un objectif. Or, ce n’est pas le cas aujourd’hui et c’est exactement ce qui nous manque. Dès le moment où nous n’aurons pas peur de jouer notre propre musique, notre scène musicale pourra fonctionner car c’est comme cela que ça marche dans les autres pays. Alors que chez nous, je ne sais pas exactement pourquoi, ça n’existe pas encore. »En plus d’être encore assez peu connue du grand public, la scène électro tchèque est également restreinte, ce qui a ses avantages et ses inconvénients que détaille Jonáš Zbořil du groupe « Sundays on Clarendon Road » :
« L’avantage d’avoir une petite scène électro en République tchèque est en même temps un inconvénient. Il est très facile de trouver des contacts mais on en fait très rapidement le tour et on se fait facilement des ennemis. »
Pour ce qui est de l’électro français, pas d’inquiétude, les trois groupes tchèques qui se produiront à Paris pour la Fête de la musique connaissent déjà bien leurs classiques. S’ils admirent tous unanimement la capitale française et y ont déjà performés pour certains, leurs sources d’inspirations varient entre les différents artistes de la scène électro française. On écoute sur ce point Šimon Holý puis Jonáš Zbořil du groupe « Sundays on Clarendon Road » et enfin le duo PALERMO :
« La House française ou quelque chose dans ce genre pour moi avec notamment depuis les années 90 des groupes comme Daft Punk ou avec la New Rave dans les années 2007 des artistes comme Justice, Yelle ou encore Spol. »« Je préfère plutôt écouter des choses plus calmes, à l’image de ce que joue mon groupe. J’ai grandi avec la musique de « Air » ou des choses plus anciennes comme « Virgin Suicides » qui pour moi encore aujourd’hui est un album qui représente la perfection. »
« J’aime beaucoup Sébastien Tellier. Il a été une grande source d’inspiration pour l’un de nos disque il y a quelques années. Ce qui nous fascine, ce sont ses prestations scéniques où il ne respectait pas les indications que lui donnaient les réalisateurs et les caméras étaient obligées de le « poursuivre » sur scène. C’est quelque chose que nous avions beaucoup aimé. »
Si l’électro français est déjà bien reconnu au niveau international, il s’agira pour cette première édition de SON.CZ de mettre en avant des artistes tchèques qui évoluent d’habitude sur une scène artistique assez restreinte qui mélange facilement les cinéastes, les musiciens ou encore les plasticiens comme nous l’explique Roman Štetina, du groupe « PALERMO »:
« Le fait qu’il s’agisse d’une petite scène est un peu sa devise. Cela aboutit naturellement à une sorte de fusion qui doit exister dans l’art. Le fait que les musiciens se mélangent avec les comédiens et les artistes est quelque chose de très bien. Mais je ne dirai pas que c’est une spécificité de la scène tchèque ou tchécoslovaque car c’est quelque chose qui fonctionne naturellement dans les autres scènes aussi et c’est comme cela que cela doit fonctionner. »
Alexandra Strelcova, organisatrice de l’évènement SON.CZ ajoute :
« C’est intéressant car j’ai toujours pensé que les écrivains, musiciens, cinéastes se développaient dans des univers séparés. Mais bien sûr qu’il y a une interconnexion entre eux. Par exemple le groupe PALERMO (groupe formé par des étudiants aux Beaux-Arts) dans son dernier album « Still Life » (« nature morte en français ») s’inspire beaucoup des influences visuelles. Pour « Sundays on Clarendon Road », les membres du groupe se nourrissent beaucoup d’influences littéraires à l’image de son chanteur qui est aussi écrivain et poète. Šimon Holý est aussi directeur du festival FAMU (festival de films) en plus du festival ELEKCE (festival électro). »Forts de cette richesse, les trois groupes joueront au bar « Le Bercail » dans le 11e arrondissement ce samedi 21 durant la soirée SON.CZ organisée par l’association des Etudiants et Jeunes Professionnels Tchèques en France qui n’en est pas à son coup d’essai et qui promet de continuer à organiser d’autres évènements de ce type dans la capitale française :
« Au sein de l’association des Etudiants et Jeunes Professionnels Tchèques en France, on essaye de faire venir les tendances les plus marquantes dans la culture tchèque. L’année dernière il s’agissait d’une exposition portant sur la mode tchèque, cette année c’est la musique, donc oui on aimerait bien montrer que l’on va bien ici ! »
Vous pouvez suivre l’actualité de l’association sur http://fr.csmpf.com/ et celle des groupes sur :
http://palermo.bandcamp.com
www.clarendonroad.com
http://iamholy.bandcamp.com