L'enseignement professionnel en Tchéquie

Le nombre des diplômés professionnels ne fait que diminuer depuis la seconde moitié des années 90. Aujourd'hui, il semble que la tendance se renverse. Les professions manuelles sont en train de se faire une nouvelle virginité et de promettre des avenirs satisfaisants.

Le nombre des diplômés professionnels ne fait que diminuer depuis la seconde moitié des années 90. Aujourd'hui, il semble que la tendance se renverse. Les professions manuelles sont en train de se faire une nouvelle virginité et de promettre des avenirs satisfaisants. Actuellement, le ministère du Travail et des Affaires sociales dispose d'un projet de réforme de l'enseignement professionnel, par exemple. Des professions comme tourneur, outilleur ou fraiseur font l'objet d'une grande demande sur le marché du travail. La demande va grandissant aussi pour les menuisiers, les serruriers, les maçons, moins les boulangers, les cordonniers et les verriers. Au risque d'étonner, la profession la plus recherchée, chez les filles, c'est celle de couturière. Bref, d'une manière générale, certains employeurs se plaignent du manque de nouveaux diplômés de formation professionnelle. Par exemple, dans une usine de verre en Bohême du nord, la fabrication du verre fait main est menacée. "Déjà, dans les années soixante-dix, le guvernement avait essayé de liquider les verriers artisans", a dit le sénateur Jiri Rückl, lui-même entrepreneur dans l'industrie du verre. Mais, ajoute-t-il, depuis 1996, l'intérêt pour l'apprentissage professionnel ne fait que diminuer". Jana Charova de l'Académie des professions, impute la responsabilité aux écoles secondaires et aux lycées qui essayent, à son avis, d'avoir le maximum d'élèves, pour lesquels ils reçoivent une dotation de l'Etat.

Comme les entrepreneurs le confirment, il y a tellement de diplômés du secondaire en économie, par exemple, que seule l'élite parmi eux parvient à se faire embaucher. Les autres terminent aux bureaux de placement. Des jeunes victimes de la spécialisation à outrance. Cela commence par la composition des matières enseignées dans des écoles qui ne produisent que les économistes. Il n'empêche que les directeurs de certains centres d'apprentissage professionnels se plaignent du manque d'intérêt pour leurs écoles. Par exemple, l'école secondaire technique de Prague 4 aurait, selon son directeur, une capacité de 1.000 élèves alors que le nombre d'inscrits ne dépasse guère 700 élèves.

Le ministère du Travail et des Affaires Sociales repense, en collaboration avec la Chambre économique, les métiers manuels pour que leur offre réponde mieux à la demande du marché de l'emploi. A l'avenir, un site Internet sera à la disposition des parents d'adolescents et proposera des places dans l'enseignement professionnel. Il suffirait aux parents de s'intéresser, pour leurs fils, par exemple, au métier de maçon, et le site leur fournirait toutes les informations nécessaires. Certains directeurs d'écoles primaires et secondaires vont se retrouver l'année prochaine dans une situation difficile. Les établissements passeront de la tutelle du Ministère de l'Enseignement sous celle de la région. Or, certains chefs de régions, (hejtmans) seront conduits à réduire le nombre d'élèves des établissements professionnels, conséquence à la suppression de certaines branches professionnelles qui ne sont plus demandées sur le marché de l'emploi et leur remplacement par d'autres. Dans une perspective plus lointaine, des établissements d'enseignement professionnels fusionneront en raison de la diminution du nombre d'élèves. Dans certaines régions de Moravie du sud et de Bohème du Sud, en 2011, le nombre d'élèves serait de 32% inférieur par rapport à ce qu'il est actuellement. Tout cela permet de prévoir qu'à l'avenir les professionnels ne chômeront pas.

Toujours à propos des jeunes, les observateurs se demandent si les facilités d'accès à la propriété, que le gouvernement socialiste offre aux jeunes ménages, ne seraient une pure propagande électorale. Bien sûr, au sein de la social-démocratie, on soutient le contraire, mais les chiffres ne s'inscrivent pas forcément dans le sens de ce souhait. Les conditions que posent en effet les banques à l'obtention d'un crédit hypothécaire, la majorité des jeunes ne pourrait pas les remplir, apprend-on du chef du fonds de développement du logement, Jan Wagner. Le gouvernement propose une politique de nature à résoudre le problème du logement avec une somme de 1 million de couronnes à laquelle ouvrira la voie un emprunt de l'Etat. Mais la Banque hypothécaire tchéco-morave, la plus importante institution de crédit en la matière, ne peut emprunter pour un logement de 1 million de couronnes, qu'aux personnes ayant, en dehors de l'emprunt de l'Etat qui est de 200.000 couronnes, 100.000 autres couronnes d'économie. Il leur resterait 700.000 couronnes de crédit. Et ce ne sont pas toutes les conditions. Il faut que les couple demandeurs de crédit voire un jeune tout seul, aient un salaire mensuel au minimum de 15.281 couronnes. La personne ou le couple ayant rempli ces conditions et obtenu le crédit doit compter avec un remboursement mensuel de 4776 couronnes pendant 20 ans, en plus des 2000 couronnes qu'il paierait pour le fameux crédit étatique accordé à bas intérêt. Une autre banque, la GE Capital Bank, elle, peut accorder jusqu'à 800.000 couronnes de crédit, et donc, il suffit théoriquement d'avoir l'emprunt gouvernemental aux jeunes pour y ouvrir droit. Théoriquement... Car, dans la réalité, cette banque qui ne pose pas de conditions préalables, étudie sévèrement cas par cas en vertu de critères adaptés à chaque demandeur. L'un de ses responsables a déclaré que le salaire ne veut rien dire et que ce qui importe c'est le style de vie que mène le postulant. Une personne peut se contenter de 10.000 couronnes pour vivre. A une autre, pas même 50.000 couronnes ne suffiraient. Milan Veverka, président de l'Union des entrepreneurs en construction, pense que cette série de mesures est en tout cas de nature à encourager les entrepreneurs à se lancer dans la construction des petits logements, ce qui est déjà fait.

Auteur: Omar Mounir
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