En République tchèque, une rentrée scolaire sans masque obligatoire, mais pas comme les autres quand même

Photo: ČTK/Ondřej Hájek

Comme en France et en Belgique, les enfants ont repris le chemin de l’école ce mardi 1er septembre malgré les incertitudes dues à l’épidémie de Covid-19. 1,4 million d’élèves étaient concernés par cette rentrée qui s’est déroulée dans le respect de mesures hygiéniques renforcées, mais sans masque dans la majorité des établissements.

Seules une vingtaine d'écoles dans le pays sont restées fermées ce mardi pour cause de placement en quarantaine. En attendant que la situation revienne à la normale et que plus aucun cas positif ne soit relevé parmi le personnel, elles proposeront un enseignement à distance dans les prochains jours.

Pour le reste, la rentrée s’est passée plus ou moins conformément à ce qui avait été prévu par les ministères de l’Education et de la Santé ces deux dernières semaines. Même pour nombre d’élèves qui n’aiment habituellement pas spécialement l’école – et au moins tout autant pour leurs parents -, cette rentrée a constitué une forme de soulagement après cinq mois et demi passés loin de ses bancs. Un soulagement d’autant plus grand que c’est donc finalement sans masque sur le nez que la majorité d’entre eux ont pu retrouver leurs copains et copines et faire la connaissance de leur nouvelle institutrice ou de leurs nouveaux professeurs.

Photo: ČTK/Dalibor Glück

En effet, contrairement à ce qui avait été annoncé dans un premier temps peu après la mi-août, avec le retour de l’obligation du masque dans tous les lieux clos publics à compter du 1er septembre, il a finalement été décidé que son port ne serait que facultatif dans les établissements scolaires.

Dimanche, la responsable des services d’hygiène de Prague, Zdeňka Jágrová, a confirmé que la décision d’imposer ou non le port d’un masque appartenait pour l’heure à chaque école, et ce bien que la capitale soit récemment passée en orange sur la carte des zones à risques :

Zdeňka Jágrová,  photo: ČT24

« Nous tenons compte du fait que la maladie apparaîtra fera très probablement son apparition dans la plupart des écoles. Il faudra alors réagir et s’adapter comme avec les autres maladies infectieuses, c’est-à-dire chercher une solution pour l’ensemble du collectif et la source de l’apparition de la maladie. C’est pourquoi nous demandons à ce que des groupes homogènes soient formés dans les écoles de manière à pouvoir identifier les enfants plus facilement et à savoir lesquels d’entre eux sont en contact avec les autres. »

Cette relative latitude de décision quant au port du masque convient à l’Association des directeurs des écoles primaires, comme l’a confirmé dans un entretien accordé lundi à la Radio tchèque son président Michal Černý :

Michal Černý,  photo: Kateřina Součková,  ČRo

« Je dois d’abord dire que je suis content qu’une décision ait été prise à ce sujet par le gouvernement. Ne serait-ce qu’au niveau organisationnel, c’est beaucoup mieux que de ne pas savoir sur quel pied danser. C’est donc à nous de décider si un masque doit être porté, et si oui, dans quels espaces de l’école. Un manuel comprenant diverses recommandations nous a également été remis. Nous sommes donc tenus de disposer de désinfectants, d’aérer et de nettoyer les salles plus souvent, et de faire en sorte d’éviter le plus possible que les élèves de différentes classes ne se croisent. Nous sommes habitués à ce que certains parents nous reprochent toujours quelque chose, nous sommes aussi habitués à assumer les responsabilités qui découlent de nos décisions, tout cela ne changera donc finalement pas beaucoup de d’habitude. »

Photo: Lenka Žižková

Directeur d’une école située dans le quartier de Klánovice, dans le IXe arrondissement de Prague, Michal  Černý a décidé que le port du masque serait obligatoire dans tous les espaces communs de son établissement, à l’exception des salles de classe. Une décision identique à la première annonce qui avait été faite par le ministre de la Santé dans le courant du mois d’août. Et Michal Černý assure qu’il s’agit là d’une obligation pas nécessairement beaucoup plus contraignante qu’une autre :

« Ce n’est pas une complication, la reprise en mai dernier s’était déjà passée de la sorte et le masque était ensuite resté obligatoire jusqu’à la fin de l’année scolaire. Cela n’avait alors posé de problème à aucun enfant. Je  ne vois donc pas de raison qu’il en aille autrement deux mois plus tard. Le seul problème auquel nous pouvons être confrontés, c’est avec les parents. Vous avez les deux opposés camps opposés : les partisans du port du masque toujours et partout et ceux qui par principe, sans que l’on sache parfois très bien pourquoi, y sont opposés. Il y aura des conflits, mais nous sommes des personnes raisonnables et je suis convaincu que nous saurons nous arranger. Il faut que tout le monde comprenne, même ceux qui ne sont pas d’accord, que c’est l’intérêt général qui doit prévaloir. »

Et pour les élèves qui se présenteraient à l’entrée de l’école sans avoir dûment protégé nez et bouche, Michal  Černý affirme avoir tout prévu : des masques de remplacement seront distribués.

Photo: ČTK/Kateřina Šulová

Enfin, nouveauté - ne serait-ce qu’à Prague - de cette rentrée décidément pas comme les autres : aux crayons de couleur et autres fournitures qui se trouvent dans le paquet traditionnellement remis en République tchèque à chaque élève intégrant la première classe de l’enseignement primaire (l’équivalent du cours préparatoire en France), un masque de taille M a été ajouté cette année. En tissu histoire que les enfants puissent le réutiliser et ainsi rattraper comme il se doit le retard accumulé au printemps dernier lors du confinement.

Car remettre tout ce petit monde à niveau, rappeler les notions essentielles tout en avançant malgré tout dans les apprentissages, est l’autre grand défi qui attend les écoles à l’heure deen ce début de nouvelle année scolaire. Pour beaucoup d’enseignants, qui espèrent ne pas à avoir à revivre de fermeture d’écoles et l’éloignement des salles de classe, c’est même une source d’inquiétude plus grande que celle du port du masque.