Leo Pavlat: le négationnisme de l'holocauste et le retour de l'antisémitisme sont alarmants et déshonorants

Auschwitz, photo: CTK
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"Près d'un million et demi de déportés, juifs pour la plupart, ont péri dans les chambres à gaz d'Auschwitz. Auschwitz est devenu le symbole du processus de génocide: ce n'est pas par hasard, la notion de "mensonge d'Auschwitz" est devenu un terme technique pour désigner le négationnisme de l'holocauste." C'était Leo Pavlat, directeur du musée Juif de Prague, au micro de Jaroslava Gissubelova, à l'occasion de la commémoration du 60e anniversaire de la Journée de mémoire de l'holocauste et de la prévention des crimes contre l'humanité.

Auschwitz,  photo: CTK
En effet, comme il a tenu à souligner, cette deuxième partie de l'appellation de cette journée, retenue officiellement pour la première fois cette année en Tchéquie, est non moins importante: elle souligne qu'il s'agit d'un thème de toute actualité. Même 60 ans après, on assiste aux incitations à la haine des néonazis, à leurs tentatives renouvelées de minimiser les crimes des nazis, à la contestation du droit de l'Etat d'Israël à exister. Comment ces phénomènes sont-ils vus par Leo Pavlat?

"Ce thème est d'une extrême gravité. D'une part, ceux qui ne nieraient directement le génocide des Juifs, mais qui le mettent en doute, sont aujourd'hui assez nombreux. Cela concerne notamment l'extrême-droite qui a une multitude de pages sur l'Internet et où il est possible de trouver toute une littérature négationniste. En Tchéquie ont paru des livres de David Irwing, des oeuvres classiques antisémites, les Protocoles des sages de Sion, tout comme, par ex., Mein Kampf. C'est déplorable vis-à-vis des victimes de la Shoah, c'est outrageant par rapport à ce que la Shoah signifie, et c'est alarmant et déshonorant par rapport à l'avenir, y compris l'attitude envers l'Etat d'Israël. Car si quelqu'un voulait se rappeler les crimes systématiques commis par le national-socialisme hitlérien contre les Juifs, sans voir que ce sont les principes mêmes qui sont, pour l'instant au niveau rhétorique, appliqués envers l'Etat d'Israël, dans ce cas là, alors, ce souvenir serait très hypocrite. Il est évident que par le génocide des Juifs, la longue tradition d'antisémitisme a culminé. Les reproches qui se font entendre à l'adresse d'Israël sont sans aucun doute antisémites. Bien sûr que l'Etat d'Israël peut être critiqué pour sa politique comme un quelconque autre Etat, mais il est absolument évident que l'antisionisme, c'est très souvent la prédication de la négation du droit d'Israël à exister. Si le principe de l'antisémitisme résidait, pendant de longs siècles, dans la négation du droit des Juifs en tant qu'individus à vivre comme tous les autres, alors, dans ce cas-là il s'agit de la négation du droit de l'Etat des Juifs à être un Etat comme tous les autres...."