L’épreuve de maths obligatoire au bac : est-ce bien nécessaire ?
Logarithmes, vecteurs ou fonctions trigonométriques… Presque tous les élèves des établissements tchèques de l’enseignement secondaire devront passer, à partir de 2022, le baccalauréat de mathématiques. La réforme ne fait cependant pas l’unanimité et un vif débat s’est engagé à son sujet dans la société tchèque.
La décision fait pourtant l’objet de nombreuses critiques pour plusieurs raisons. Le parti chrétien-démocrate (KDU-ČSL), la plus petite formation au sein de la coalition gouvernementale, s’oppose par exemple à la mesure pour les élèves des filières professionnelles. C’est du moins ce qu’explique le ministre chrétien-démocrate Marian Jurečka :
« Le nombre d’heures d’enseignement des maths n’est pas le même dans les écoles professionnelles et dans les lycées. Si l’épreuve de mathématiques est la même pour tous, le nombre d’heures de maths dans les établissements professionnels devrait augmenter, et ce au détriment des autres matières. »C’est pour cette raison que l’épreuve obligatoire de mathématiques ne concernera d’abord, à partir de l’année scolaire 2020/2021, que les lycées. La nouveauté sera étendue aux autres élèves du secondaire l’année suivante. Ce décalage déplaît toutefois aux responsables des lycées, par exemple au sénateur et directeur du lycée Jan Kepler à Prague, Jiří Růžička :
« Une année semble être une différence minuscule. Mais le baccalauréat donne à tous ses titulaires les mêmes droits, comme par exemple le droit d’accès à des universités et hautes écoles. Pendant cette année où l’épreuve de mathématiques sera obligatoire pour les lycées, leurs élèves se verront contraints de passer l’examen de trois matières, tandis que les autres seulement de deux matières. Nous considérons que c’est en contradiction avec le droit d’accès égal aux études supérieures. »Jiří Růžička n’est pas le seul à se plaindre. Son opinion est partagée également par l’Association des directeurs des lycées qui pourrait se tourner vers la Cour constitutionnelle si le gouvernement ne corrige pas le tir. Face aux critiques, la ministre de l’Education, Kateřina Valachová, souligne néanmoins l’importance de son projet :
« Je ne veux pas faire des élèves des souris de laboratoire. Mais nous sommes à l’aube de la quatrième révolution industrielle et je veux que les jeunes Tchèques soient prêts à réussir et qu’ils se classent parmi l’élite européenne. Dans l’ancienne Tchécoslovaquie, les mathématiques étaient obligatoires au baccalauréat et notre pays a donné naissance à des chercheurs, ingénieurs ou médecins reconnus. Je crois donc que nous devrions nous efforcer de retrouver cette gloire et ne pas accepter d’être à la traîne. Car le niveau de nos connaissances en maths ne cesse de baisser. »
L’argument de la ministre ne convainc cependant pas Jiří Růžička :« Les mathématiques représentent une matière extrêmement importante et difficilement remplaçable. Cette matière est très belle et permet de développer la pensée logique et la capacité à avancer pas à pas, ainsi que d’obtenir un résultat vérifiable. Je suis donc très favorable à un enseignement des mathématiques de qualité et le plus intensif possible, qui permettrait d’appliquer cette matière aussi dans la vie courante. Mais rendre l’épreuve de maths obligatoire n’est pas la solution. Il faut enseigner correctement les mathématiques. Selon moi, il n’y a toutefois aucune contradiction si l’élève choisit une autre matière au bac. »
Enfin, une autre critique concerne le niveau de l’examen. Même si le ministère rejette les craintes selon lesquelles l’épreuve pourrait être trop difficile pour des élèves des écoles professionnelles, la question se pose de savoir si elle ne sera pas trop facile pour ceux des lycées.