Les adieux de Vladimir Ashkenazy
C'est par un concert de musique russe que le directeur musical de la Philharmonie tchèque, Vladimir Ashkenazy, fait ces adieux à son orchestre. Vaclav Richter.
Plusieurs directeurs musicaux se sont succédés à la direction de l'Orchestre philharmonique tchèque, depuis la chute du communisme en 1989. Et il faut dire que la situation dans cette formation symphonique, considérée comme la meilleure du pays, était souvent bien problématique. C'est pour sortir cet orchestre de la crise ayant éclaté sous la direction du chef allemand, Gert Albrecht, qu'on a fait appel à Vladimir Ashkenazy. Ancien émigré russe, lauréat de plusieurs concours de piano internationaux, Ashkenazy a commencé à s'imposer, à partir des années soixante-dix, aussi comme chef d'orchestre. On espérait qu'il réussirait à redonner la discipline et l'esprit de corps à la Philharmonie tchèque et qu'il profiterait de ses contacts avec les grands producteurs de disques pour réaliser de nombreux enregistrements. Ces espoirs ne se sont réalisés qu'en partie, mais il est vrai que Vladimir Ashkenazy a pris la direction de l'orchestre dans une période très difficile pour l'industrie du disque. Par contre le public de Prague a beaucoup aimé ses concerts de musique russe, son interprétation de symphonies de Mahler et de poèmes symphoniques de Richard Strauss. Aujourd'hui, il s'en va expliquant par la fatigue son départ prématuré du poste de directeur musical de la Philharmonie. Cette explication est rendue, cependant, un peu douteuse par sa récente décision de signer un contrat pour trois ans avec l'Orchestre symphonique de Tokyo. Son départ est assombri, aussi, par la récente tournée de la Philharmonie tchèque en Grande-Bretagne, que la critique de Londres n'a pas appréciée. Il ne reviendra en République tchèque que lors du prochain festival, Printemps de Prague, où il présentera les 4ème et 5ème symphonies de Beethoven. Son successeur au poste de directeur musical de la Philharmonie s'appelle Zdenek Macal. Originaire de Moravie, Macal a passé une grande partie de sa vie à l'étranger, notamment en tant que chef de l'Orchestre du New Jersey. Son arrivée éveille de nouveaux espoirs. On espère qu'il prêtera une attention spéciale aux compositeurs tchèques et enrichira le répertoire de la Philharmonie par des oeuvres contemporaines.