Les agriculteurs tchèques déversent leur lait et leur colère dans les champs
Environ 500 000 litres de lait ont été déversés dans les champs dans une dizaine d’endroits du pays, jeudi, par les agriculteurs tchèques. Ceux-ci protestent contre les prix d’achat durablement bas du lait. Actuellement, les producteurs perçoivent environ 20 centimes d’euro par litre vendu, alors qu’ils estiment que le montant du prix d’achat réel, qui leur permettrait de réaliser un profit, devrait s’élever au moins au double, soit 40 centimes.
« Nous trayons 7 500 litres de lait par jour et nous avons décidé d’en déverser la totalité aujourd’hui. C’est un acte un peu désespéré mais à travers lequel nous entendons attirer l’attention des politiques et du public sur notre situation. Nous perdons actuellement dix centimes d’euro par litre, et je voudrais bien savoir quel chef d’entreprise travaille pour perdre de l’argent et en plus pendant si longtemps. »
Depuis la mi-2008, la situation du lait s’est considérablement détériorée au sein de l’Union européenne. Après une flambée en 2007, les prix se sont effondrés, entraînant d’importantes répercussions néfastes sur les revenus des producteurs dans tous les pays. La République tchèque ne constitue donc pas une exception, et ce d’autant moins que la situation est critique depuis déjà plusieurs années.Ainsi, selon la Chambre agraire de République tchèque, le nombre de vaches laitières dans le pays est passé de un million en 1993 à 380 000 à l’heure actuelle. Une tendance à la réduction des troupeaux qui, selon le président de la Chambre, Jan Veleba, devrait se poursuivre dans les prochaines années, en raison justement des faibles prix d’achat mais aussi des excédents de lait sur le marché européen. Jan Veleba est d’ailleurs très pessimiste :
« L’agriculture tchèque, d’une manière générale, a emprunté une voie extrêmement dangereuse et se porte très mal. Pour ce qui est du lait, l’ensemble des pays de l’Europe de l’Ouest augmentent leur production tandis que nous sommes contraints de réduire la nôtre. Leurs produits sont ensuite distribués chez nous. Voilà où nous en sommes aujourd’hui, et rien ne changera s’il n’y a pas de réelle volonté des responsables politiques tchèques. »Selon le président de la Chambre agraire, si la situation reste en l’état, le nombre de vaches laitières diminuera encore pour s’élever à 200 000 têtes de bétail d’ici deux à trois ans. Une diminution qui entraînerait alors environ 40 000 pertes d’emploi dans l’ensemble de la chaîne contribuant à la production et au traitement du lait.