Les animaux

Prague Zoo
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Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Maintenant que vous savez tout sur les cochons, élargissons nos horizons et accueillons donc le printemps - oiseaux, vaches, veaux et grenouilles sont à l’honneur pour un nouveau Tchèque du bout de la langue animalier…

Commençons par nous mettre à la place des animaux et efforçons-nous de nous placer de leur point de vue, de leur perspective. Vous avez une solution d’en-haut, et une solution d’en bas. Une solution de grenouille et une autre d’oiseau. Vous l’aurez imaginé, vous pouvez regarder le monde d’une « perspective de grenouille » - žabí perspektiva, ou d’une « perspective d’oiseau » - ptačí perspektiva. La perspective de la grenouille s’apparente à celle d’un petit enfant – vous voyez le monde depuis le bas, vous levez donc les yeux. Et, au contraire, si vos yeux sont plus haut placés, vous voyez le monde d’une perspective d’oiseau - ptačí perspektiva.

Grenouille ou oiseau, tout le monde peut utiliser les possibilités lexicales vachières pour exprimer étonnement et accablement. To je kravina !, c’est-à-dire « C’est n’importe quoi ! » : voilà ce que peuvent dire les Tchèques pour exprimer leur consternation lorsqu’ils entendent une aberration. A cela près que leur « n’importe quoi » fait clairement référence à la vache - kráva. Un point intéressant à signaler : si toutefois la référence à la vache vous dérange, vous pouvez plus ou moins l’interchanger avec une référence à son petit, le veau - vůl, en vous écriant : to je volovina ! Kravina, volovina : quelle que soit la formule choisie, il s’agit d’une information douteuse ou accablante, d’une bêtise. Par exemple, si quelqu’un affirme « Stihl jsem to za deset minut » - soit « je l’ai fait en cinq minutes », son interlocuteur pourra lui répondre « to je kravina ! »– N’importe quoi ! Dans ce cas précis, cette « kravina » exprime le doute quant à la véracité de l’information énoncée. Autre exemple : « Tady postavíme nádraží » - « Ici, on construira une gare », « to je volovina ! »– « N’importe quoi ! ». Dans ce cas, cette « volovina » exprime, elle, la consternation face à une idée saugrenue ou mauvaise. A vous maintenant d’utiliser à votre guise les très pratiques « kravina » et « volovina », nombreuses sont les occasions possibles ! Et si toutefois vous vous lassez, il est possible de faire appel à l’oiseau – pták, qui, lui, nous offre la ptákovina. Et - l’injonction reste similaire : « to je ptákovina ! ».

Il y a moyen d’être plus grossier avec les vaches et les veaux tchèques. Kravina et volovina sont en effet des qualificatifs en fin de compte plutôt mignons. L’expression de la surprise ou de l’exaspération peut être exprimée via la vache ou le veau en pointant directement son interlocuteur : ty krávo !– soit littéralement « toi, la vache ! », et ty vole !– « toi le veau ! », célébrissimes injonctions tchèques. Dans ce cas-là, l’interlocuteur est formellement en question, puisqu’il est désigné, et les mots « vache » - kráva, ou « veau » - vůl, sont utilisés au vocatif pour se transformer en « krávo » et « vole ». Ceci dit, dans l’usage courant – voire malheureusement très courant – de ces injonctions, l’emploi fait rarement réellement référence à la personne en face – plus que de la comparer véritablement à une vache ou à un veau,il s’agit d’appuyer un propos, d’y mettre une touche d’émotion, plutôt exaspérée ou surprise, voire nerveuse ou amusée...

Vous l’aurez compris, les « injonctions vachières » sont multifonctionnelles. Si vous êtes à Prague, tendez l’oreille dans les transports en commun – il n’est pas rare d’entendre un dialogue, surtout s’il s’agit de jeunes hommes, ponctué de plusieurs « ty vole » par minute ! Rien de très joli ni de très élégant, soulignons-le, bien au contraire, et inutile de vous préciser que ces injonctions ne sont pas à utiliser en certaines occasions, par exemple en entretien d’embauche…

Et avant de nous quitter, dernière précision utile – dans des occasions plus officielles et si vous êtes lexicalement bloqué, et que seules kravina, volovina, ou ptákovina vous viennent à la bouche, rappelez-vous du plus distingué « nesmysl », soit un « non-sens », synonyme utilisable, lui, en toute occasion. Et c’est sur ce conseil que s’achève pour cette fois ce « Tchèque du bout de la langue ». En attendant de vous retrouver dès la semaine prochaine, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj !