Les assassins de Heliodor Pika n'ont jamais été punis

Heliodor Pika

Le récent 55ème anniversaire de l'exécution du général Heliodor Pika par le régime communiste a été évoqué par une partie de la presse tchèque. Pour le quotidien MfD, « Heliodor Pika était l'une des plus grandes figures tchèques du XXe siècle. Pourtant il n'a toujours pas de tombe officielle ».

Le général Heliodor Pika a été l'une des premières victimes de la frénésie communiste en Tchécoslovaquie, après le putch de février 1948. Son exécution, en 1949, a déclenché toute une vague d' « épurations ».

Militaire par corps et âme, Heliodor Pika est entré dans l'armée en 1915 pour lui rester fidèle toute sa vie. Légionnaire d'abord en Russie, il l'a été ensuite en France. Dans l'entre-deux-guerres, il était attaché militaire en Roumanie. Au début des années quarante, il dirigeait la mission militaire tchécoslovaque en Union Soviétique, où il soutenait la ligne politique du Président Edvard Benes. Les communistes ne le lui ont jamais pardonné. MfD décrit, en bref, les événements qui ont suivi la décision de liquidation de ce fervent patriote, prise par le comité militaire du Comité Central du Parti Communiste Tchécoslovaque.

« Le 28 janvier 1949, le Tribunal d'Etat a prononcé à Prague le verdict qui condamnait le général Pika à la peine capitale. Sa famille, son avocat, l'ambassadeur français, ainsi que la municipalité de Stitin, ville natale de Pika, ont protesté. En vain. Le 21 juin, tôt le matin, Heliodor Pika, 52 ans, dégradé, a été exécuté dans la cour de la prison de Plzen... Il a été réhabilité en décembre 1968, le Tribunal militaire suprème ayant aboli le verdict original dans sa totalité. C'était un assassinat sale dont personne n'a été puni ».

Karel Vas
Le général communiste Bedrich Reicin et le procureur Karel Vas ont été les principaux instigateurs du procès politique contre Pika. Le quotidien MfD écrit que le fils du premier est la seule personne à avoir exprimé des excuses pour ce crime, au fils du général exécuté. « C'était l'une des plus étranges rencontres qui se soient déroulées, ces dernières années, en Tchéquie : d'un côté le fils d'un prisonnier politique assassiné par les communistes, de l'autre le fils de son assassin : Pika junior, Reicin junior... Cela s'est passé à Prague. Reicin junior pleurait, demandait pardon pour sa famille, expliquait. Les deux hommes se sont tendus les mains. C'était sincère, ce n'était pas joué. »

Karel Vas, ancien procureur communiste, auteur de la soigneuse mise en scène de ce procès monstrueux, mène une vie paisible de retraité, à Prague. Jamais poursuivi, jamais puni.