Les babybox, pas toujours efficaces
Le système des babybox a vu le jour en République tchèque il y a onze ans de cela. Depuis leur introduction, ces boites chauffées protégeant contre les intempéries, installée la plupart du temps dans le mur d’une institution hospitalière, ont permis de sauver 139 enfants. Toute mère en détresse peut y déposer son nouveau-né. Pour autant, ces babybox, qui font également l’objet de critiques, n’attirent pas toujours l’attention des parents en difficultés.
« La plupart des femmes qui tuent leur enfant se trouvent dans une situation sans issue. Elles ne savent pas comment la résoudre, elles ont des problèmes financiers. Elles ont des troubles de l’émotion, elles ne trouvent pas d’intérêt à s’occuper de leur enfant. Leurs priorités peuvent être tout autres, comme leur partenaire, l’argent ou l’alcool. Souvent, ces femmes ont un faible quotient intellectuel. »
Même s’il existe à l’heure actuelle 70 babybox à différents endroits dans toute la République tchèque, la police criminelle enquête chaque année sur trois à cinq cas d’assassinat de nouveau-né. Pour le psychiatre Karel Hynek, soit les mères infanticides préméditent le meurtre de l’enfant, soit elles le font de manière irréfléchie et impulsive :« Les femmes qui ont accouché, soit elles agissent de manière irréfléchie, sans prendre en considération les conséquences qui en découlent, soit elles agissent sous l’emprise d’un déséquilibre ou d’une maladie mentale, comme la dépression. Les babybox sont utiles uniquement dans le cas où la mère prend des décisions de manière rationnelle. »
Par le passé, la Société pédiatrique tchèque avait déjà indiqué que l’installation des babybox ne ferait pas chuter le nombre des nouveau-nés assassinés. Selon cette organisation, les femmes disposeraient d’autres alternatives plus fiables et plus sûres pour l’enfant au moment de l’abandon, comme l’accouchement sous X ou l’adoption dès sa naissance. Néanmoins, l’initiateur du système des babybox, Ludvík Hess, lequel a d’ailleurs été décoré par le président de la République au mois d’octobre dernier, nuance ces affirmations, en soulignant que certaines mères sont parfois revenues récupérer leur enfant déposé dans une babybox. Ludvík Hess :
« Je crois que les babybox ont vraiment aidé certaines mères. Certains nouveau-nés, déposés dans les babybox, ont par la suite été réclamés par les mères, qui les y avaient précédemment déposés. J’ai aidé certaines d’entre elles, que ce soit en leur donnant des conseils ou en les aidant financièrement. Je crois qu’environ cinq mères sont revenues chercher leur enfant. »Malgré le fait que le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies avait émis des réserves à propos du système des babybox en 2011, estimant qu’il contrevenait au droit de l’enfant de connaitre son identité, sa nationalité ou ses parents, ces boites ont néanmoins réussi à sauver la vie de 23 nouveau-nés l’année dernière. En 2013, 53 nourrissons y avaient été déposés.