Les banques tchèques face au plan anti-crise adopté à Bruxelles
Les dirigeants de l’Union européenne ont adopté, dans la nuit de mercredi à jeudi, un plan financier pour sauver la Grèce et éviter une crise générale de toute la zone euro. Ils ont décidé de procéder à une forte réduction de la dette grecque et de mobiliser 1 000 milliards d’euros pour empêcher la contagion. Les réactions tchèques à ce plan de sauvetage ne se sont pas fait attendre.
« Si le taux d’adéquation du capital des banques doit être élevé à au moins 9 %, ce sera un grave problème pour toute une série de banques ouest-européennes, et notamment pour celles dont les bilans regorgent d’obligations grecques. Obtenir des capitaux pour renflouer ces banques pourrait être aussi un grand problème pour les gouvernements de leurs pays respectifs. »
Ancien ministre des Finances et actuel expert de la Raiffeisenbank, Pavel Mertlík remarque, lui, qu’il ne faut pas oublier que l’accord obtenu à Bruxelles n’est pas un effacement de 50 % de la dette de la Grèce, comme on pourrait le penser, mais seulement un renoncement à la moitié des dettes détenues par les banques créancières privées représentées par l’Institut de la finance internationale (The Institut of International Finance). Pavel Mertlík souligne que l’accord de Bruxelles ne concerne donc nullement la grande partie de la dette grecque détenue actuellement par le Fonds monétaire international, la Banque centrale européenne et d’autres institutions officielles :
« Dans ce sens, il s’agit d’une solution très incomplète. Ce qui sera décisif, ce sera la rapidité de la croissance de la Grèce et le temps dont elle aura besoin pour se débarrasser de sa dette. C’est une grande inconnue, car cela suppose un grand nombre de changements structurels que la Grèce n’a jamais adoptés. »Pour les banques tchèques, l’accord des dirigeants de la zone euro ne semble pas représenter un problème très important. Au total, les banques tchèques détenaient des créances grecques d’un montant d’environ 500 millions d’euros, et une partie de ces dettes a déjà été effacée. Cela concerne notamment les banques ČSOB, Komerční banka et UniCredit. L’analyste de la société Cyrrus Marek Hatlapatka estime que ces banques seront maintenant contraintes de renoncer à une autre partie de la dette grecque, mais que cela ne modifiera pas essentiellement leurs bilans. Il cite dans ce contexte la Komerční banka, filiale de la Société générale, qui a déjà effacé dans le deuxième trimestre de cette année, les créances grecques pour 1,7 milliard de couronnes (68 millions d’euros) :
« Vu l’accord atteint cette nuit, la banque sera probablement encore obligée d’effacer une somme semblable, ce qui réduira sans doute ses bénéfices nets. Néanmoins, ceux-ci atteindront probablement quand même quelque 10 milliards de couronnes, ce qui sera toujours un résultat très satisfaisant. Ce qui est important, c’est qu’il s’agit d’un renoncement qui ne se répétera plus. Je pense donc que les retombées de cette situation sur la Komerční banka ne seront que très limitées. »
Le président de la République, Václav Klaus, prendra, lui, sans doute cette dernière évolution comme une confirmation de son opinion sceptique sur l’avenir de l’euro et de l’économie européenne en général. A son avis, si l’euro survivra à la crise actuelle, c’est parce qu’il a déjà englouti beaucoup de capital politique, mais les conséquences du sauvetage de la Grèce seront désastreuses pour l’ensemble de l’économie européenne :
« Je ne fais que souligner, a-t-il déclaré récemment, que l’euro ne peut être sauvé qu’à un prix extrêmement élevé et pour moi inacceptable. En résumé, l’euro nous coûtera extrêmement cher non seulement en raison des transferts des moyens financiers du Nord vers le Sud de l’Europe mais surtout parce que l’Europe vivra une décennie de stagnation absolue et sa croissance économique s’arrêtera complètement. »