Les candidats à la présidentielle ont dû dévoiler leurs comptes decampagne
Samedi 30 mars, l’aventure électorale s’est définitivement close pour les neuf candidats à la présidentielle de janvier. A cette date, toutes les équipes de campagne ont dû remettre au Sénat l’ensemble des documents relatifs aux comptes de campagne de leurs candidats. Cette exigence de la loi permet de mieux contrôler le financement d’une élection pour la première fois tenue au suffrage universel, et qui demande donc une logistique conséquente.
C’était la première fois qu’une élection présidentielle prenait une telle ampleur. Les sénateurs chargés de vérifier la comptabilité électorale auront donc à traiter des sommes inédites. Et comme pour toute grande première, des critiques s’élèvent déjà pour proposer des améliorations. Pour certains notamment, cette nouvelle charge allouée à une des commissions du Sénat est bien trop lourde. Jiří Oberfalzer est sénateur ODS et président de ladite commission, celle des mandats et immunités. Il explique le fond de sa pensée:
« Le coût total de la campagne représente 125 millions de couronnes (environ 5 millions d’euros), la comptabilité sera donc très vaste. Et quelque chose comme une dizaine de sénateurs sans qualifications particulières dans la comptabilité ou l’audit financier ne peuvent pas gérer une si grande tâche. »Un cabinet d’audit devrait donc être appelé en renfort pour assister les sénateurs. Il sera sélectionné par un appel d’offre transparent, assure-t-on à la Chambre haute.
Une procédure qui est donc prise très au sérieux, alors que des questions restent sans réponse concernant le financement de la campagne présidentielle. Certains candidats étaient particulièrement attendus pour l’explication de leurs comptes.
Le premier d’entre eux est Jan Fischer. Le troisième homme de l’élection, longtemps favori aux côtés de Miloš Zeman, cherchait encore à l’approche de la date limite 5 millions de couronnes pour couvrir les énormes frais de publicité qu’il a engagés. Il a présenté au Sénat des comptes déficitaires, mais avec la promesse de pouvoir rembourser à la fin du mois. Jan Pirk, son directeur de campagne, s’est voulu rassurant :« La semaine dernière on a reçu plus de 2 millions de couronnes, et plus d’argent devrait venir cette semaine. Monsieur Fischer souhaite que toute la campagne soit aussi transparente qu’elle l’a été jusqu’à présent. Il ne souhaite pas présenter des comptes obscurs, il veut les laisser ouverts, pour qu’on puisse savoir clairement d’où l’argent est arrivé, quand et avec quel montant. Notre comptabilité continuera tant que tout n’aura pas été remboursé. »
L’hebdomadaire Respekt, lui, fait état de sommes qui auraient été apportées en liquide à son équipe de campagne, sans être comptabilisés dans les frais officiels. Les sénateurs devront aussi juger de la légalité du plus gros don reçu par Jan Fischer, un chèque signé par l’homme d’affaires milliardaire Tomáš Chrenek, et qui s’élève à 14 millions de couronnes (plus d’un demi-million d’euros). Le total des comptes de Fischer atteindrait 25 millions de couronnes (un million d’euros), ce qui le classe au troisième rang des candidats les plus dépensiers.A la première place du classement, le vainqueur Miloš Zeman a lui aussi présenté des finances déficitaires, de 3 millions de couronnes cette fois sur les 37 millions que son équipe a dépensé (près d’un million et demi d’euros). Il assure qu’ayant remporté l’élection, des dons devraient encore lui parvenir aisément. Mais pour le sénateur Oberfalzer, aussi bien Fischer que Zeman sont au bord de la loi :
« Il faudrait de toute façon que les factures soient payées, mais ça ne répondrait pas à l’exigence légale qui est que toutes les finances de la campagne doivent être gérées sur les comptes qui nous sont remis. »Les sept autres candidats n’ont pas eu ces problèmes. Karel Schwarzenberg, avec une campagne pourtant tout aussi gloutonne que celle de Zeman, à un million de couronnes près, a présenté des comptes en équilibre. C’est aussi le cas de Táňa Fischerová, la plus économe des candidates avec une ardoise de seulement 130 000 couronnes, soit un peu plus de 5 000 euros. L’artiste Vladimír Franz termine même avec un excédent de 30 000 couronnes, un gros millier d’euros. Dans ce cas, la loi prévoit que le surplus sera affecté à une association caritative.