Les cendres du général Alois Elias retrouvées 63 ans après son exécution
L'urne contenant les cendres du premier chef de gouvernement du protectorat de Bohême-Moravie, Alois Elias, vient d'être retrouvée, 63 ans après son exécution. Les historiens proposent au Premier ministre que les restes de l'un des symboles de la résistance soient portés au dernier repos au cimetière national de Slavin, avec tous les honneurs militaires qui lui reviennent.
Le général Alois Elias était l'unique chef de gouvernement d'Europe que les nazis aient placé devant un peloton d'exécution. Certains historiens l'appellent « l'homme au double visage. » Ancien légionnaire et général de l'armée tchécoslovaque, Alois Elias se trouvait à la tête d'un cabinet installé sous le protectorat et loyal au régime d'occupation nazie. Dans le même temps, il a lutté contre ce régime, en coopérant avec la résistance étrangère à Londres qui soutenait la résistance nationale. Il hésita longuement avant d'accepter le poste, sachant que les Tchèques le damneraient, après la guerre, mais le président Edvard Benes l'a convaincu, de son émigration londonienne, qu'il était dans l'intérêt de la nation de rester. Sans égard au risque de dénonciation, Alois Elias entretenait des contacts avec le trio légendaire de la résistance : Balaban, Moravek et Masin. Le 19 juin 1942, il a été fusillé sur le champ de tir de Prague-Kobylisy.
La question se pose de savoir comment les cendres de cet homme qui a lutté contre les nazis et que les communistes ont accusé de collaboration avec eux, ont-elles pu être sauvegardées sous ces deux régimes ? Tout d'abord, l'urne a été emmurée en secret dans le bâtiment d'un crématorium. Après la guerre, elle a été remise à l'épouse du général exécuté mais qui, par crainte du régime, l'a cachée, sans plaque d'identité du défunt, chez l'historien Tomas Pasak. Retrouvée par la famille de l'historien après sa mort, l'urne est maintenant déposée à l'Institut d'histoire militaire de Prague.
La proposition d'historiens d'organiser les funérailles militaires du général comme reconnaissance de son mérite dans la lutte pour la libération est étudiée par le Premier ministre Jiri Paroubek. Celui-ci ne s'oppose pas à ce qu'Alois Elias soit enterré au cimetière national de Slavin ou au monument national de Vitkov. Mais une décision finale ne sera prise que suite aux conclusions d'une commission gouvernementale qui a été chargée de faire une analyse approfondie du rôle joué par le général dans notre histoire.