Les couleurs européennes au Château de Prague : un événement surfait selon le Premier ministre
La République tchèque fera-t-elle partie du « noyau dur » des partisans de l’intégration européenne ? C’est du moins ce que souhaite le président Miloš Zeman qui est, sur ce point-là, aux antipodes de son prédécesseur, l’eurosceptique Václav Klaus. Or, pour le Premier ministre Petr Nečas, la levée du drapeau européen au Château de Prague, qui s’est déroulée mercredi à l’occasion de la visite de José Manuel Barroso, « ne change rien à la politique étrangère du pays ».
« Pour autant que je sache, il est courant que le drapeau européen soit érigé dans des sièges des chefs d’Etat. Il ne flotte pas au-dessus du palais de Buckingham, mais moi, je ne suis pas la reine d’Angleterre (…). Avec M. Barroso, nous faisons tous les deux partie de ce qu’on appelle le noyau dur de l’Union européenne. »
La levée du drapeau européen, ainsi que la signature, par le président Zeman, de l’addendum au traité européen qui autorise la zone euro à lancer le Mécanisme européen de stabilité, tous ses gestes ont été plutôt applaudis sur la scène politique tchèque. Un petit regret seulement de la part de certains hauts représentants politiques, notamment du chef de la diplomatie Karel Schwarzenberg, qui n’ont pas été invités à ces actes solennels et n’ont pas pu s’entretenir avec José Barroso.
Ce dernier a en revanche été reçu par le Premier ministre Petr Nečas. Pour lui, l’étendard européen « ne change rien à la politique étrangère de la République tchèque ». On l’écoute :« On peut percevoir le Château de Prague comme un siège administratif. Dans ce cas-là, il est correct qu’il y ait un drapeau européen. Ou alors, on peut le percevoir en tant que symbole de l’histoire millénaire de l’Etat tchèque, où, logiquement, ne devrait flotter que le drapeau national. Je n’y vois pas une autre optique et, personnellement, je trouve cet événement quelque peu surfait. »
En effet, avec le Premier ministre tchèque, dont le gouvernement s’est efforcé de stabiliser les finances publiques en mettant en place plusieurs réformes impopulaires, le chef de la Commission européenne a mené un débat plus terre à terre, axé par exemple sur la situation actuelle à Chypre, sur la mauvaise gestion tchèque des fonds européens ou encore sur la société énergétique ČEZ qui risque de se faire retirer sa licence en Bulgarie. A l’issue de cette rencontre, José Manuel Barroso s’est dit persuadé que le pire de la crise économique était « derrière nous », tout en soulignant qu’une Europe unifiée et son marché unique était d’une importance capitale pour l’économie européenne et sa croissance. Le président Miloš Zeman a, pour sa part, formulé un autre vœu :
« J’espère bien que lorsque la République tchèque entrera dans la zone euro, l’Europe n’aura plus le genre de problèmes qu’elle a eu ces derniers temps avec la Grèce et Chypre et que l’Union européenne apportera son aide aux pays en difficultés de manière raisonnable. »