Un gouvernement d’experts dans l’attente de législatives anticipées ?

Miloš Zeman, photo: CTK

Accueillie plutôt favorablement par les médias, l'idée de voir pour la première fois une femme devenir Premier ministre de la République tchèque a du plomb dans l'aile depuis ce week-end. Nommée par le parti démocratique civique (ODS) la semaine dernière suite à la remise de la démission de Petr Nečas, Miroslava Němcová ne sera en effet probablement pas chargée par le président de la République de former un nouveau gouvernement. Même s’il n’annoncera officiellement sa décision que mardi après-midi, tout laissait à penser, ce lundi, que Miloš Zeman préfèrera nommer lui-même un gouvernement d’experts qui serait chargé d’assurer temporairement les affaires courantes.

Miloš Zeman,  photo: CTK
Un gouvernement d’experts ou des élections anticipées. Voire les deux, avec dans un premier temps la mise sur pied d’un gouvernement provisoire en attendant la tenue d’un scrutin législatif avancé probablement à l’automne au lieu de mai 2014 comme envisagé jusqu’à présent. Tel est en substance le souhait du président de la République. Miloš Zeman l’a confirmé plus ou moins explicitement dimanche soir à l’issue de deux jours passés dans sa résidence présidentielle du château de Lány, deux jours pendant lesquels le chef de l’Etat a reçu tour à tour les responsables des six partis siégeant à la Chambre des députés :

« Même un gouvernement de technocrates, ou d’experts si vous préférez, peut très bien ne remplacer la coalition actuellement démissionnaire que jusqu’à la tenue d’élections anticipées. C’est un scénario que l’on ne peut pas exclure et qui est tout à fait envisageable. Mais cette solution sous-entend également qu’après la nomination d’un nouveau Premier ministre, un nouveau gouvernement devra être formé dans un intervalle disons d’une quinzaine de jours. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que s’achèvera le mandat de l’actuelle coalition. »

Une telle décision marquerait donc la fin une bonne fois pour toutes du gouvernement démissionnaire de centre-droit ODS – TOP 09 – Lidem, et ce bien que les trois partis partenaires entendent poursuivre leur collaboration. Mais Miloš Zeman n’oublie pas la promesse qu’il a faite à ses électeurs en début d’année lors de la campagne précédant l’élection présidentielle, à savoir la fin du gouvernement de Petr Nečas :

« Masaryk avait l’habitude de dire que réfléchir est douloureux. Je m’attends donc à avoir mal à la tête pendant deux jours encore jusqu’à mardi. Mais d’un autre côté, oui, je dois reconnaître que ma décision est déjà prise, elle est plus ou moins définitive et je pense qu’elle ne décevra pas les gens qui ont voté pour moi lors de l’élection présidentielle. »

Miroslava Němcová,  photo: CTK
Désignée par l’ODS pour remplacer un Petr Nečas contraint de démissionner de ses fonctions de Premier ministre, Miroslava Němcová ne devrait donc pas se voir confier la tâche de former un nouveau gouvernement. Une réalité qui ne surprend pas l’intéressée, qui siège actuellement à la tête de la Chambre des députés, compte tenu de l’orientation politique du chef de l’Etat :

« Le président a entendu les avis de tous les partis politiques durant ces deux jours d’entretiens et tous lui ont fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas la mise en place d’un gouvernement d’experts et qu’ils ne le soutiendraient pas si un tel gouvernement était quand même nommé. Dans ce cas, des élections anticipées restent alors effectivement la seule solution possible. Mais si le président affirme vouloir un gouvernement d’experts, cela signifie qu’il ne tient pas compte des avis des partis. C’est son droit, comme le stipule la Constitution, et, que cela me plaise ou non, il me faudra respecter sa décision. »

Bohuslav Sobotka  (au milieu),  photo: CTK
En attendant l’officialisation de la décision de Miloš Zeman mardi, le parti social-démocrate (ČSSD), principale formation de l’opposition, a de nouveau répété, par la voix de son leader Bohuslav Sobotka, qu’il restait favorable à des élections anticipées et qu’il ne soutiendrait pas, lui non plus, un éventuel gouvernement d’experts. Les communistes étant à peu de choses près sur la même longueur d’ondes que les sociaux-démocrates, le président de la République pourrait donc nommer un gouvernement d’experts qui ne disposera du soutien d’aucun parti à la Chambre des députés. Des élections anticipées deviendraient alors inévitables.