Le président de la République apaise les tensions avec Bruxelles
Ce mercredi a débuté la première visite officielle du président de la République Miloš Zeman à Bruxelles, siège de la plupart des institutions de l’Union européenne. Infléchissant la politique ouvertement anti-européenne de son prédécesseur Václav Klaus, il se doit pourtant de calmer certaines critiques européennes à l’encontre de la République tchèque, et ce dans plusieurs domaines.
« Je crois profondément dans la victoire du bon sens, ainsi que dans l’intérêt porté à près de 1 500 employés de la société Philip Morris dans la ville de Kutná Hora. [Du fait de ces mesures de restriction], nous risquons également de voir se développer un marché de contrebande, avec des cigarettes plus chères et de moins bonne qualité. Donc nous obtiendrons exactement l’inverse de ce qui est envisagé. »
Le président de la République a laissé savoir qu’il souhaitait purement et simplement que cette directive soit ajournée, s’attirant ainsi les foudres des militants anti-tabac sur place. Miloš Zeman est connu pour être un fumeur invétéré. La secrétaire générale de l’Alliance européenne de Santé publique (EPHA) Monika Kosinska ne s’est toutefois pas gênée pour s’indigner de cette prise de position émanant d’un chef d’Etat européen. Monika Kosinska :« Il est quand même incroyable, qu’un homme important, tel que le président de la République tchèque, ait un positionnement très personnel sur le sujet. S’il veut continuer à fumer, il le fera, malgré l’apparence du paquet de cigarettes. Mais pour les 700 000 enfants qui commencent à fumer chaque année, l’attirance qu’ils peuvent avoir pour le design de ces paquets est un sujet important. »
Un autre sujet évoqué à Bruxelles, non moins important, a trait à l’absence de législation tchèque sur la déontologie, les droits et obligations des fonctionnaires, ce qui pourrait avoir pour conséquence l’arrêt des versements des fonds européens, qui représentent une manne d’argent de plusieurs milliards de couronnes. Même si l’ancien gouvernement de Petr Nečas avait préparé une telle loi, la dissolution de la Chambre des députés le 20 août dernier n’a pas permis aux parlementaires de prendre parti sur le sujet. Miloš Zeman, ainsi que d’autres hommes politiques, espèrent que Bruxelles se montrera indulgent, en raison de l’actuelle situation politique dans le pays, alors que des élections législatives anticipées doivent s’y tenir fin octobre.
Ce mercredi, le chef de l’Etat a également dîné avec le président de la Commission européenne, le libéral José Manuel Barroso, lequel lui a promis de faire pression sur le Canada, afin de lever l’obligation de visas pour les ressortissants tchèques. Il a également rencontré Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, ce jeudi, avec lequel il a, à nouveau, tenu à évoquer la directive européenne de restriction du tabac, qu’il n’apprécie décidément pas.Même s’il s’agit d’une rupture avec la politique anti-européenne de son prédécesseur, Vaclav Klaus, lequel avait refusé de hisser le drapeau européen sur le Château de Prague, Miloš Zeman, qui s’est décrit comme « un pompier devant éteindre les reproches de la part de l’Union européenne à l’égard de la République tchèque », ne semble toutefois pas vouloir se conformer tout à fait aux décisions de Bruxelles.
Miloš Zeman achève cette visite de deux jours en se rendant au siège de l’alliance militaire de l’OTAN. Il a assuré que le débat sur le tabac n’y était pas à l’ordre du jour.