Les couples homosexuels pourront-il bientôt se marier en République tchèque ?

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La cinquième était la bonne : après quatre tentatives infructueuses, vendredi dernier, les députés tchèques ont adopté le projet de loi sur le partenariat enregistré. Un premier pas vers la reconnaissance des couples homosexuels ?

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Aux Pays-Bas, en Belgique, même dans la très catholique Espagne, les couples homosexuels peuvent se marier et bénéficier des mêmes droits que les couples hétérosexuels. Huit autres pays européens ont également une législation proche de celle que prévoit le projet de loi tchèque adopté par les députés, à 86 voix contre 56, vendredi. S'il a fallu soumettre le texte au vote à cinq reprises, c'est bien parce qu'il a dû être remanié après avoir été rejeté par des députés qui l'estimait trop laxiste. La dernière version finalement adoptée prévoit la possibilité pour les couples homosexuels de faire enregistrer leur union dans les registres d'état-civil. Grâce à cette reconnaissance légale, ils pourront désormais bénéficier de droits tels que la possibilité d'obtenir des informations sur la santé de son partenaire ou le droit d'héritage. Par contre, en cas de décès d'un des deux partenaires, la loi ne prévoit pas de pension de veuvage par exemple. Sans parler de la question sensible de l'adoption des enfants : si certains pays européens ont déjà franchi le cap et l'ont légalisée, la loi tchèque ne va pas aussi loin.

Pour Katerina Benova, porte-parole de la Ligue des Gays et Lesbiennes, qui s'est exprimée dans le quotidien Lidove noviny, c'est « un premier pas vers la suppression de discriminations », mais elle ajoute cependant que la loi reste une des plus strictes d'Europe, car elle est le fruit d'un compromis. En outre, rien n'est gagné puisqu'elle doit encore passer par le Sénat ainsi qu'être en dernier lieu signée par le président Vaclav Klaus. Vendredi dernier, à la Chambre des députés, la plupart des votes défavorables à la loi ont été le fait des députés du parti de l'ODS, or celui-ci possède la majorité à la Chambre haute. Premysl Sobotka est président du Sénat tchèque, lui-même issu de ce parti. Ecoutons son avis sur le sujet :

Premysl Sobotka
« Il s'agit d'un débat qui concerne toute la société, et qui évolue. Je peux dire que ce ne sera clairement pas une affaire de 80% pour, et 20% contre. Je vois plutôt quelque chose comme 55% pour et 45% contre. Moi personnellement, je n'ai aucun problème par rapport à cela et dans notre groupe politique, à l'ODS, je vois un rapport de forces 50-50, avec plutôt une petite avance en faveur du oui. »

Toujours est-il que que si la loi passe les étapes suivantes du processus législatif sans encombres, la République tchèque sera le premier état de l'ex-bloc de l'Est à proposer un tel cadre juridique aux couples homosexuels. Si, à côté d'autres législations européennes, encore plus tolérantes, la République tchèque peut faire figure un peu palotte, rien à voir néanmoins avec sa voisine polonaise où, le mois dernier, la ville de Poznan a été marquée par des affrontements d'ultra-catholiques contre un rassemblement d'activistes homosexuels venus défendre leurs droits.