Les décrets du Président Benes reviennent sur le tapis

Le Premier ministre tchèque, Vladimir Spidla, photo: CTK

Il semble que les succès remportés auprès des tribunaux tchèques, dans la question de la restitution des biens d'un représentant d'une des plus importantes anciennes familles nobles tchèques, les Kinski, du moins d'une de ses branches, causent les plus grands problèmes aux politiciens tchèques.

Il aurait pu sembler, que le thème des décrets du Président Benes serait une fois pour toutes bel et bien enterré ; ces décrets qui, après la Deuxième Guerre mondiale, et sur l'initiative des Alliés, avaient conduit au transfert des Allemands des Sudètes et à la confiscation des biens des nazis et des collaborateurs avec l'Allemagne nazie. Le temps semble être revenu en arrière. En effet, un membre d'une branche de la grande famille noble des Kinski, Frantisek Oldrich, devant être de nationalité argentine, mais possédant aussi la nationalité tchèque, anciennement tchécoslovaque, dont les origines sont quelque peu douteuses, vient de remporter plusieurs procès sur la restitution de ses biens. Les tribunaux régionaux tchèques ont rendu leurs verdicts sur la base du fait que Frantisek Oldrich Kinski ne peut être tenu responsable des actes de son père, qui se déclarait ouvertement pour les nazis, et qui avait, d'ailleurs abandonné sa nationalité tchécoslovaque. La confiscation des biens tombait donc sous l'effet des décrets du Président Benes. Kinski argumente en affirmant qu'il avait hérité de ses biens de son grand-père, et qu'il était mineur. Il possède aussi un passeport tchèque. Une cause assez unique en son genre, mais où l'enjeu est de quelques 40 milliards de couronnes, en biens divers.

Vladimir Spidla,  photo: CTK
Le Premier ministre tchèque, Vladimir Spidla, ne l'entend pas de cette oreille. On parle d'un amendement à la Constitution qui empêcherait de discuter le bien-fondé des décrets du Président Benes, une fois pour toutes. Il ne pourrait plus être question de la restitution des biens confisqués, sur la base des accords de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ou de dédommagement des Allemands des Sudètes. En effet, Frantisek Oldrich Kinski a réussi à contourner les fameux décrets, en présentant ses revendications sur la base du droit civil. Il utilise un très simple argument dans ses 157 plaintes : les biens n'ont jamais été confisqués à sa personne, mais à son père. Attention ! Ce dernier n'en était pas le propriétaire, c'était le grand-père ! Le petit-fils, Frantisek Oldrich avait donc pu en hérité.

La diplomatie tchèque craint une certaine détérioration des rapports tchéco-allemands. Pourtant, le Parlement allemand vient de donner son accord à l'adhésion de la Tchéquie à l'Union européenne, tout en refusant la demande de la formation CDU/CSU, du Premier ministre bavarois, Edmund Stoiber, de demander à la République tchéque d'abolir les décrets du Président Benes. Les milieux politiques tchèques attendent une solution définitive du problème, lors de la visite attendue du Chancellier allemand, Gerhard Schroeder, en septembre prochain.