Les différentes facettes de la situation économique en Tchéquie aux yeux des médias

Photo: Barbora Kmentová

Ce sont notamment des articles portant sur des sujets d’ordre économique que nous avons choisis dans la presse de cette semaine. Nous avons également suivi les réactions à la fondation d’une nouvelle formation politique par le sénateur Tomio Okamura qui utilise dans son appelation le mot controversé « aube ».

Photo: Archives de Radio Prague
La Croatie, la Grèce, l’Egypte, la Turquie, l’Italie, telles sont les destinations de vacances préférées des Tchèques. Comme le signale le supplément économique du quotidien Lidové noviny de ce mardi, elles seront cette année autant recherchées par les touristes tchèques que durant les années précédentes, en dépit du fait que les vacances au bord de la mer leur coûteront plus cher. Il explique :

« Désormais, une semaine au bord de la mer en Italie coûtera à une famille de quatre membres près de 5 mille couronnes (200 euros) de plus qu’en 2012, en raison de la hausse de la taxe de séjour. Les prix montent aussi, pour toute sorte de raisons, dans d’autres pays. Toutefois, les agences de voyage s’attendent à une bonne saison, car elles vendent déjà leurs séjours mieux encore que l’année écoulée, les touristes s’intéressant plus particulièrement aux voyages ‘first minute’. »

Si la Croatie demeure traditionnellement le pays de prédilection des Tchèques, c’est la Grèce qui est la destination la moins chère et qui attire cette année plus que jamais, avec une hausse de quelque 75% des ventes de voyages. La Bulgarie elle aussi est à l’honneur, elle qui était la destination privilégiée des Tchèques sous le communisme et que ceux-ci commencent à redécouvrir.


Dans les pages du quotidien économique Hospodářské noviny, Luděk Niedermayer, vice-gouverneur de la Banque nationale tchèque, se penche sur la situation de l’économie du pays, constatant que tout ne va pas pour le mieux. La récession continue et la réduction du déficit de la dette de l’Etat s’avère plus difficile à mettre en œuvre que prévu. De ce fait, souligne-t-il, il est grand temps de ne plus considérer l’économie nationale avec un optimisme exagéré, comme on aime souvent le faire, ceci en dépit du fait que le taux chômage en Tchéquie (près de 8%) soit plus bas que dans la plupart des pays de l’Union européenne car celui-ci reste tout de même, à l’échelle nationale, le plus élevé depuis 1989. L’auteur de l’article observe également :

Photo: Barbora Kmentová
« C’est aussi la grande politisation du débat sur la situation économique qui empêche de porter un regard analytique sur les faits et les données brutes. On voit en effet que le discours de l’opposition insiste sur une situation désastreuse, tandis que le gouvernement accentue ses propres succès dans la lutte contre l’endettement... Les experts qui s’interrogent sur les raisons de la faible croissance de notre économie n’arrivent pas pour leur part à donner une réponse unanime. »

Ce qui semble certain selon l’économiste Luděk Niedermayer, c’est que pratiquement tous les gouvernements précédents sont responsables de l’état actuel et que la « faute » de l’actuel gouvernement est probablement moins importante que celle de ses prédécesseurs. En conclusion de son analyse, il écrit :

« Il y a lieu de se demander comment le nouveau gouvernement qui sera issu des prochaines élections législatives en 2014 s’occupera des problèmes économiques. Chercher des solutions réfléchies et efficaces ne constitue pas un programme attrayant. Mais on ne peut plus se permettre des expérimentations économiques qui risquent de faire tout basculer sans apporter une certaine amélioration. »

Le serveur iDnes.cz cite pour sa part le discours du gouverneur de la Banque nationale tchèque, Miroslav Singer, prononcé au récent Forum économique de Žofín et selon lequel il est peu probable que les Tchèques adoptent l’euro d’ici l’an 2017 bien que, techniquement parlant, cette alternative serait possible. Il explique :

« La décision découlera du débat politique et moi-même je ne vois en ce moment aucune raison pour précipiter notre adhésion à la zone euro. En effet, l’euro est primairement un problème politique ».


« A la recherche d’un job, des milliers de jeunes de l’Europe du Sud viennent en Tchéquie. » C’est ce que titre un des articles publiés dans l’hebdomadaire Respekt qui se penche sur ce nouveau phénomène, l’illustrant avec plusieurs exemples concrets, dont celui de Francesca Gogolie, 23 ans, qui a décidé de quitter, il y a plus d’un an, la ville de Tarent en Italie du Sud, dans laquelle elle n’arrivait pas à trouver du travail :

Photo: Commission européenne
« D’abord elle a cherché en France et en Allemagne, mais en vain. Puis, elle a décidé d’aller à l’improviste à Prague sans savoir ce qui l’y attendait, connaissant seulement la légende qui prétendait que Prague était un ville sûre, dans laquelle la vie n’était pas chère et dans laquelle il n’était pas difficile de trouver un emploi. Elle y est effectivement arrivée au bout de deux semaines, dans un bistro italien, et puis dans une agence de voyage... Aujourd’hui, elle profite de son indépendance, sachant qu’elle peut repartir à tout moment chez elle, car elle ne veut pas s’établir ici pour de bon. »

Les agences de personnel tchèques qui s’occupent des ressortissants étrangers en quête d’un travail indiquent que cette tendance est en hausse depuis près de trois ans. Ce sont en premier lieu les jeunes Espagnols et Italiens, pour la plupart des diplômés universitaires, qui cherchent un emploi en Tchéquie. L’hebdomadaire précise :

« Officiellement, il y a en Tchéquie quelque trois mille travailleurs d’Espagne, d’Italie ou du Portugal. Ces données ne couvrent pas cependant ceux qui travaillent au noir et dont le nombre est estimé à une dizaine de milliers de personnes... Malgré cet intérêt accru, il faut souligner que la Tchéquie n’est que le deuxième ou troisième choix pour ces demandeurs d’emploi, comme le confirment d’ailleurs les statistiques de l’Eurostat. Ce sont la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne qui demeurent pour eux priroritaires.


L’entreprise Yoplait se retire définitivement de la Tchéquie. Ce producteur de produits laitiers avait d’abord fermé son usine dans la commune de Slušovice, fondée en 1995 sous le nom de Galas Slusovice, pour transférer sa production depuis 2011 en France. Cette information a été publiée sur le serveur Tyden.cz qui a apporté d’autres précisions sur ce départ :

« L’entreprise n’était plus capable d’affronter la concurrence d’autres acteurs sur le marché qui fabriquent leurs produits directement en Tchéquie. De ce fait, une trentaine d’employés de Yoplait Czech ont été licenciés avant la fin du mois d’avril. »

Le serveur note que Yoplait Czech faisait partie d’importants vendeurs de produits laitiers et de yaourts en République tchèque et rappelle que les marques Madeta, Olma et Danone étaient ses principaux concurrents.

Le journal Mladá fronta Dnes a récemment informé qu’un grand nombre de milliardaires slovaques, dont la liste a été publiée par le mensuel slovaque Forbes, ont un trait en commun : c’est qu’ils ont gagné ne serait-ce qu’une partie de leur fortune en Tchéquie ou dans d’autres pays de l’Europe centrale. Une occasion pour l’auteur de l’article de constater que pour la plupart des millairdaires slovaques - Andrej Babiš, Jaroslav Haščák, Tomáš Chrenek, Patrik Tkáč – l’existence de la Tchécoslovaquie n’a jamais vraiment pris fin.


Une nouvelle formation fait son entrée sur la scène politique, à moins d’un an des prochaines élections législatives. Pour le commentateur Petr Honzejk du quotidien Hospodářské noviny, déjà cité, les principales caractéristiques de cette formation, fondée par le sénateur Tomio Okamura et intitulé L’Aube de la démocratie ouverte (Úsvit přímé demokracie), sont source d’inquiétude. Il explique :

Tomio Okamura,  photo: Tomáš Ton,  ČRo
« Le programme de ce nouveau mouvement implique un mélange de bêtises, de confusions, de points qui existent déjà, ainsi que des projets qui sont dangereux, dont la révocabilité des représentants politiques et des juges. On a affaire à des idées populistes qui défient les principes démocratiques. »

L’auteur de l’article rappelle dans ce contexte le parti grec Aube dorée, une formation xénophobe et néonazie, qui utilise dans son appelation, elle aussi, le terme d’ « aube ». Il écrit :

« Dire que ce parti ultranationaliste grec soit dangereux pour la démocratie serait politiquement trop correct. On peut certes s’attendre à ce que les sympathisants d’Okamura soient moins sauvages que leurs confrères grecs, il faudra toutefois suivre avec vigilence leur combat ‘pour la bonne cause, pour le règne du peuple et l’épuration de la politique’. »

En 2012, l’entrepreneur Tomio Okamura, à l’époque sans parti, a remporté une victoire sans équivoque lors des élections sénatoriales dans la région de Zlín, en Moravie du sud, son district électoral. Il avait cependant été écarté de la campagne présidentielle en janvier 2013 par la Cour constitutionnelle pour défaut dans le nombre de signatures requises pour pouvoir se présenter.