Les enfants
Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Avec le début du mois de septembre arrive la rentrée des classes et avec elle le moment de se séparer pour une partie de la journée des nos petites têtes blondes. Qu´ils soient sages ou chenapans, on ne peut s´empêcher de donner des petits noms affectueux aux enfants. Du bout de chou au zozo, les appellations sont nombreuses pour parler des tout petits, et il en est de même en tchèque. Grâce au langage des enfants - « dětská řeč », essayons donc de comprendre le sens de ces petits mots.
En outre, le mot enfant - « dětí », peut prendre une forme diminutive et se transformer en « děťátko» qui donnera alors en français le mot « gamin » ou « bambin ». Quand ils sont âgés de deux à cinq ans, on peut mettre l´accent sur l´aspect tout petit des enfants et simplement les appeler le « petiot » ou la « petiote ». En tchèque on trouvera l´équivalent « prcek » qui peut aussi signifier le « moustique », le « moucheron » ou la « puce » quand on repasse au français. Il ne faut pas oublier que dans les deux langues, on s´accorde à dire que « Co je malý, to je hezký! » soit en français « ce qui est petit, est mignon ! »
Quand vient le moment d´exprimer son affection, les Tchèques utilisent principalement les mots « miláček », « drahoušek » et « brouček ». L´étymologie et la signification de « miláček » et « drahoušek » sont assez évidentes puisqu´il s´agit du petit « milý », c’est-à-dire celui qui est aimé, notre petit chéri ou petite chérie, et du petit « drahý », celui qui nous est cher et précieux, donc notre « mamour » ou « loulou/louloute ». « Brouček » marque également l´attachement et la tendresse que l´on porte à son enfant ou à une personne que l´on aime. Il s´agit du diminutif de « brouk » - un scarabée, et appeler son enfant « brouček » revient donc littéralement à lui dire « mon petit scarabée ». En français, on ne parle pas de coléoptères mais de choux. On peut donc traduire « brouček » par « bout de chou » : on dira « mon chou » ou « mon petit chou » ou encore c´est « un chou » pour désigner un enfant mignon. Pour désigner le préféré des parents, on parlera du « chouchou » ou de la « chouchoute ».Sur la même base que « chouchou », il existe le verbe « chouchouter », mais dans ce cas on utilisera de préférence en tchèque le verbe « mazlit » ou « pomazlit » et les mots « mazel », « mazlík » ou « mazlíček » pour désigner les enfants qui aiment se faire cajoler et dorloter. Pareillement, on emploiera « mazánek » ou « rozmazlenec » pour le chouchou ou l´enfant gâté de la famille. On peut noter que quand on parle de « maminčin mazánek », il ne fait aucun doute qu´il s´agit du préféré, du petit chéri à sa maman puisque « maminčin » vient de « maminka » qui désigne dans le langage affectif des enfants la maman.
Mais les enfants ne sont pas que des bouts de chou, et parfois ils nous touchent aussi avec leurs étourderies, leurs sottises ou autres idioties. Tout d´abord, l´adjectif « hloupý » veut dire « bête ». « Hlupák » ou « hlupáček » se traduit donc simplement par « bêta » ou «benêt », mais ne possède généralement pas une connotation très positive. Toutefois, il existe une pléiade d´autre mots plus affectueux pour parler de ces « benêts ». Parmi eux on trouve « trumpeta » et « trubka » qui désignent en fait des instruments de musique : la trompette et le trombone. Ces instruments creux qui laissent passer l´air évoquent les petits esprits vides des « zozos », « dadais » ou autres « andouilles », des idiots ou naïfs qui font naturellement des gaffes ou disent facilement des bêtises.L´adjectif « bambulatý », qui veut dire « en forme de boule », aide à comprendre le sens du mot « bambula », un « pompon » qu´on utilise pour parler d´une personne niaise et empotée. En français, on retrouve la même idée d´une tête ronde mais on y ajoute l´idée d´une tête vide comme dans une « gourde » ou dans le vocabulaire légumier comme un « navet » ou une « courge ». Sur le même registre de la cavité, on trouve en tchèque « trouba » qui signifie le « four » et qui peut se traduire par une « cruche » ou un « nigaud » et une « nouille » quand on fait allusion à une personne imbécile et maladroite.
Cependant rappelons que la différence entre « bambula », « trumpeta », « trouba » et « trubka » ne dépend que du degré d´affection qu´on mettra dans le mot, et que, dans tous les cas, toutes ces appellations tchèques sont très gentilles et toujours affectueuses, du moins lorsqu’il s’agit d’enfants.
Enfin, il existe en français l´expression « tête de linotte » ou « cervelle de moineau » pour désigner une personne légère, étourdie ou irréfléchie. En effet, pour les Français, les oiseaux sont considérés comme ayant un petit cerveau et donc peu de présence d'esprit. En tchèque, pour parler d´une personne écervelée, l´accent sera plutôt mis sur les trous et le manque de mémoire comme dans « hlava děravá » et la phrase « má děravou paměť » où l´on retrouve l´adjectif « děravý », qui veut dire « troué ». Avoir « une tête trouée » ou « la mémoire trouée » dénote donc le fait d´être étourdi, d’être « une tête sans cervelle ». A l´avenant, on trouve le terme « popleta » venant du verbe « poplést », qui signifie être confus ou embrouillé, ou de « poplést se » - se brouiller ou s´embrouiller. Ce verbe réfère à l´étourderie, et « popleta » désigne ainsi une personne brouillonne et tête en l´air comme dans l´expression « to jsem ale popleta! » c´est à dire « comme je suis étourdi ! », une expression que de nombreux enfants tchèques aiment utiliser.C’est ainsi que s’achève ce « Tchèque du bout de la langue » consacré donc aux multiples façons qui existent dans la langue tchèque de désigner les enfants et leur côté disons comique. Dès la semaine prochaine, nous reviendrons à l’étude des noms de certains quartiers pragois. D’ici-là, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !