Les enquêteurs découvrent des millions de litres d’alcool de contrebande
La police tchèque a mis la main, un peu partout en République tchèque, sur environ un million de litres d’alcool de contrebande, des réserves de spiritueux qui étaient dissimulées dans des caches en sous-sol. Un nouveau rebondissement dans l’affaire de l’alcool frelaté qui, en septembre dernier, avait incité le gouvernement à interdire la consommation d’alcool fort et a depuis entraîné de nombreuses hospitalisations et le décès d’une quarantaine de personnes.
En effet, la police avait déjà mené des recherches en ce sens, faisant d’abord chou blanc avant de découvrir ces millions de litre d’alcool enterrés dans le sous-sol d’anciennes fabriques désaffectées. Robert Šlachta, chef de l’Unité de lutte contre le crime organisé :
« Nos détectives avaient déjà entrepris une fouille de ces lieux, mais ce n’est qu’après une enquête encore plus minutieuse que nous avons découvert que certaines citernes étaient cachées jusqu’à deux mètres sous le sol, sous le béton, de façon à ce que personne ne puisse les découvrir. C’est un cas exceptionnel : nous-mêmes étions stupéfaits des techniques sophistiquées utilisées pour entreposer cet alcool. »Une fois ces citernes localisées, les enquêteurs ont mis à jour des réserves contenant de l’alcool à 96%, vraisemblablement sous terre depuis longtemps. Selon Robert Šlachta, cet entrepôt d’alcool de contrebande ne semblait pas utilisé depuis quelques années. Preuve de la sophistication du système de cache, les enquêteurs n’ont pas encore trouvé la façon dont ces citernes étaient vidées et remplies. Les autorités évoquent à propos de cette découverte un manque à gagner fiscal de près de 300 millions de couronnes. Les recherches se poursuivent donc pour déterminer à qui appartiennent ces litres d’alcool de contrebande qui, une fois l’enquête terminée, seront revendus aux enchères.
Car si l’alcool de contrebande découvert n’est pas frelaté, les enquêteurs estiment tout de même qu’il est lié à l’affaire de l’alcool coupé au méthanol qui, depuis le début de la crise en septembre dernier, est responsable de dizaines d’hospitalisations et du décès de plus de quarante personnes. Et pour cause : les propriétaires d’au moins un des terrains, lieu de la découverte, sont à l’heure actuelle sous les verrous, tous deux étant considérés comme à l’origine de l’affaire de l’alcool frelaté. Václav Kučera, adjoint du président de la police :« L’affaire de l’alcool frelaté s’est développée sur le terreau de cette production de contrebande et de ce marché. Donc il y a un lien évident. Il est clair que cette découverte n’a pu être possible qu’à la suite des événements tragiques de septembre dernier. Grâce à l’enquête ouverte alors, nous avons découvert la source de l’empoisonnement et avons entamé des recherches plus globales sur la production de l’alcool de contrebande. »
Car cette affaire aux conséquences dramatiques, qui a poussé le gouvernement à interdire la vente d’alcool à plus de 20% pendant plusieurs semaines à l’automne dernier, ne serait en réalité que la partie émergée de l’iceberg. Un récent documentaire intitulé « La république frelatée », diffusé dans le cadre du cycle Český Žurnál sur la télévision publique tchèque, dénonçait l’impuissance et l’aveuglement des autorités publiques en amont, voire parfois leur implication, dans le développement exponentiel d’un marché noir de l’alcool, plus ou moins au vu et au su de tous.De nombreux militants associatifs y regrettent le fait qu’il ait fallu une crise d’une telle ampleur pour que le monde politique réagisse et, comme la police aujourd’hui, ils n’excluent pas que de nouvelles découvertes, similaires à celle de ces millions de litres d’alcool, soient encore faites dans les temps à venir.