Les enseignants tchèques sont les moins bien payés d’Europe

Photo: Filip Jandourek

En comparaison avec leurs collègues des autres pays européens, les enseignants en République tchèque ont les salaires les moins élevés. C’est le cruel constat d’une enquête menée dans le cadre du CERGE-EI, un institut de recherches économiques basé à Prague. Un travail qui interroge sur l’importance que la Tchéquie accorde au secteur de l’éducation.

Photo illustrative: Filip Jandourek,  ČRo
Les salaires des enseignants ont bien augmenté ces dernières années, mais cela ne suffit pas, ils restent les plus faibles de tous les pays membres de l’Union européenne et de l’OCDE. Pour Daniel Münich, les résultats de cette étude dont il est le coauteur sont sans appel :

« De la comparaison internationale il ressort qu’un professeur tchèque a en moyenne un salaire qui correspond à 56% de celui d’une personne diplômée de l’enseignement supérieur […]. Nous avons regardé toute une série d’autres indicateurs et le message est indiscutable : la République tchèque est à la fin du classement. »

Daniel Münich,  photo: Šárka Ševčíková
L’année dernière, le salaire brut moyen des enseignants était à peine de 30 000 couronnes, environ 1 145 euros. Depuis vingt ans, il n’a en fait quasiment pas évolué en comparaison avec le salaire brut moyen tchèque, qui s’établissait pour sa part à près de 27 900 couronnes au premier trimestre de cette année. Les promesses des gouvernements successifs pour améliorer la situation n’ont pourtant pas manqué. Daniel Münich :

« Nous avons voulu montrer que tous ces discours sur le caractère prioritaire de l’éducation, sur la volonté des gouvernements de faire en sorte que les salaires des enseignants atteignent enfin un niveau digne ou en tout cas un niveau qui puisse être motivant, se sont avérés être de fausses promesses. Dans les faits, la situation des professeurs par rapport aux autres professions ne s’est pas améliorée. C’est quelque chose de très important pour cette nouvelle génération de jeunes gens qui envisagent, ou plutôt malheureusement qui n’envisagent pas de devenir enseignants en République tchèque, car ils ne croient plus à ces promesses. »

Photo: Filip Jandourek
En 2016, le gouvernement de Bohuslav Sobotka a procédé à l’augmentation des salaires de nombreux employés du secteur public. Or selon l’étude du CERGE-EI, le corps enseignant est celui qui en a le moins profité. Il existe cependant un nouveau projet dont le ministère de l’Education promet qu’il garantira une hausse des salaires des professeurs. Les députés, qui devaient l’examiner fin juin, n’en ont pas eu le temps et devraient finalement se pencher dessus lors de leur ultime session le 11 juillet. Il s’agit d’une réforme du calcul des salaires des professeurs avec l’introduction d’une grille salariale à trois échelons. Les pédagogues pourraient gravir ces échelons en fonction, non plus de leurs années d’expérience, mais de la qualité de leur enseignement, un système qui ne satisfait évidemment pas tout le monde.