Les événements de 1989 en photos à l’Hôtel de ville de Prague

« L’année 1989 vue par les photographes », c’est le titre de l’exposition que propose ces temps-ci la galerie du vieil Hôtel de ville de Prague. Vingt ans après la chute du rideau de fer, les quelque 300 photographies présentées permettent une plongée dans le temps et dans l’atmosphère éclectrique d’un des plus grands événements de la fin du XXe siècle.

Si le titre de l’exposition évoque la date symbolique de 1989, les photographies présentées, elles, remontent à 1988 et aux événements qui ont servi de prélude à la révolution de Velours en Tchécoslovaquie. 21 août 1988 : pour la première fois depuis l’invasion soviétique de 1968, les gens ressortent dans la rue pour commémorer l’événement. Autres photographies très poignantes : la fuite des Allemands de l’Est par l’ambassade d’Allemagne de l’Ouest à Prague. Parmi les badauds, Miloš Forman, en tournage à Prague, que l’on peut voir sur une photo, lui même armé d’un appareil. Puis, la chute du Mur de Berlin où les photographes tchèques sont présents. Et enfin, la révolution de Velours... tardive, mais pacifique. Sous les photographies exposées à l’hôtel de ville, les noms de tous les photographes qui ont immortalisé ces événements exceptionnels. Des noms bien connus aujourd’hui, comme le précise Daniela Mrázková, la commissaire :

« Les noms des photographes sont très connus dans la photo tchèque. La plupart sont professionnels, hormis deux. On retrouve des célébrités comme Karel Cudlín, Herbert Slavík, Jaroslav Kučera, Roman Sejkot, Josef Ptáček... Ce qui est intéressant, c’est que tous les photographes sont sortis dans les rues et tous ont pris en photo les événements quelle qu’ait été leur spécialisation d’origine. Ils ont été happés par les événements. »

C’est le cas notamment de Roman Sejkot. Ses photos font voir notamment l’euphorie d’inconnus dans la rue, lors de la démission du Comité central du Parti communiste ou encore après l’élection de Václav Havel, président de la République tchécoslovaque. 20 après, Roman Sejkot se souvient :

« Je me rappelle surtout l’atmosphère de joie. Une atmosphère de créativité. On ne le voit peut-être pas beaucoup sur ces photos mais les murs étaient placardés de posters, avec des slogans enthousiastes, des poèmes. C’est ce qu’on appelle la créativité populaire. C’était drôle, ludique. C’est assez caractéristique de l’esprit tchèque : c’est quelque chose que nous avons en nous, mais que nous n’exprimons que dans des situations critiques et extrêmes. »

Une créativité tous azimuts qui faisait pendant à celle exprimée pendant les journées qui avaient suivi l’occupation de la Tchécoslovaquie en 1968. Sauf qu’en 1989, un peu plus de 20 ans après, les jeux étaient enfin faits pour le régime communiste. Les photos de 1968 et celles de 1989 ont cela de commun encore qu’elles sont pour la plupart en noir et blanc. Celles exposées à l’hôtel de ville, le sont majoritairement, comme le précise Daniela Mrázková :

« On trouve aussi ici des photos en couleurs prises par un photographe qui faisait de la couleur, Jan Ságl. Mais il y a 20 ans, les événements se photographiaient encore souvent en noir et blanc. Ensuite, je pense qu’elles sont beaucoup plus impressionnantes. Les événements apparaissent de manière beaucoup plus dramatiques quand ils sont en noir et blanc. »

L’exposition « L’année 1989 vue par les photographes », c’est jusqu’au 14 octobre, à l’hôtel de ville de Prague.