Les experts tchèques et la tragédie de Moscou
L'intervention des forces de sécurité contre les terroristes au Palais de la Culture à Moscou soulève toujours de nombreuses questions. Les experts tchèques s'interrogent, eux aussi, sur la leçon qu'il faut tirer de cette tragédie.
Le mystère plane toujours sur le gaz qui a tué, à la suite de l'intervention contre les terroristes, au moins 115 des 700 otages du Palais de la culture de Moscou. Etait-ce un gaz paralysant, une substance à base des dérivés de l'opium ou une arme secrète qu'on n'identifie pas encore? Tandis que les autorités russes se félicitent du succès de cette opération, l'attitude des observateurs et des experts tchèques reste mitigée. On estime en général que le prix qu'on a été obligé de payer pour l'utilisation de ce moyen efficace était trop grand. Le médecin de l'armée tchèque Tomas Brabec se déclare convaincu qu'il s'agissait d'une substance militaire et que la Russie a été le premier pays à l'utiliser lors d'une opération de la police. Un expert de l'Académie de l'armée tchèque désirant garder l'anonymat estime qu'il s'agit d'une nouvelle substance psycho-active car la Russie poursuit sans relâche le programme de développement de nouvelles armes. Quant au chef de l'Unité d'intervention rapide Libor Ochman, il ne met pas en cause l'efficacité de l'opération mais déplore l'absence des mesures pour sauver immédiatement les personnes atteintes par le gaz. Pourquoi, demande-t-il, il n'y avait pas de médecins pour administrer, déjà pendant l'évacuation, un antidote aux otages menacés d'asphyxie? Libor Ochman ne pense pas que son unité utiliserait le gaz dans une situation semblable, car elle ne dispose pas de tels moyens et manque d'expériences dans ce domaine. Il espère qu'une attaque terroriste de ce genre ne se produira pas pendant le prochain sommet de l'OTAN à Prague mais avoue qu'on ne peut pas exclure tout à fait cette possibilité. Selon le chef adjoint du comité tchèque de Helsinki, Pavel Bilek, la Russie est soupçonnée d'avoir utilisé un gaz du groupe des substances interdites par des traités internationaux. "Il est toujours très difficile de trouver une issue à une telle situation", dit Simon Panek de l'association L'homme en détresse tout en ajoutant que la méthode utilisée contre les terroristes à Moscou devrait être soumise à un examen très sévère.