À Prague, une tentative d’incendie criminel orchestrée par Moscou
Un homme originaire d’Amérique du Sud a été interpellé par la police tchèque, samedi, après avoir tenté d’incendier des autobus à Prague. Il a été accusé de terrorisme et placé en détention provisoire. D’après le Premier ministre tchèque, cette tentative d’incendie criminel était vraisemblablement orchestrée par la Russie.
Journaliste d’investigation du quotidien Deník N, Zdislava Pokorná a résumé les faits, ce mercredi, sur la Radio tchèque : l’incident s’est produit jeudi dernier dans un grand dépôt de bus et de trolleybus appartenant à la société de transport pragoise et situé en périphérie de la capitale, non loin de l’aéroport militaire de Kbely. L’homme de 26 ans qui serait, d’après les médias, originaire de Colombie, a réussi à pénétrer dans le hall hautement sécurisé. Il a aspergé d’essence plusieurs bus et a tenté de les incendier, causant des dégâts qui s’élèvent à environ 200 000 couronnes.
« Il s’est passé quelque chose d’assez important », poursuit la journaliste. « Alertés par la fumée, les employés de la société de transport ont aussitôt transmis l’information à la police. Ils se sont peut-être rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’un simple acte de vandalisme. » La police et les services de sécurité ont, eux aussi, immédiatement réagi, entre autres en renforçant les mesures de sécurité dans les lieux publics à Prague. Le suspect, âgé de 26 ans, a été arrêté samedi. Il s’était rendu en Tchéquie cinq jours avant l’incident.
Lundi, à l’issue du Conseil de sécurité de l’État, le Premier ministre Petr Fiala a déclaré :
« Il est fort probable que cette attaque soit orchestrée et financée par la Russie. Cela fait partie de la guerre hybride menée contre la Tchéquie. Nous devons y faire face et l’arrêter. »
Le chef du gouvernement a ajouté que plusieurs pays européens, ont récemment signalé des cas de sabotage attribués à Moscou. Une récente série d’incendies en Pologne, dont l’un dans l’un des plus grands magasins de Varsovie ou encore une tentative d’incendie d’un centre Ikea en Lituanie ont été évoqués dans ce contexte. Ministre de l’Intérieur, Vít Rakušan a confirmé que la Tchéquie était également dans le viseur des services russes :
« Jusqu’à présent, nous étions habitués essentiellement aux attaques hybrides de la part de la Russie, plus précisément aux cyberattaques contre les infrastructures locales. A présent, nous sommes passés à une autre étape, où ces attaques peuvent effectivement être ciblées contre des sites réels. »
L’un des objectifs des actes de sabotage qui se multiplient en Europe est de déstabiliser l’opinion publique, comme l’explique le commentateur de la Radio tchèque Petr Hartman :
« Il sera difficile de convaincre une partie de la population tchèque que le ressortissant étranger arrêté à Prague est un saboteur recruté par la Russie. Les gens le prennent pour un individu dérangé ou alors ils voient même dans cet événement une provocation des services de renseignement tchèques. C’est justement l’un des buts de ces opérations : susciter la peur parmi les citoyens, créer la méfiance à l’égard du travail des de la police et un climat d’insécurité. »
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Selon Petr Hartman, dans ces cas de sabotage, l’ampleur des dégâts n’est pas le facteur essentiel, voilà pourquoi certaines tentatives peuvent de prime abord paraître quelque peu absurdes ou maquant de professionnalisme. « Il ne s’agit pas toujours d’attaques aussi sophistiquées que l’explosion de dépôts de munitions à Vrbětice » remarque le journaliste. Cette explosion meurtrière survenue en 2014 sur le territoire tchèque et dans laquelle les services de renseignements russes étaient impliqués a d’ailleurs était évoquée, dans le contexte du récent cas de sabotage à Prague, par le Premier ministre Petr Fiala.
Comme annoncé par le président de la police Martin Vondrášek, l’auteur présumé de la tentative d’incendie criminel a été accusé d’acte de terrorisme. S’il est reconnu coupable, il risque une lourde peine, voire la prison à vie.