« Les Français doivent savoir que les Tchèques sont avec eux »
Suite aux terribles attentats qui ont frappé la France vendredi 13 novembre, de nombreuses personnalités politiques et anonymes se sont rassemblés samedi devant l’ambassade de France à Prague. Ce lundi aussi, ils étaient nombreux à rendre hommage aux victimes et à participer à la minute de silence. Reportage sur place de Radio Prague.
Jana est tchèque. Elle a fait ses études en France, à Lyon. Et pour elle, il était particulièrement important de se rendre devant l’ambassade de France, pour rendre hommage aux victimes :
« Je ne sais vraiment pas quoi dire, mais c’est terrible pour moi aussi, ce qui s’est passé à Paris. En fait, j’ai une amie qui fait partie des personnes qui sont mortes dans les attentats. J’ai dû expliquer aux gens autour de moi, à Prague, que c’était important pour moi de venir ici. C’est une fille qui a été tuée dans un des restaurants. Elle avait fait ses études avec moi à Lyon. Ca me touche, parce que c’est Paris, parce que c’est un pays très proche de nous. »Růžena est une petite dame âgée. Elle est venue déposer une bougie devant le bâtiment de l’ambassade. La voix étranglée, elle nous explique qu’elle a voulu exprimer sa solidarité avec la France et les Français :
« Je suis venue pour rendre hommage à tous les gens qui sont morts à Paris. Ça m’a énormément émue. Je suis avec vous, avec tous les Français. Evidemment, on n’est en sécurité nulle part en Europe, mais je pense que notre pays au moins ne risque pas autant. Personnellement je n’ai pas peur. Mais pour moi, il était important de venir, les Français doivent savoir que les Tchèques sont avec eux. »
Jirka est venu avec son amie, déposer une bougie aussi. Il se sent touché par les attentats en tant que Tchèque, en tant qu’Européen, en tant que citoyen du monde :
« Pour nous c’est terrible. Comme pour n’importe quelle attaque terroriste. Nous sommes venus rendre hommage aux personnes touchées par cet attentat. Que l’on soit d’accord avec la politique française ou pas, c’est avant tout une attaque contre les gens comme vous et moi. Nous sommes allés à Paris il y a deux ans, on adore cette ville et ça nous a touchés, car on a été dans tous ces lieux où ont eu lieu les attentats. Je pense que la nationalité n’a rien à voir. Que l’on soit français, allemand, tchèque : c’est un problème international et les gens doivent y faire face tous ensemble. La solidarité est importante. Et c’est bien de voir que les gens viennent ici pour rendre hommage aux victimes. »Midi. Les cloches des églises environnantes du quartier de Malá Strana où se trouve l’ambassade retentissent. Les représentants de différents pays se rassemblent. Une minute de silence. Suivie de la Marseillaise.
A l’occasion de cette minute de silence, de nombreux ambassadeurs européens sont présents, parmi eux Michèle Pranchère-Tomassini, ambassadrice du Luxembourg :
« Nous nous trouvons devant le palais Bucquoy. Vous pouvez voir la mer de chandelles et de roses déposées ici, signifiant la sympathie et la tristesse de la population pragoise. C’est très émouvant. Nous sommes ici en tant qu’Européens, mais il y a aussi d’autres collègues… Je vois d’ailleurs un collègue brésilien. Les Européens sont là parce que la France respecte une minute de silence à midi. L’Europe a aussi partagé cette minute de silence avec la France, en hommage aux victimes et avec tous ceux qui se sentent proches de cette tragédie. »Après cet hommage émouvant, certaines des personnes présentes se sont dirigées vers l’ambassade de France, où un livre de condoléances est à la disposition du public ce lundi et mardi. Les autres personnes se dispersent petit à petit. Et la vie peut continuer.