« Bruxelles fonctionne, contrairement à ce qu’on pourrait croire »
Retour dans l’émission d’aujourd’hui sur les terribles attentats qui ont frappé Bruxelles, mardi dans la matinée. Bruxelles, capitale européenne et multiculturelle, où à côté de toutes les autres nationalités, vit également une importante communauté tchèque. Soňa Jarošová est une ancienne collaboratrice de Radio Prague sur place et, en route vers Bruxelles depuis Barcelone mardi matin, elle a vécu directement les conséquences des attentats puisque son avion a été dérouté vers Paris. Au micro de Radio Prague, elle est revenue notamment sur l’atmosphère à Bruxelles ce mercredi, la réaction des autorités tchèques par rapport à leurs ressortissants sur place et sur son périple pour rentrer dans la capitale belge mardi.
Qu’en est-il des informations délivrées à la fois par les autorités françaises puisque vous avez atterri à Paris, et peut-être aussi par la compagnie aérienne ? Avez-vous eu l’impression d’être bien informée ?
« C’était forcément très chaotique car il y avait énormément de monde dans les aéroports, énormément de vols annulés, beaucoup de gens qui ont dû rester sur place ou trouver un autre moyen de transport. Mais je pense que dans la mesure du possible, même s’il y a eu beaucoup d’attente, de queues, de gens énervés, je pense qu’il y a eu une bonne réaction aussi bien des autorités que des compagnies aériennes. C’était quand même un moment de crise… »Comment s’est réveillée la Belgique ce mercredi matin ?
« Je dois dire que la Belgique s’est réveillée de manière très positive. Déjà, contrairement au lock-down de novembre dernier, les autorités belges ont décidé d’une reprise le plus rapidement possible de tous les services. Les enfants sont donc dans les écoles depuis ce matin, les transports fonctionnent, la plupart des gares sont ouvertes. Il y a une volonté très marquée de continuer à tout prix et de ne pas se laisser faire malgré la gravité des attentats, malgré le carnage dans le métro en plein centre de Bruxelles et à l’aéroport de Zaventem. Je pense que les autorités belges, que ce soit le ministre de l’Intérieur, le Premier ministre, ou le roi qui a tenu un discours mardi soir, sont très positifs et il y a une volonté très claire de faire face et d’avancer. Donc, Bruxelles fonctionne, contrairement à ce qu’on pourrait croire… »
Du côté tchèque, est-ce que les autorités tchèques, je pense au consulat par exemple, ont contacté leurs ressortissants sur place ?
« Elles ne les ont pas contactés directement à ce que je sache. Moi-même je n’ai pas été contactée, pas plus que les autres Tchèques travaillant à Bruxelles. Par contre, aussi bien sur le site du consulat que sur le site du ministère des Affaires étrangères tchèque, il y a des informations actualisées en permanence. Il y a une rubrique FAQ. Donc les gens qui sont en difficulté ou qui sont à la recherche d’une personne peuvent y trouver leurs réponses. Il y a aussi des informations actualisées en continu sur les transports. Donc il n’y a pas de vols actuellement. »Pas de vols entre Prague et Bruxelles…
« Voilà. Il devrait y avoir des lignes d’urgence qui partiraient de Liège ou Charleroi. Il y a également des transports en autocar. Normalement la gare routière se trouve vers la Gare du Nord de Bruxelles, et l’arrêt a été déplacé sur aire d’autoroute. Je crois qu’il y a des navettes. Toutes ces informations sont actualisées sur le site du consulat. »
Vous êtes à cheval sur la Belgique et la République tchèque. Est-ce que vous avez senti une différence de traitement de l’information à vif entre les médias francophones et les médias tchèques ?
« J’ai l’impression que les médias tchèques traitent l’actualité liée aux attentats de Bruxelles de manière moins prudente que les médias francophones, qu’ils soient belges ou français. Dans tout ce qui est ressort des médias francophones, il est très clair qu’il y a une faille du côté belge, que la Belgique est un maillon faible en lien avec le djihadisme européen, mais par contre, ce qui manque dans les médias tchèques, c’est la mise en garde contre l’amalgame avec l’islam en général, alors que cet aspect est très présent dans les médias belges. Ainsi, les enfants qui vont à l’école aujourd’hui vont être informés par leurs enseignants des événements d’hier, et la mise en garde contre l’amalgame va être faite. A lire les articles accrocheurs des journaux tchèques ou à entendre la manière dont les questions sont posées par les journalistes tchèques dans les émissions radio, il est très clair que la manière de traiter ces événements est beaucoup moins objective. »