Une délégation de l’UNESCO à Prague pour juger de la façon dont la capitale entretient son patrimoine
Depuis 1992, 866 hectares du noyau historique de Prague figurent sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le caractère unique de la capitale risque d’être compromis par la construction de gratte-ciels dans les quartiers de Pankrác et d’Holešovice. En outre, à cause des tours qui abîmeraient son panorama, Prague pourrait être rayée de la prestigieuse liste.
« Je ne pense pas que Prague soit directement menacée, son potentiel culturel est immense. Je dirais plutôt qu’il s’agit de la part de l’UNESCO d’un acte de prévention et de confrontation d’informations reçues sur l’état réel des choses. Ses experts sont conscients du fait que Prague s’est retrouvée à un carrefour : soit elle suit l’exemple de métropoles comme Shanghai qui sont guidées par les seuls intérêts des développeurs, soit elle sauvegarde son caractère unique comme c’est le cas de Florence ou de Rome, pour que ses valeurs historiques ne deviennent victimes du développement de la ville. »
Le plus haute tour de Prague, la City Tower, se dresse avec ses 109 mètres sur le panorama de Prague depuis 1978 lorsqu’elle a été construite en tant que bâtiment de la Radio tchécoslovaque. Les autres tours qui doivent être érigées dans son voisinage, dans le quartier de Pankrác, ne seront pas aussi hautes. Elles ne dépasseront pas 100 mètres, mais cela devrait être compensé par une architecture frappante qui nuira tout autant au panorama classique de Prague sur lequel, justement, l’UNESCO met un accent particulier. Et ce n’est pas le seul danger, souligne Josef Štulc :« On continue le même processus entamé sous le régime totalitaire lorsque la position des experts en matière de patrimoine ainsi que celle de l’opinion publique étaient ignorées. Ce qui est pire encore, c’est que la construction des tours à Pankrác a créé un précédent pour l’édification d’un nouveau complexe de gratte-ciels dans le quartier d’Holešovice avec notamment les tours jumelles de 150 mètres de hauteur. Le projet est déjà sur la table et, s’il était réalisé, il modifierait dirctement le caractère du noyau historique de Prague. »
Nous rappellerons que d’autres problèmes qui nuisent à l’image de Prague sont, en partie, hérités du régime précédent : l’émetteur de Žižkov ou l’autoroute traversant le centre-ville. Les nouvelles menaces de ces dernières années sont la surélévation de maisons historiques et la destruction de leurs toits d’origine, ou la construction de parkings souterrains dans le centre historique lors de laquelle les fondations de maisons gothiques disparaissent à jamais, comme ce fut le cas avec le centre commercial Palladium.