Les incertitudes liées à l’évolution de la situation politique sont nombreuses

Le président Miloš Zeman a nommé Andrej Babiš Premier ministre, photo: ČTK

Cette nouvelle revue se penche sur les différentes manières dont pourrait évoluer la situation politique en République tchèque suite à la nomination, mercredi dernier, d’Andrej Babiš Premier ministre. Elle s’interroge également sur le rapport de ce dernier à l’égard de l’Europe. Beaucoup de Tchèques ont l’habitude de s’endetter pour acheter leurs cadeaux de Noël. C’est là un autre sujet qui sera traité. Un regard de l’extérieur ensuite sur certains aspects de la vie à Prague et un mot enfin concernant la générosité des donateurs locaux.

Le président Miloš Zeman a nommé Andrej Babiš Premier ministre,  photo: ČTK
Le président Miloš Zeman a nommé Andrej Babiš Premier ministre, mais l’incertiture sur la façon dont la République tchèque sera gouvernée à l’avenir demeure très grande. C’est ce qui ressort d’une analyse publiée sur le site du quotidien économique Hospodářské noviny au lendemain de la nomination. Son auteur explique pourquoi :

« Le gouvernement obtiendra-t-il la confiance au premier essai ? Et si, à la suite d’autres essais, il ne l’obtient pas, fonctionnera-t-il pendant un certain temps sans l’avoir obtenue ? Autant de questions que cette donnée soulève et auxquelles nul ne connaît aujourd’hui les réponses. Une chose est cependant acquise : que ce soit sans ou avec la confiance des députés, les ministres jouissent de leurs compétences. Dès la nomination du gouvernement prévue le 13 décembre, ils pourront donc par exemple procéder à d’importants remaniements au sein de leurs ministères. »

Une des autres questions clés est de savoir si les partis dits démocratiques (ČSSD, ODS, STAN, KDU-ČSL, TOP 09) n’accepteront finalement pas, en dépit de leur refus déclaré, de tolérer le gouvernement minoritaire formée par Andrej Babiš. Cette éventualité n’est pas à exclure selon l’auteur de cette analyse, compte tenu des perspectives peu reluisantes pour ces partis en cas de nouvelles élections avec des résultats qui pourraient être plus mauvais encore que ceux réalisés lors des élections législatives en octobre dernier. Or, le nombre de scénarios possibles de l’évolution de la situation prévaut aujourd’hui largement sur celui des certitudes. L’auteur conclut enfin : « Rien n’est certain, si ce n’est que l’on peut s’attendre à de grandes surprises dans les mois à venir. »

Andrej Babiš et l’Europe

Le président Miloš Zeman a nommé Andrej Babiš Premier ministre,  photo: ČTK
Dans un texte mis en ligne sur aktuálně.cz, le politologue Jiří Pehe s’efforce de répondre à une question qui intéresse notamment les observateurs étrangers, à savoir dans quelle mesure l’arrivée au pouvoir d’Andrej Babš modifiera la politique européenne de la République tchèque. Il écrit :

« Pendant la campagne électorale, le discours d’Andrej Babiš s’est voulu assez eurosceptique. Le chef du mouvment ANO a critiqué l’Union européenne notamment pour sa politique migratoire, ainsi pour la façon dont les ministres de Finances ont l’habitude de délibérer. Il s’est également opposé à plusieurs reprises à une adoption prochaine de l’euro, estimant que la République tchèque porterait alors la coresponsabilité des éventuels problèmes financiers des pays du sud de la zone euro. Mais Andrej Babiš devra repenser toutes ces choses-là. »

Andrej Babiš affirme vouloir se présenter au prochain Conseil européen, les 14 et 15 décembre, comme un critique dur de la politique européenne de migration qui, d’après lui, mériterait d’être réformée. Jiří Pehe estime que le discours du nouveau Premier ministre est davantage celui d’une campagne en vue de la possible organisation de nouvelles élections législatives qu’une contribution au débat européen. Tout en espérant qu’Andrej Babiš prenne acte de l’agenda européen, Jiří Pehe conclut :

« Il est évident que les activités d’homme d’affaires d’Andrej Babiš dépendent dans une certaine mesure de ses rapports avec l’Union Européene. Au lieu de poursuivre son discours électoral, il devrait donc se montrer plus prudent et plus accueillant. Les leaders européens sont en effet d’un tout autre calibre que les adversaires qu’il a facilement domptés à l’échelle nationale. »

Les Tchèques s’endettent pour fêter Noël

Photo: ČTK
La condition économique de la République tchèque est très bonne et les dépenses des ménages augmentent. Le goût des Tchèques pour la consommation est à son maximum à l’approche des fêtes de Noël. Malgré l’optimisme généralisé, l’hebdomadaire Reflex offre un autre point de vue en s’appuyant sur les résultats d’une enquête menée par la Chambre des huissiers. Selon celle-ci, un Tchèque sur huit s’endette pour financer l’achat des cadeaux :

« Même si le nombre de personnes ayant recours à l’emprunt a diminué par rapport à l’année dernière, il reste très élevé. Mais le plus alarmant est que, dans la plupart des cas, ce sont chaque année les mêmes personnes qui s’endettent. Or, beaucoup d’entre eux ont déjà fait l’objet de saisies. L’Avent est une période de l’année durant laquelle les gens prennent pleinement conscience de leur véritable situation financière. Manipulés par les médias et la publicité, ils succombent facilement à la tentation de l’endettement pour pouvoir se comparer aux autres. »

Bien qu’il ne s’agisse que d’une enquête, les données relevées rappellent que vivent encore en République tchèque de nombreuses familles qui sont confrontées à des problèmes financiers, conclut l’hebdomadaire Reflex.

Ce qui manque à Prague

Photo: Štěpánka Budková
Quelles sont les principales différences entre Prague et les autres capitales européennes ? Le magazine en Česká pozice du quotidien Lidové noviny a posé la question à l’architecte américain Martin Barry. Originaire de New York, celui-ci s’est installé dans la capitale tchèque et estime :

« Grâce à son architecture et son noyau historique conservé, Prague représente une ville unique en son genre à l’échelle européenne, ce qui explique le vif intérêt qu’elle suscite auprès des touristes. Mais ce n’est pas une ville vivante dans le sens où une grande partie des bâtiments du centre-ville sont destinés au tourisme ou sont les sièges de sociétés au lieu d’être occupés et habités par les Pragois eux-mêmes. Voilà ce qui différencie Prague des autres grandes villes. Les touristes qui viennent à Prague profitent pleinement des visites des monuments historiques ou de la découverte de la gastronomie locale, mais ils ont rarement l’occasion de rencontrer des Pragois dans les quartiers historiques. Il faut donc changer la donne de façon à ce que le centre de Prague redevienne multifonctionnel et ne soit plus destiné uniquement à ses visiteurs. C’est là un travail qui incombe en grande part aux organisations à but non lucratif. »

Agir de façon à ce que les Pragois n’abandonnent plus le centre de Prague apparaît comme un défi à relever sur le long terme. Selon l’architecte interrogé, Prague a le potentiel pour accueillir davantage d’habitants. De même, la capitale peut redevenir la ville multiculturelle qu’elle était autrefois.

Les Tchèques sont des donateurs de plus en plus généreux

Photo illustrative: Tomáš Adamec,  ČRo
Il est toujours formidable de constater que la Tchéquie n’est pas seulement un pays où règnent la peur et l’intolérance, image qui lui est souvent attribuée. C’est ce que remarque une courte note publiée dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt :

« Au cours de l’année écoulée, particuliers, sociétés et autres fondations ont consacré quelque 7,5 milliards de couronnes (près de 28 millions d’euros) à des fins caritatives. Ces données ont été réunies par l’association Forum de donateurs, qui soutient les activités philantropiques. Elle précise aussi que par rapport à 2016, le volume de l’aide accordée a augmenté de 500 millions de couronnes. »