Les indices d'un scrutin

Dans ces élections régionales et les partielle sénatoriales, le Parti communiste de Bohême et de Moravie gagne du terrain. Un nouvel électorat? Pas tout à fait. Mais des voix raclées aux sociaux-démocrates, les grands perdants du scrutin, si! Quelles conséquences possibles à cette nouvelle donne? Omar Mounir.

Le vote communiste est un vote de dépit. En d'autres termes, des voix perdues mais récupérables pour les prochaines législatives. On touche là à l'intérêt de ces élections. Elles auront fonctionné comme un ballon d'essai pour la prochaine échéance électorale. Et confirment non seulement le malaise et le mécontentement actuels, mais surtout la détermination d'une partie de l'électorat à traduire son ras-le-bol dans les faits. Et c'est par des faits et nullement par des paroles qu'il serait possible de reprendre les voix perdues au profit des communistes.

Il devient donc impérieux que la social-démocratie tire courageusement la moralité de sa débâcle. D'importantes promesses électorales n'ont pas été accomplies. L'opération Mains propres s'est révélée être un fiasco. L'augmentation des loyers, même justifiée économiquement, trahit les engagements électoraux. Les banqueroutes frauduleuses et douteuses d'instituts financiers se sont aggravées. Et l'alliance avec le Parti civique démocrate de Vaclav Klaus est appréhendée, par une partie de l'électorat social-démocrate, comme une mésalliance.

Mais la social-démocratie, selon des observateurs, pourrait parfaitement remonter la pente sous certaines conditions: la démission de Milos Zeman, chef du parti et actuel Premier ministre, son remplacement, le cas échéant, par son ancienne vice-présidente, Petra Buzkova, l'opposante de toujours à sa politique; puis la résiliation de l'accord d'opposition liant sociaux-démocrates et ODS. En somme un scénario qui mènerait droit à des élections anticipées.

Quoi qu'il en soit, dans cette perspective, on ne voit pas comment les sociaux-démocrates pourraient aller au gouvernement sans les communistes. Il n'est donc pas impossible que l'on s'achemine vers une majorité dans le style français. On ferait presque mentir le proverbe, mais c'est la politique.

Il reste la fameuse coalition des quatre: l'Union de la liberté, les chrétiens-démocrates, l'Alliance civique démocrate, et l'Union démocratique. Tout ce qu'ils peuvent jouer, c'est le trouble-fête. Avec un score se situant autour des 20%, ils sont sortis de leur marginalité; mais c'est tout. Trop divisés pour s'entendre, trop à droite pour les sociaux-démocrates, trop incertains pour l'ODS. Ils comptent sur leurs rangs les transfuges de ce parti et les irréductibles chrétiens-démocrates qui lui ont donné par le passé le plus de fils à retordre.

Autant l'ODS se maintient, miraculeusement, faudrait-il le préciser, autant il est isolé. Ce qui ne fait pas tellement l'affaire d'un Vaclav Klaus, qui se veut avoir un destin national. La Tchéquie, elle, reste orpheline, dans ses institutions, d'une majorité forte et stable.

Deux regrets enfin: l'absence d'une véritable alternative crédible. C'est ce vide qui jeta les mécontents dans les bras des communistes. Il y eut, un moment, un brin d'espoir avec le fameux mouvement: Merci, partez. On avait même cru au raz de marée, mais ce ne fut qu'un feu de paille. Deuxièmement, l'incertitude résultant de ce scrutin risque d'influencer négativement l'élan de l'investissement et la santé de la monnaie jusqu'aux prochaines élections.

Auteur: Omar Mounir
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