Les infirmières se désolidarisent des médecins démissionnaires

Situation toujours tendue dans le secteur de la santé. Dans le cadre d’une campagne coup de poing des médecins tchèques, « Merci, on s’en va », plus de 3 800 praticiens sont prêts à partir à l’étranger si leurs revendications salariales ne sont pas repectées. Mais leur position ne fait pas l’unanimité dans le monde de la santé...

Depuis le lancement de la campagne « Merci on s’en va », enjoignant les médecins à donner leur démission en masse, plus de 3 800 docteurs ont donné leur démission qui devrait prendre effet en mars. De leur côté, les infirmières, elles, se sont désolidarisées de ce mouvement de grogne. Les syndicats l’ont fait savoir : les infirmières ne participeront pas à la campagne de protestation en donnant elles aussi leur démission. Dana Jurásková, présidente de l’Association tchèque des infirmières :

Dana Jurásková
« Nous estimons que, vis-à-vis de l’opinion publique, cette action ne jette pas une lumière positive sur le secteur de la santé en République tchèque dans son ensemble. »

Face au possible départ en masse de médecins, les infirmières craignent la fusion de départements dans les hôpitaux, voire la fermeture de certains établissements, et par ricochet, la perte de leur emploi. Elles reprochent également aux syndicats de médecins de mener une bataille univoque, sans prendre en considération la situation salariale des autres personnels de santé.

Dagmar Žitníková
De leur côté, les syndicats de médecins mettent en garde : si le gouvernement n’accède pas aux demandes formulées, les départ seront effectifs et les conséquences au quotidien pour les patients auront un effet domino dévastateur. Dagmar Žitníková, présidente du syndicat de la santé et des services sociaux :

« La situation est telle que des milliers de personnes vont perdre leur emploi. On va assister à des tragédies personnelles. Même les personnes qui liées aux hôpitaux de manière indirecte pourraient perdre leurs contrats, je pense notamment à ceux qui livrent du matériel ou de la nourriture. Nous avons mis en garde le ministère de la Santé qu’il peut y avoir un effet domino. Nous ne voulons pas crier au feu, mais nous nous rendons compte qu’on prend à la légère nos problèmes et qu’il n’y a pas d’autre solution. »

Leoš Heger,  photo: CTK
Le ministre tchèque de la Santé Leoš Heger a pour sa part déclaré dimanche sur le plateau d’une chaîne privée que le système de santé serait face à une situation critique si un accord n'était pas conclu avec les médecins du secteur public dans les dix prochains jours. S’il se dit prêt à une hausse des salaires dans le cadre d’une réforme générale du système de santé, il a précisé qu’il ne demanderait pas plus de moyens au gouvernement, arguant que les revendications salariales étaient « absolument irréalistes » dans la conjoncture actuelle. Les négociations avec les syndicats de médecins hospitaliers doivent se poursuivre ce lundi et la situation sera également au programme du conseil des ministres mercredi.

En attendant, le président Václav Klaus qui avait dénoncé le mouvement des médecins tchèques lors de son discours de Nouvel an, s’est félicité de la prise de position des infirmières. Une position qui, de manière plutôt inattendue, n’est pas loin d’être partagée par l'ancien président tchèque Václav Havel, pourtant d’ordinaire rarement sur la même longueur d’onde que son successeur : il a dit ne pas croire à la menace de départ des médecins tchèques, même s’il dit « comprendre les efforts » faits par ceux-ci pour la défense de leur statut.