Les infirmières tchèques en voie de disparition
Les hôpitaux tchèques sont malades : un manque dramatique d'infirmières oblige souvent leurs directeurs de fermer certains services... Magdalena Segertova en sait d'avantage.
Elles sont à la fois demandées et sous-estimées. Elles travaillent dur, jour et nuit, week-end ou pas week-end, fête ou pas fête. Le sourire est exigé, la moindre faute n'est pas pardonnée. Leur récompense ? Un salaire des plus bas en République tchèque...
Les plus grands hôpitaux pragois sonnent l'alerte : chacun éprouve un besoin urgent d'une centaine d'infirmières au minimum. Dans le reste du pays, la situation n'est pas meilleure. Dans une clinique de Brno, en Moravie du sud, un service pour 18 patients a dû être provisoirement fermé. Il n'y a pas longtemps, il a été rouvert, mais les infirmières sont surchargées. "Elles font des heures supplémentaires, mais comme il est très difficile de les récompenser par des jours de congé, nous violons en permanence le Code du travail", avoue la direction de la clinique.
Pourtant, le seul remède efficace qui pourrait sauver les hôpitaux tchèques, tous le monde le connaît : c'est l'argent. Il paraît que plus de la moitié des futures infirmières n'envisagent même pas d'exercer leur profession. Souvent, cette formation n'est, pour elles, qu'un moyen de passer le bac. Et après ? Les jeunes filles visent des postes beaucoup plus lucratifs et prestigieux. Certaines, enthousiastes et motivées malgré tout, se lancent dans le travail à l'hôpital, pour y renoncer quelques années après. Il y en a qui sont fatiguées et rêvent de maternité, d'autres ont déjà un bébé et n'arrivent pas à s'en occuper, tout en faisant un horaire d'enfer à l'hôpital. D'ailleurs, on se souvient encore de cette vague d'infirmières tchèques qui a inondée, au lendemain de la Révolution de velours, l'Allemagne et l'Autriche...
Elles ne demandent pas l'impossible : elles refusent, tout simplement, d'être esclaves. Le gouvernement le sait bien. Le ministre de la Santé publique fait, d'après son porte-parole, tout pour faire augmenter leurs revenus. Mais il faudra encore attendre, et ceci plutôt des années que des mois... Les patients devront donc, probablement, attendre aussi et remettre à plus tard leurs maladies...