Les inspirations de Karel Spillar

Une exposition importante du peintre Karel Spillar a été inaugurée dans la Maison municipale de Prague. Vaclav Richter.

On ne saurait mieux choisir la salle pour cette exposition, car la Maison municipale pourrait être considérée comme un musée de Karel Spillar. Dès 1907, il a participé à la décoration de cet édifice qui devait illustrer le niveau culturel et l'essor de la bourgeoisie tchèque de Prague. Nous lui devons non seulement les fresques ornant la salle Smetana mais aussi la mosaïque de la façade au-dessus de l'entrée principale. L'exposition qu'on peut voir actuellement dans les belles salles du dernier étage de la Maison municipale montre que Spillar n'était pas seulement un auteur d'oeuvres monumentales mais aussi un peintre intimiste profondément marqué par l'impressionnisme et le symbolisme. Natif de la ville de Plzen en Bohême de l'ouest, il montre déjà au cours de ses études à l'Ecole des Arts et Métiers à Prague un rare talent pour la peinture et le dessin. Sa recherche d'un style personnel l'amène à Paris. En 1902, il s'installe pour six ans dans la capitale française et c'est un véritable tournant dans sa vie. "Je suis tombé amoureux de Paris déjà lors de mes visites précédentes et, cette fois-ci, j'en étais de nouveau ravi et enchanté," dira-t-il plus tard. Le séjour parisien, qu'il caractérisera comme un banquet richissime des impressions artistiques, est pour lui une source inépuisable d'inspiration, mais ne lui permet pas de se concentrer à la recherche de sa propre voie. Il étudie les maîtres de la peinture dans les musées mais il cherche l'inspiration aussi dans la vie. "Je remplissais mes cahiers de scènes de la vie parisienne et de lumière estivale des plages de Normandie et souvent je faisais aussi des esquisses dans les jardins zoologiques parisiens..." En 1907, Karel Spillar retourne en Bohême, entame la carrière d'un peintre quasi officiel et met son talent au service de la peinture monumentale. Cette période qui finit par le début de la Première Guerre mondiale est considérée comme le sommet de sa carrière artistique, car, bientôt, il va se retrouver en marge de l'évolution impétueuse des arts plastiques qui ne correspond ni à sa nature, ni à son talent. Il restera donc jusqu'à la fin de sa vie, en 1939, ce peintre divisé entre l'art monumental et l'art intime, artiste influencé par Puvis de Chavannes et Whistler, mais dont les toiles refléteront aussi le style d'un Degas, d'un Toulouse-Lautrec, d'un Bonnard. La postérité appréciera moins ses oeuvres monumentales assez rigides mais, plutôt, ses tableaux de petites dimensions, portraits, scènes de rue, de plage et de café et aussi la série de ses pastels qui glorifient les courbes voluptueuses du corps féminin.