Une nouvelle feuille de route du système pénitentiaire pour faciliter la réintégration des prisonniers et limiter la récidive
Le ministère de la Justice a préparé une nouvelle feuille de route du système pénitentiaire pour les dix années à venir. Objectif de ce plan stratégique : réduire la récidive et la faire passer de 70 à 50%.
Pour tenter de remédier en partie à cette récidive qui, en République tchèque s’élève à 70% des prisonniers, le ministère de la Justice a planché sur une nouvelle feuille de route du système pénitentiaire qui se veut novatrice sur plusieurs points et espère faire diminuer cette récidive à 50% au moins. Des entretiens approfondis lors de l’arrivée d’une personne condamnée dans l’établissement pénitentiaire afin de les orienter vers un programme personnalisé, un service de conseil sur les problèmes d’endettement, une meilleure formation et surtout un accent mis sur l’emploi des prisonniers, autant de tremplins pour un retour facilité à la vie civile et permettre une vraie resocialisation, comme le précise Robert Pelikán, le ministre de la Justice :
« Malheureusement, aujourd’hui, pour la majeure partie de la population carcérale, il s’agit de gens qui reviennent sans cesse derrière les barreaux. Ce sont des gens qui ne savent que faire de leur liberté. Ce programme entend leur montrer qu’il y a une vie hors de la prison. Il faut qu’ils puissent apprendre à vivre cette nouvelle vie, à gérer les aspects de base de la vie, à trouver un travail. Les expériences menées à l’étranger montrent bien que la plupart des personnes qui ont eu la chance de bénéficier de cette aide l’utilise à bon escient. »A l’heure actuelle, certains outils existent déjà, mais l’objectif de la nouvelle feuille de route est de les généraliser et d’améliorer leurs objectifs comme le rappelle Petr Dohnal, le directeur général du Service pénitentiaire :
« Pour éviter la récidive, nous avons, en tant que Service pénitentiaire, plusieurs outils à notre disposition : des programmes de formation et d’enseignement destinés aux prisonniers. Nous voulons à l’avenir proposer une palette plus large de formations, des formations de base, mais aussi des apprentissages solides, notamment dans les domaines techniques, jusqu’à des formations universitaires. »A l’heure actuelle en effet, les formations proposées dans les établissements pénitentiaires ne correspondent souvent pas aux possibilités réelles qu’offre le marché du travail, déplorent les auteurs de la nouvelle feuille de route. Ainsi, au lieu de former des bataillons d’aide-cuisiniers qui se retrouveront par la suite sans travail, il s’agirait pour le Service pénitentiaire de proposer des formations plus personnalisées, et surtout plus spécialisées, plus techniques où la demande est plus importante, comme dans la soudure par exemple.
Pour faciliter la réintégration des anciens prisonniers dans la société, le Service pénitentiaire entend dès cette année renforcer le travail avec ces derniers, mais aussi avec des ONG, de sorte que le retour à la liberté s’accompagne d’assurances concrètes, comme avoir un logement et un emploi, dès la sortie de prison. Parmi les autres priorités de la feuille de route, l’amélioration des conditions d’incarcération ou encore un meilleur suivi à l’intérieur des murs par des pédagogues et des psychologues.Reste que ces intentions, pour ambitieuses qu’elles soient, vont devoir nécessiter un investissement financier majeur afin que ces projets ne restent pas lettre morte. Or aucun budget prévisionnel n’a été intégré à la feuille de route… Une réalité dont semble être bien conscient Petr Dohnal :
« C’est en effet un projet ambitieux et comme souvent, rien n’est gratuit. Nous savons qu’il va y avoir des dépenses importantes liées à cette feuille de route. Le Service pénitentiaire et le ministère de la Justice sont prêts à cet égard. Les sommes les plus importantes concerneront sans doute la reconstruction et le remaniement de certains établissements pénitentiaires afin de permettre le travail des prisonniers. A l’heure actuelle, nous avons des prisons qui ont souvent plus de cent ans d’existence. Certaines remontent à l’époque de l’Autriche-Hongrie et elles ne correspondent absolument plus au système pénitentiaire moderne. »Cette nouvelle feuille de route devrait bientôt être examinée par le gouvernement et l’avenir seul dira si la République tchèque est prête à modifier radicalement les principes qui régissent l’univers carcéral depuis des décennies.