Les médecins tchèques menacent de quitter massivement les hôpitaux

« Merci, nous partons, » tel est l’appel lancé il y a un mois par le Syndicat des médecins qui invite au départ massif des médecins exerçant dans les hôpitaux si leurs salaires ne sont pas augmentés. Sur 16 000 médecins hospitaliers en République tchèque, près de 2 500 se sont déjà joints à l’appel. Depuis ce mardi, l’action du syndicat est soutenue également par l’Ordre des médecins qui incite, lui-aussi, les médecins à démissionner, à la fin de l’année.

La revendication des médecins est que leurs salaires soient revus à la hausse pour atteindre le triple du salaire moyen dans le pays, au maximum, et cela pour leur temps de travail régulier, sans compter les heures supplémentaires. Pour le président de l’Ordre des médecins Milan Kubek, la revendication est entièrement légitime car les salaires des médecins tchèques restent toujours loin en-dessous de la moyenne européenne :

Milan Kubek
« Le médecin devrait avoir la possibilité de gagner sa vie dans des conditions honorables, pour une durée de travail légale. Ce que nous voulons c’est que les médecins cessent de dépendre des heures de travail supplémentaires. »

34 000 couronnes brut, soit 1 300 euros, c’est la somme réclamée pour un médecin débutant alors que le salaire d’un médecin pleinement qualifié devrait atteindre 70 000 couronnes, l’équivalent de 2 700 euros. Les médecins n’ont toutefois pas choisi un moment opportun pour revendiquer des augmentations de salaires. Ni le gouvernement transitoire, ni celui qui est en train de se former, ne sont d’accord pour débloquer une somme aussi importante d’un budget dont le déficit doit être réduit grâce à de nouvelles restrictions.

Selon les données officielles, le salaire moyen d’un médecin était de 48 700 couronnes, en 2009. Selon le chef du Syndicat des médecins, Martin Engel, ce chiffre est une déformation grossière pour tromper l’opinion, car environ la moitié de cette somme correspondrait à la rémunération perçue pour les heures de travail supplémentaires. Comme il le souligne, le métier de médecin est sous-estimé depuis 21 ans en République tchèque et les médecins ne veulent plus attendre :

« Si rien ne change, il faudra procéder du côté des médecins à une résiliation massive des contrats de travail. Cela est prévu pour la fin de l’année 2010. Le délai de préavis est de deux mois, c’est dire qu’à partir du mois de mars prochain, la situation deviendrait catastrophique. »

En cas de départs massifs de médecins, de nombreux hôpitaux seraient contraints de fermer. Le ministère de la Santé espère quant à lui que les médecins ne prendront pas les patients en otage. Jusqu’à présent, seule la Pologne a eu recours à une mesure aussi radicale. Mais il n’y a pas que les bas salaires dont souffre la santé publique tchèque. Elle fait également face à une pénurie de médecins. Chaque année, près de 200 médecins qualifiés partent travailler à l’étranger.