Les mères d’enfants malades ont ouvert un café à l’Hôpital Thomayer

Photo: Naše kavárna

L’Hôpital universitaire Thomayer, situé dans le 4e arrondissement de Prague, est l’un des plus grands centres hospitaliers de la capitale tchèque. Il est aussi le seul hôpital du pays à avoir ouvert, il y a trois ans, un « Centre d’assistance aux soins » qui offre des soins psychologiques et thérapeutiques aux patients et à leurs familles, ainsi qu’au personnel médical. Le Centre a récemment ouvert, dans l’enceinte de l’hôpital, un café pas comme les autres : les serveuses sont les mamans d'enfants gravement malades, hospitalisés pour une longue durée en soins intensifs.

Markéta Purkardová,  Radka Růžičková,  Karin Pospíšilová  (de gauche a droite)
« Naše kavárna » - "Notre café" en français, peut rivaliser avec les plus jolis cafés de Prague : aménagé dans les locaux de l’ancienne salle à manger de l’hôpital des années 1930, il évoque le style d’époque : décoration aux tons bordeaux, gris et chocolat, piano, livres et journaux à disposition... Karin Pospíšilová du Centre d’assistance aux soins explique :

« Nous avons voulu créer un espace agréable où les patients, leurs proches et le personnel se sentiraient bien. Un lieu qui ferait oublier le milieu hospitalier. Comme les mères d’enfants hospitalisés pendant plusieurs années avaient déjà participé, en tant que bénévoles, à nos projets, nous avons voulu que ce soient elles qui travaillent dans ce café. Car il est très difficile pour les parents d’avoir une activité professionnelle et de venir chaque jour voir leur enfant à l’hôpital. »

C’est aussi le cas d’une maman qui participe aux projets du Centre d’assistance aux soins depuis plusieurs années :

Photo: Naše kavárna
«Je m’appelle Radka Růžičková, mon fils Ondra, âgé de sept ans, est hospitalisé en soins intensifs depuis cinq ans, parce qu’il souffre d’une maladie métabolique et ne peut pas être soigné à domicile. J’ai aidé à mettre en place ce café, en m’occupant surtout du côté financier : je me suis adressée aux sponsors, j’ai rédigé des demandes de subventions. Comme les autres mamans qui travaillent ici comme serveuses, j’ai suivi un cours de préparation du café. J’aimerais commencer à travailler à partir de cet été, par exemple pour remplacer quelqu’un qui partira en vacances. »

Un détail rappelle que nous nous trouvons bien à l’hôpital : le café commence à se remplir dès 7h 00 du matin. Marketa Purkardová, souriante, sert ici du café (issu du commerce équitable), du thé, des desserts et des quiches. Les clients ne le savent pas, mais quelques jours avant l’ouverture du café, la fille de Markéta, handicapée dès sa naissance, est décédée à l’âge de six ans. Au lieu de se retirer du projet, Markéta a choisi de travailler au café de l’hôpital, entourée de gens qu’elle connaît bien.

Photo: Naše kavárna
« Ce projet m’a plu dès le début, car il répond aux besoins des personnes soignantes, ce qui n’est pas tout à fait courant. Je travaille ici quelques heures par semaine, comme serveuse. Ce qui me plaît, c’est que la clientèle est variée : le café est fréquenté aussi bien par les malades et leurs proches que par les hommes d’affaires du quartier. Je me sens étroitement liée à cet hôpital parce que je suis venue y voir ma fille tous les jours, pendant six ans. Je suis toujours en contact avec le personnel médical. Et je m’aperçois qu’ici, au café, on communique d’une autre manière, on est plus à l’aise. »

Le Centre d’assistance aux soins offre toute sorte de thérapies, ainsi qu’un soutien psychologique et spirituel non seulement aux malades, mais aussi aux infirmières et aux médecins. Il collabore avec environ 80 volontaires. Parmi eux, il y a une dizaine d’étrangers. Karin Pospíšilová :

Photo: Naše kavárna
« Les étrangers qui ne parlent pas encore suffisamment bien le tchèque pour pouvoir communiquer avec les patients donnent des cours de conversation au personnel médical. Nous avons commencé avec l’anglais et l’allemand et nous proposons depuis peu le russe. Ces cours sont très appréciés. D’ailleurs, notre premier volontaire était aussi un étranger. C’est un manager haut placé qui dirige environ 70 employés. Jusqu’à présent, il se réserve toujours une heure par semaine pour venir à l’hôpital et pour parler avec les infirmières en anglais. Il a d’autant plus de mérite que c’est un Allemand. »

Les prix au café « Naše kavárna » sont légèrement inférieurs aux prix des cafés du centre de Prague et les rémunérations des mamans-serveuses plutôt symboliques : mais, comme l’affirment celles qui prennent part au projet, ce qui compte pour elles, ce n’est pas l’argent, mais le soutien moral de toute l’équipe et le contact avec les clients.

Plus de détails sur le site Internet du café www.nasekavarna.com et sur le site du Centre d’assistance aux soins www.lekorice.com.