« Les moineaux le chantent sur le toit »

Photo: Alena Klvaňová, ČSO

Salut à tous les tchcécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Nous sommes au printemps et avec lui, les oiseaux – ptáci, ont fait leur retour. L’occasion donc de se remémorer quelques expressions de la langue tchèque relative à diverses espèces de volatiles, qui sont plutôt abondantes puisque pas moins de 370 sont recensées en République tchèque.

Photo: Juan Lacruz,  Creative Commons 3.0
Commençons donc par un oiseau qui figure à deux reprises sur les armoiries tchèques, l’aigle - orel. Le ministère des Affaires étrangères explique que l’aigle à carreaux rouges et blancs portant une couronne sur fond bleu qui se trouve en haut à droite du grand emblème représente la Moravie. Toujours selon la même source, il s’agit de l’aigle morave, adapté de l’aigle de saint Venceslas, prince du Xe siècle mort en martyre et devenu patron des Tchèques. A l’opposé, en bas à gauche du même écusson, on trouve le second aigle, également couronné mais noir avec une bande blanche sur fond doré, qui représente, lui, la Silésie. Un peu curieusement, cependant, on ne retrouve dans la langue tchèque l'aigle que dans une seule expression « hlava nebo orel », soit littéralement « tête ou aigle ». En fait, cela équivaut tout simplement en français au « pile ou face », procédé qui, comme vous le savez, consiste à lancer une pièce de monnaie en l'air pour déterminer le vainqueur d'un tirage au sort ou prendre une décision au gré du hasard. En tchèque, cela se dit « tête ou aigle » parce qu'à une certaine époque, les pièces étaient frappées de la tête du souverain sur un revers et sur l'autre de l'aigle qui symbolisait l'empire. On trouve trace ensuite de deux comparaisons, à savoir « letět jako orel » - « voler comme un aigle », lorsque l'on est très rapide et « mít oči jako orel » - « avoir les yeux de l'aigle », l'animal étant bien connu pour posséder une vue pénétrante et profonde.

Photo: Barbora Kmentová
Le vol, le passage d'oies sauvages est aussi quelque chose de splendide. Pourtant, disons les choses comme elles sont, l'oie - husa, domestiquée que l'on connaît des basses-cours de nos villages, et dont les Tchèques, pour peu qu'elle soit bien grasse, raffolent une fois dans leur assiette, est généralement une sale bête, agressive envers les intrus. Bref, elle n'est guère appréciée, comme en témoigne l'expression très populaire « être bête comme une oie » - « hloupá jako husa », qui est également employée dans la langue tchèque à propos des femmes. Et puis d’une personne curieuse, on pourra également dire qu'elle est « curieuse comme une oie » - « zvědavá jako husa ».

Photo: Alena Klvaňová,  ČSO
En français, le mot pigeon – holub, est souvent employé familièrement pour désigner quelqu'un qu'on attire dans une affaire pour le rouler dans la farine, c'est à dire le duper, en faire ce qu'on veut. On dit alors qu'il est « le pigeon dans l'affaire ». On ne retrouve pas ce sens figuré dans la langue tchèque, mais l’oiseau peut toutefois évoquer d'autres significations. Par exemple, lorsque l'on vend, promet ou dispose d'une chose que l'on ne possède pas encore, on pourra dire que l'on « vend un pigeon sur le toit » - « prodávat holuba na střeše ». Dans un certain sens, on peut estimer qu’il s’agit de l’équivalent, en français, l'équivalent du célèbre « vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ». Toujours à propos d'oiseaux sur le toit, il existe une autre expression qui veut que « les moineaux le chantent déjà sur le toit » - « o tom si už zpívají vrabci na střeše ». Plus simplement, vous pourrez également entendre les Tchèques dire que « les oiseaux le chantent déjà » - « ptáci už o tom zpívají ». En fait, ces deux expressions signifient qu'une information dont on pensait qu'elle était nouvelle est en fait déjà connue de tous. Bref, il s'agit donc ni plus ni moins d'un secret de Polichinelle.

De quelqu'un de paresseux, qui veut vivre comme un coq en pâte sans devoir travailler, les Tchèques diront parfois « čeká, až mu pečení holubi přiletí do huby », c'est à dire, traduit littéralement, qu'il « attend que les pigeons rôtis lui atterrissent dans la gueule ». En fait, en français, l'équivalent serait plutôt « il attend que les alouettes lui tombent toutes rôties dans le bec ». Une autre expression très semblable « lítají mu pečení holubi do úst », soit « les pigeons rôties lui tombent dans la bouche », signifie, quant à elle, que le coq en pâte en question se porte très bien, merci pour lui !

C’est sur cette bonne nouvelle que s’achève ce « Tchèque du bout de la langue » consacré aux expressions relatives à certains oiseaux. Nous reviendrons sur le sujet prochainement. En attendant, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !