Dans les Jeseníky, le retour réussi du faucon pèlerin
Oiseau le plus rapide du monde, mais également espèce en péril car très sensible aux activités humaines et aux événements naturels, le faucon pèlerin voit sa population augmenter ces dernières années dans les monts Jeseníky. Pour les défenseurs de la nature, 2024 a été aussi celle d’une bonne nouvelle : 32 petits faucons pèlerins sont nés dans ces plus hautes montagnes du nord de la Moravie.
« Cette année a probablement été la troisième la plus réussie en 24 ans d’histoire de la nidification de cette espèce dans les monts Jeseníky. 32 poussins y ont vu le jour, c’est à mon avis un très bon chiffre. »
Car comme le souligne Petr Šaj de l’Agence nationale de protection de la nature, le retour du faucon pèlerin dans ces montagnes est une réussite importante en matière de conservation. Cette espèce de rapace de la taille d’une corneille, au dos bleu ardoise et à la poitrine de couleur crème, avait disparu de la région pendant de nombreuses années avant de commencer à réapparaître à partir de 2001.
Depuis cette époque, la population de cet oiseau rapide (jusqu’à 300 km/h en piqué !) qui construit habituellement son nid sur le bord d’un escarpement élevé, près d’importantes étendues d’eau, n’a cessé de croître, avec le soutien de l’intervention humaine. Les efforts de conservation des défenseurs de la nature consistent à surveiller et protéger les sites de nidification, qui jouent un rôle crucial dans le retour du faucon. Pour cela, les Jeseníky sont un territoire idéal pour ces rapaces, comme le souligne Petr Šaj :
« Il y a de belles perspectives, c’est quelque chose que ces oiseaux aiment. Les oiseaux peuvent tourner assez haut sur ce site. Il s’agit d’un site de nidification historique pour cette espèce. C’est un point de rencontre pour les intérêts de conservation, la nidification d’une espèce en danger critique d’extinction, tout en étant aussi un rocher utilisé par les grimpeurs. »
Le faucon pèlerin est justement tout particulièrement sensible au dérangement associé à l’activité humaine comme l’escalade, l’exploitation des carrières ou encore les travaux sur les structures où nichent les faucons. Fort heureusement, selon Pavel Jurka, de l’Agence nationale protection de la nature, les effets négatifs de la présence humaine sont peu nombreux dans les Jeseníky, d’où la qualité de l’habitat pour ces oiseaux qui peuvent y nidifier plus aisément :
« Ces sites en particulier ne sont pas faciles d’accès, le grand public ne va pas vraiment faire des randonnées dans ces coins-là. Et si jamais le nombre de visiteurs devenait plus important, alors nous installerons des panneaux expliquant qu’il s’agit d’un site de nidification de faucons et qu’il est déconseillé d’y pénétrer. »
Actuellement, le plus grand danger pour la croissance de la population des faucons pèlerins dans les Jeseníky, ce sont surtout leurs prédateurs les plus féroces. L’an dernier, quatre faucons adultes sont morts dans ces montagnes, comme le rappelle Petr Šaj :
« Cela dépend des endroits. Ici, dans les Jeseníky, nous avons documenté des destructions répétées de nids à tous les stades, qu’il s’agisse d’œufs, de jeunes poussins ou même d’oiseaux plus âgés. Dans cet environnement, le prédateur naturel le plus courant est la martre, qu’il s’agisse de la martre des hêtres ou de la martre des pins. »
En attendant, pour l’Agence nationale de protection de la nature, le nombre de naissances de jeunes faucons pèlerins, qui se distinguent par un plumage plus sombre que celui des adultes, est une bonne nouvelle pour l’avenir de l’espèce dans la région. Les prévisions de croissance de la population sont optimistes selon Petr Šaj, qui s’attend à ce que le nombre actuel de 22 à 23 couples de faucons puisse légèrement augmenter dans les années à venir.
On trouve des faucons pèlerins sur tous les continents, hormis l’Antarctique. En l’espace de deux décennies, les faucons pèlerins se sont multipliés sur vingt sites de nidification dans les Jeseníky, preuve d’une réoccupation rapide et réussie.
