Les nouveaux papas ont désormais droit à un congé de paternité

Photo illustrative: szymonpacek / Pixabay, CC0

Bienheureux les futurs papas en République tchèque ! Ils pourront désormais bénéficier d’une semaine de congé de paternité à la naissance de leur enfant. Courant dans la plupart des pays européens, le dispositif, introduit par un amendement à la loi sur l’assurance maladie, entre en vigueur ce 1er février.

Une semaine

Photo illustrative: szymonpacek,  Pixabay,  CC0 1.0 DEED
Carlos a eu le bonheur en novembre dernier de devenir père pour la troisième fois. Malheureusement pour cet Espagnol vivant à Prague depuis plus de dix ans, sa petite fille est née quelques semaines avant l’introduction de la semaine de congé de paternité…

« La naissance ayant eu lieu avant la mise en place de cet amendement, j’ai été contraint de prendre des jours de congé. Parce que durant la première semaine, la maman, avec en plus deux autres enfants, n’aurait pas pu s’organiser comme il se doit et faire tout le nécessaire. Cela m’a donc forcé à prendre des congés. »

A quelques semaines près donc, Carlos aurait pu bénéficier de ce droit et cela aurait été bien pratique. Les nouveaux papas, qui ont un emploi et cotisent donc à l’assurance maladie, peuvent eux désormais demander un congé de paternité d’une semaine, contre onze jours en France, qui doit être pris dans les six semaines suivant la naissance. De telle sorte que les hommes devenus pères à partir de la fin du mois de décembre dernier, peuvent encore bénéficier de la mesure, valable également pour l’adoption d’un enfant. Comme pour les femmes en congé maternité, les papas recevront une indemnité journalière correspondant à 70 % de leur salaire brut. Pour Carlos, c’est en tout cas clairement un pas en avant :

« Je pense que c’est une chose formidable parce que nous ne sommes quand même plus au XIXe siècle, quand l’homme devait travailler pour ramener de l’argent au foyer. Le rôle du père maintenant est aussi de s’occuper de son enfant et des tâches ménagères. De la même façon, les femmes doivent pouvoir travailler et avoir un salaire. »

Michaela Marksová,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
C’est dans cette idée que la sociale-démocrate Michaela Marksová, ministre du Travail et des Affaires sociales dans l’ancien gouvernement de Bohuslav Sobotka, a porté ce projet d’amendement adopté par les parlementaires au printemps de l’année dernière. Alors même que la Tchéquie est très en retard en termes d’égalité hommes-femmes face à la parentalité, quelques esprits chagrins, notamment dans les rangs des partis conservateurs et libéraux ODS et TOP 09, se sont émus d’une mesure selon eux « coûteuse ». Michaela Marksová :

« Evidemment, cela n’a pas plu à certains employeurs, et notamment à la chambre économique (une organisation patronale, ndlr). Mais nous vivons dans un monde moderne et il faut dire que la charge d’un nouvel enfant ne devrait pas reposer uniquement sur les femmes. Dans de nombreux indicateurs au niveau européen sur l’intégration des femmes au marché du travail, la République tchèque a de très mauvais résultats. Cela veut dire que, chez nous, dès qu’une femme a un enfant, elle est davantage discriminée, c’est plus difficile pour elle que dans d’autres pays européens. C’est précisément pour cela qu’il convient de partager le soin des enfants avec les hommes pour faciliter l’accès des femmes à l’emploi, pour qu’elles ne soient pas simplement vues comme des mères. »

Ce n’est qu’un début ?

Photo: ČT24
Depuis quelques années, la Tchéquie, pays à la population vieillissante et avec un faible taux de fécondité (1,63 enfant par femme en 2016), mène une politique visant d’une part à équilibrer un tant soit peu les charges entre les mères et les pères et d’autre part, surtout, à encourager la natalité.

Cela passe par exemple par un renforcement de l’avantage fiscal dont peut bénéficier un des deux parents disposant d’un travail ou bien par l’introduction d’une loi en 2014 permettant la création de « groupes d’enfants », c’est-à-dire de mini-crèches dans les entreprises et les institutions publiques. Il reste cependant beaucoup à faire dans un pays où le congé parental peut durer jusqu’à quatre ans et où les femmes utilisent souvent ce système pour une durée de trois ans. Carlos a d’ailleurs aussi son idée là-dessus :

« Selon moi, ce qu’il faudrait changer en République tchèque, c’est cette situation où les femmes ont leur congé maternité et ensuite leur congé parental pendant trois ans. Je pense que ce congé parental devrait être partagé à égalité entre le papa et la maman. Cette responsabilité de s’occuper de l’enfant devrait être partagé. Cela permettrait selon moi de mettre fin aux grandes inégalités salariales qui existent en République tchèque entre les hommes et les femmes. »