Les paniers bio: un phénomène qui prend de l'ampleur à Prague
Le système des paniers bio fait son chemin de République tchèque. Avec l’arrivée de la saison estivale, le Français Fabien Genest s’est lancé dans la livraison de paniers bio à Prague. Ce n’est pas un agriculteur, seulement quelqu’un qui voulait monter un projet. Il a rencontré les propriétaires d’une ferme à dans le village de Vyšínek, au nord-ouest de Prague, et leur a proposé l’idée du panier bio, une idée à laquelle les producteurs ne pensaient pas forcément.
« L’objectif c’était d’offrir la possibilité au consommateur d’avoir accès à des produits de qualité, des produits du terroir, des produits locaux, c’est à dire cultivés aux alentours de Prague. En l’occurrence des produits bio et en général des fruits et des légumes bio. L’idée était de créer un lien direct entre la ferme bio et l’assiette du consommateur praguois. Nous avons matérialisé cela avec des paniers de légumes et de fruits bio. Via un site Internet le consommateur praguois peut commander chaque semaine un panier bio. L’année dernière il était uniquement délivré à domicile… »
Cela existait déjà l’année dernière ?
« C’est la deuxième année que le projet se poursuit. On a un avantage cette fois, nous avons un endroit où les gens pourront venir récupérer leur panier à Holešovice. Les livraisons ne se feront que dans certaines localités de Prague : je pense Prague 1, Prague 2, Prague 4, Prague 5 et Prague 6. Les autres quartiers de Prague devront venir chercher leur panier bio. »Pourquoi vous ne recommencez à vendre des paniers bio que fin juin ? « Le souci est que l’on veut proposer une certaine gamme de produits. On veut au moins 5 ou 6 produits. La ferme n’a pas de serres donc ils cultivent à l’extérieur. En République tchèque au mois de mai-juin on ne trouve que des produits à feuille: salade, radis. Egalement des noix. Le souci c’est qu’on ne peut pas proposer de panier bio avec uniquement ces produits. Donc on préfère attendre fin juin - début juillet où l’on a la possibilité d’avoir des pommes de terre - très importantes en République Tchèque - des tomates, des carottes, des échalotes… C’est à dire proposer un panier conséquent et intéressant. »
Il y a déjà eu des projets de panier bio à Prague, qu’est-ce que vous pensez apporter de nouveau?« Ce que je connais des autres paniers bio c’est que les fournisseurs sont un peu partout, même en dehors de l’Europe. Notre idée est vraiment de créer des produits locaux. Le consommateur mange des produits qui sont cultivés autour de Prague. On veut rester dans la logique du bio, c’est à dire éviter les trajets en avion, le kérosène etc. L’idée était de permettre à la fois à une ferme bio d’évoluer et en même temps de proposer un service intéressant au consommateur. »
Viser le consommateur d’une grande ville qui a un rythme de vie particulier, pas forcément disponible pour les petits légumes, est-ce que ce n’est pas un peu risqué ?
« Ce qui est intéressant c’est que dans la culture tchèque ils n’ont pas les marchés comme en France. Mais l’année dernière il y a des marchés qui se sont mis en place dans plusieurs endroits de la ville: à Dejvice et sur les quais notamment. C’est un peu différent de ce que l’on fait nous mais c’est un peu dans la même logique: donner accès à l’urbain à des produits locaux de la campagne. Finalement cela a très bien marché donc on se rend compte que le consommateur praguois a envie d’avoir accès à ce type de produits. L’année dernière pour débuter je faisais chaque semaine maximum 12 paniers bio. C’est vraiment une échelle minime. »Es-ce que ça marche bien globalement le bio en République tchèque?
« J’ai l’impression que les gens ne font pas trop la différence entre produit bio et produit de la ferme. Ils ne savent pas tout ce qu’il y a derrière le bio, c'est-à-dire que l’on n’utilise pas de produits chimiques, que s’il y a des bestioles tout doit être enlevé à la main. Ils ne se rendent pas compte de cela, pour eux il s’agit d’un produit de la ferme et c’est tout. Souvent mes premiers contacts sont des familles d’expatriés qui ont déjà une ‘culture bio’. J’ai l’impression que ça arrive chez les Tchèques mais c’est vrai que j’ai l’impression qu’ils ne font pas vraiment la différence entre produit de la ferme et produit bio. »Qu’est-ce que vous faites pour leur expliquer la différence ?
« Il faut que la démarche viennent d’eux. Mais avec tout ce qui se dit, tout ce qui se fait… Entre tous les soucis de production, de consommation, les abus qui sont autour, il n’y a pas besoin de faire grand chose finalement. »
Sur votre lieu de production vous faites aussi des animations pour les enfants…« Ca c’est la ferme. Ils ont des chevaux et ils font une sorte de cirque. Je sais que en été ils proposent des activités pour les enfants oui. »
Et donc vous attendez combien de paniers ?
« Il y a des gens qui commandent encore sur le site ; on leur précise qu’ils seront contactés lors de l’ouverture officielle qui devrait arriver fin juin début juillet. Mais oui il y a pas mal de personne. Il y a déjà les gens qui ont commandés l’année dernière et de nouveaux gens qui ont essayés pendant l’hiver quand il n’y avait rien. On pense pouvoir doubler l’offre donc au lieu de partir de 12 paniers, de proposer 25 paniers par semaine.Quand on commande un panier cela engage une fidélité ?
« Non, justement on voulait éviter un peu ça. C’est une commande ponctuelle, les gens peuvent commander une fois et ne plus jamais recommander. Ils peuvent commander une fois toutes les deux semaines, une fois toutes les semaines… »
Rediffusion du 01/07/2011