« Les réalistes » : l’apparition d’un nouveau parti politique sur la scène tchèque
Un nouveau parti politique pourrait-il s’imposer sur la scène politique tchèque ? C’est la question qui a été soulevée dans les médias au lendemain de l’annonce de la création du parti Realisté (Les réalistes). Nous vous en dirons plus dans cette nouvelle revue de presse. Quelques mots ensuite au sujet des nombreuses procédures d’exécution qui ont été entamées en République tchèque. Nous vous présenterons, aussi, les réactions des médias tchèques à la mort de Fidel Castro. La tendance à se renfermer dans des bulles sociales ou encore la vie en solitaire : tels sont enfin les deux autres sujets que nous avons retenus cette semaine.
« Les politologues interrogés estiment que la position des Réalistes ne sera pas facile en raison notamment du fait que l’espace réservé sur l’échiquier politique local à la droite est désormais saturé, car occupé par plusieurs partis et mouvements. Cette tentative de lever le drapeau du conservatisme national n’est d’ailleurs ni la première et, probablement, ni la dernière. Il suffit de rappeler la futilité des essais de longue haleine de l’ex-président tchèque, Václav Klaus, de revitaliser dans cet esprit la droite tchèque. »
Le journal observe que la création du parti Realisté ne semble alors représenter qu’un projet de marketing qui n’offre au public rien de vraiment nouveau. Toutefois, comme le projet bénéficie d’un important soutien financier qui permettra de mettre sur pied une campagne électorale efficace et réfléchie, il n’est pas à exclure que Robejšek puisse jouer un rôle assez important en abattant la carte du national-conservatisme, l’orientation qui était à ce jour sur la scène politique absente.
Quatre millions de mesures d’exécution sont en cours en Tchéquie
Quatre millions de procédures d’exécution en cours en Tchéquie concernent près d’un millions de personnes. Autrement dit, une famille sur trois n’arrive pas, en raison de son insolvabilité ou d’un manque de volonté, de payer ses dettes. C’est ce que révèle l’hebdomadaire Respekt qui se réfère aux dernières données statistiques et qui constate que parmi les débiteurs on trouve jusqu’à 120 000 personnes dont chacune est sujet d’au moins d’une dizaine de mesures d’exécutions. Constatant qu’il s’agit de chiffres alarmants, il indique en outre :« Les causes de l’endettement et de l’insolvabilité des gens sont variées et on peut estimer que certaines personnes n’en sont pas elles-mêmes entièrement responsables tombant, par exemple, dans des pièges tendus par ceux qui profitent de leur analphabétisme financier. Quoi qu’il en soit, le nombre très élevé de personnes et de familles qui doivent faire face à des mesures d’exécution explique le climat de mécontentement et d’agacement qui règne au sein d’une grande partie de la société. Pour la majorité des personnes concernées, les avantages du système social existant et de ses garanties n’ont aucun sens, d’autant moins qu’elles ne les connaissent même pas. »
La radicalisation actuelle de la société, la colère, des attaques malveillantes à l’égard du système démocratique et de tous ceux qui vivent « normalement et qui se portent bien » ont des causes différentes. Par ailleurs, parmi les gens indignés on trouve souvent même ceux qui ne sont pas vraiment pauvres. Mais, comme le souligne le magasine Respekt, l’incapacité d’un million de citoyens, dans un pays qui compte près de 10 millions et demi d’habitants, de s’aquitter de leurs dettes, en constitue certes une des motivations fondamentales.
Le goût amer du départ de Fidel Castro
« Les réactions à la mort de Fidel Castro répondent au climat de l’année écoulée marquée par des semi-vérités. » C’est ce que signale l’éditorialiste du site aktualne.cz en rapport avec les phrases, « cordiales voire émues » qui auraient été à cette occasion formulées par certains représentants occidentaux avant de préciser:« En suivant les révérences qui ont été faites à Castro par le chef de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le Premier ministr canadien Justin Trudeau ou le leader travailliste britannique Jeremy Corbyn, plus d’une personne qui a vécu dans un régime totalitaire ne voulait pas en croire ses oreilles... Pour ceux parmi les Tchèques qui défendent la liberté et la mémoire historique, de tels regards sur Castro ont un goût amer. Chacun peut bien sûr penser ce qui bon lui semble, mais le fait que de tels messages aient été adressés depuis les territoires où règne la liberté à un homme qui était un des symboles des régimes autoritaires donne pour le moins à réfléchir. »
Selon l’auteur de ce texte, dont le ton semble être identique à celui de la plupart des articles qui ont été à cette occasion rédigés dans la presse locale, « le « romantisme révolutionnaire » et « l’indulgence » de certains démocrates à l’égard de Castro sont la source d’une grande déception.
« Avec Fidel Castro, la dernière icône de la gauche des années 1960 est partie ». C’est ce qu’a remarqué de son côté le quotidien Lidové noviny en ajoutant :
« Dans les années 1960, les grandes figures de la gauche défendaient une idéologie, un Etat ou un mouvment de libération national... En suivant les icônes de la gauche de l’ère numérique qui est la nôtre, en suivant les figures comme Snowden et Assange, le souvenir de la transparence de Castro nous rend en quelque sorte nostalgique. Les nouvelles icônes de la gauche n’ont en effet rien à voir avec une idéologie, avec un Etat ou un mouvement. Toutefois, elles arrivent à proliférer la méfiance envers le capitalisme d’une manière plus efficace que Fidel Castro n’a jamais réussi à le faire. »
Les Tchèques enfermés dans des bulles sociales
Les Tchèques vivent dans des bulles sociales qui leur permettent de s’assurer mutuellement du bien-fondé de leur perception du monde. Tel serait le résumé d’un projet unique qui a été mis sur pied par le site lidovky.cz et dont le but consistait à dévoiler sur le facebook dans quels médias les sympathisants de différents partis et groupes politiques puisaient leurs informations. Les données recueillies ont confirmé que les électeurs des partis non systémiques consommaient leurs informations prioritairement sur des sites dits d’alternative, tandis que ceux des partis traditionnels se réfèraient à des médias dits de mainstream. D’après le sociologue Jan Hartl qui a été à ce sujet interrogé, il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau car de tels liens socio-préférentiels sélectifs existaient déjà dans le passé, avant l’internet et les réseaux sociaux. Il a néanmoins souligné :« Je pense qu’un tel clivage constitue un des plus grands dangers pour notre civilisation et pour les pays riches. Du moment où les gens commencent à vivre dans leurs bulles sociales parallèles, on voit disparaître un lien commun qui est à la base de la cohésion sociale. Cela commence, par exemple, avec un enseignement sélectif qui peut servir d’un des éléments déclencheurs de ce phénomène. »
Comme cette tendance risque d’être de plus en plus prononcée, il y a lieu de lui prêter désormais une attention accrue, un rôle spécifique incombant au système éducatif, peut-on lire en conclusion sur le site lidovky.cz.
Vivre seul
La plupart des jeunes qui vivent en solitaires et que l’on a pris l’habitude d’appeler les « singles » sont malhereux dès qu’ils dépassent la trentaine. Un constat fait dans les pages du quotidien Mladá fronta Dnes par Zuzana Filipová, 29 ans, qui vit elle-aussi seule et qui se consacre au phénomène des « singles », un phénomène très répandu également en Tchéquie, à travers des textes sur son blog et dans un livre paru récemment. Révélant qu’il y aurait dans le pays plus d’un million de personnes, soit 13% de l’ensemble de la population, qui vivent ainsi, elle a précisé :« On peut classer les ‘singles’ en deux groupes. D’abord, il y a ceux qui décident de leur propre gré de vivre seuls, car cela répond à leur style de vie. Leurs priorités, ce sont les études, le travail à l’étranger, les voyages. Dans le deuxième groupe il y a ceux qui n’arrivent pas à trouver, pour toute sorte de raisons, un partenaire. Intéressant pour moi est d’étudier le premier groupe, car le nombre de ‘singles’ volontaires n’a aujourd’hui de cesse de monter ».
Les jeunes qui vivent seuls sont-ils vraiment heureux ? Voilà une des questions que la jeune blogueuse s’est dans ce contexte posée pour aboutir à la conclusion qu’une vie solitaire est super comme une étape transitoire. Mais, comme elle l’affirme, « dès que le cap de la trentaine est franchi, tout le monde veut un partenaire et une famille ».