Les règles de construction : une victoire partielle pour Prague
Hauteur maximale des bâtiments, luminosité des appartements ou encore nombre de places de stationnement : les règles de construction touchent de près à l’aspect d’une ville. A Prague, la validité de ce document a été suspendue en janvier dernier par le ministère du Développement local. Depuis, tous les travaux entrepris dans la capitale tchèque sont régis par une loi générale moins stricte vis-à-vis des promoteurs immobiliers ou encore sur la taille maximale des panneaux publicitaires. Dans l’urgence, la mairie a approuvé, mardi, une version amendée des règles de construction. Au micro de Radio Prague, le conseiller municipal chargé du développement territorial, Matěj Stropnický.
« Tout d’abord, il faut parler du plan stratégique. C’est un document que nous devons élaborer non seulement entre hommes politiques, mais aussi avec les entreprises, la société civile et le secteur public. C’est un document qui va être finalisé dans un an pour ensuite rester en vigueur vingt à trente ans. Le deuxième niveau est le plan territorial que nous appelons à Prague le plan métropolitain. C’est un document qui détermine les endroits où des bâtiments peuvent être construits et où ils ne le peuvent pas. Il établit également ce que l’on construit, c’est-à-dire des immeubles, des espaces pour le secteur de production ou des zones commerciales. Puis, le troisième niveau, ce sont les règles de construction qui mettent en place les modalités de construction de chaque bâtiment du point de vue de la hauteur, de la fonction et des paramètres techniques. »
Suite à la rédaction des règles de construction, le ministère du Développement local a communiqué à la mairie plus de quatre-vingt objections au texte. Matěj Stropnický en a hérités trois de l’ancienne équipe. Mécontent du règlement de ses objections, le ministère a suspendu la validité du document. Si la nouvelle coalition municipale prévoit de réécrire le texte à sa manière, la priorité du moment est d’en finir avec le flou qui règne actuellement à Prague sur ce qu’il est permis de construire et ce qui ne l’est pas. C’est dans cette optique que le conseil municipal a approuvé, mardi, les modifications exigées par le ministère. Ce compromis permettra l’entrée en vigueur du texte dans un proche avenir.Par ailleurs, Matěj Stropnický est convaincu de l’utilité de l’existence de cette norme car elle sert de tremplin pour l’élaboration du plan métropolitain, un projet de l’ancien maire dont Matěj Stropnický partage cependant les objectifs : aller vers une plus grande concentration de la ville et limiter l’étalement urbain.
« Les règles vont essayer de réguler la construction dans les banlieues de la ville pour que celle-ci se concentre autour de son centre. La construction dans les banlieues augmente les dépenses pour les transports publics ainsi que pour les infrastructures en général. »
A la surprise de nombreuses personnes, les règles de construction, un sujet technique de prime abord peu attirant pour le public, ont été un des thèmes de la campagne pour les élections municipales à l’automne dernier. En effet, la mobilisation d’une entreprise publicitaire contre une réglementation plus stricte de sa source de profits, des panneaux publicitaires de grande taille, a permis d’ouvrir le débat sur l’ensemble du texte. Néanmoins, les futures révisions du texte envisagées par le nouveau conseiller en charge du développement territorial ne lui feront sans doute pas plaisir :« Je veux renforcer plus encore la régulation de la publicité. Les règles concernent les panneaux qui dépassent les 6 m2, mais je voudrais introduire une régulation aussi pour les formats plus petits. En cela, la ville de Grenoble est notre source d’inspiration. La deuxième chose est que les constructeurs seront obligés d’incorporer des sources d’énergie renouvelable dans les bâtiments neufs. Enfin, je voudrais réglementer davantage le stationnement. Ainsi, quand quelqu’un construira un garage, on éliminera une place de parking dans la rue. »
D’une part, Matěj Stropnický souhaite renforcer le caractère innovant des règles de construction élaborées par ses prédécesseurs, d’autre part, il promet de maintenir la protection du centre-ville historique de Prague, classé au patrimoine de l’UNESCO, ainsi que des parcs et de la végétation urbaine.