Les révélations du festival Fresh Film Fest
Le festival des cinéastes de demain – c’est ainsi qu’on pourrait définir le festival Fresh Film Fest qui a pris fin, dimanche, dans la ville d’eau de Karlovy Vary. Une occasion pour jeter avec Vaclav Richter un coup d’œil sur le palmarès de cette rencontre de cinéastes débutants, qui n’est pas qu’un festival d’étudiants d’écoles de cinéma.
«Nous avons constaté que les films les plus intéressants étaient ceux qui se situaient à la limite entre les genres. D’une part ce sont les films de fiction qui travaillent avec les acteurs non professionnels et d’autre part les films documentaires qui sont d’une certaine façon mis en scène, et dont la réalité y est tellement modifiée par les réalisateurs qu’on en vient à se demander où sont les limites du documentarisme total.»
C’est le film Skrapsaar (Balafres) de la jeune réalisatrice suédoise Gabriela Pichler, une oeuvre située à la limite entre la fiction et le documentaire, qui a remporté le Grand prix du festival. Le jury a apprécié le fait que la réalisatrice ait su trouver de la poésie et de l’humour dans la vie souvent dure et désagréable de ses héros. Selon l’un des membres du jury, le comédien et metteur en scène Jiří Ornest, les jurés ont aussi pris en considération un critère spécial:«Nous avons choisi un critère commun pour juger les films. Nous nous sommes tout simplement demandé si nous aimerions voir un autre film du même réalisateur. Et dans ce cas-ci, il était tout à fait évident que ce film nous en donnait envie.»
Le Prix spécial du jury a été décerné au réalisateur hongrois Péter Szeiler pour son film intitulé «Introduction dans la linguistique générale », oeuvre qui démontre, d’après le jury, que même l’auteur qui choisit une approche intellectuelle de son sujet, peut créer un film ironique et plein d’humour. Et le prix dans la catégorie Fresh Generation a été attribué au film canadien « Truffle » du réalisateur Kim Nguyen, un conte sombre et corrosif qui jette un regard désabusé sur le fonctionnement des mécanismes économiques et leur influence sur nos vies.Dans le cadre du festival les organisateurs ont aussi présenté une rétrospective des films de Petr Lébl. Pour la majorité des spectateurs, c’était une révélation, car cet artiste était pour eux avant tout un homme de théâtre. En effet, Petr Lébl, qui a mis fin à ses jours en 1999 à l’âge de 34 ans, a été, dans les années 1990, l’un des metteurs en scènes tchèques les plus inspirés. Sa rétrospective au Fresh Film Fest a démontré qu’il a aussi été un cinéaste talentueux et original.